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5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 01:20

Ils sont repartis et lui il est revenu avec un bagage qu'elle regarde avec effroi. Il faut qu'il lui montre que c'est une clarinette et pas autre chose. Il lui propose un concert privé après la collation. Elle ne moufte pas. Il ajoute qu'ils partent elle, le chien et lui avec Mathilde. Oui, la vieille voisine qui ...oui bon, elle sait. Elle ne veut pas. Sauf s'ils sont là lundi matin. Il promet. C'est juste un  aller retour.

La clarinette s'est échappée de la mallette mais elle pense à un flingue. A l'histoire glauque, sordide et meurtrière racontée par son ravisseur chauve. Elle pense à Villefranche-sur-Saône. Elle trouve que c'est  beau la clarinette mais chiant aussi.

Mathilde est sur le trottoir. C'est courant pour elle. Ou plutôt ce le fut. Là c'est pour attendre. La môme Ninon arrive suivi du chien et du maître au chien. A peine installée à la place du mort, elle pleure. De bonheur.

 

Le voisin d'en face de chez Mathilde, à chaque bruit bizarre dans on logis, ne peut s'empêcher d'aller  vérifier que ce n'est pas sa fugueuse qui est revenue. Là, quand il regagne son poste d'observation il les voit le dégarni de la crête et son partenaire. Peut-être qu'il va servir à quelque chose, savoir ce qui se passe. Il est prêt sans qu’on ne lui demande rien à reconnaître qu'ils partirent. Tous.

Mais il ne peut pas. Son gosier est en grève. Des jours sans rien dire ça doit altérer les capacités d'expression. Demain il fera ce qu'il voudra. Même faire des emplettes.

 

De temps à autre, il lorgne dans le rétro pour mater Ninon. Elle affecte de pioncer. Chaque fois qu'un poste de téléphone se présente sur leur route, elle tente d'appeler.

Le ci-devant citoyen au chien se souvient de voyages plus heureux avec Sophie.

Dans d'autres circonstances, ça lui plairait d'être accompagné de deux personnes aussi parfaitement dissemblables.

Pause casse-croûte.

Ninon annonce qu'elle va bigophoner une fois de plus.

Mathilde joue un peu la maman au restaurant...elle irradie de bonheur...

Elle demande :

-        Vous appréciez bien la petite?

Il acquiesce.

Elle a du pep?

Elle ne doit pas être facile?

Il opine.

D'ailleurs la voilà qui rapplique un tirant la gueule. Elle aimerait savoir ce qu'elle doit faire. 

À Mathilde ça lui plairait de les trimbaler partout...Dans la montagne, dans la plaine, au bord des lacs...

Pas le temps pour les visites, a dit l'homme au chien, en quêtant l'approbation même silencieuse de Ninon qui ne songe qu'à un truc : tenir quelqu'un en ligne et qui la rassure.

 

Claude Brozzoni, l'Abergement de Varey, janvier 2010.

   Toutes les droites pour „La Maldonne de Lugdunum“ appartiennent à son auteur (Claude Brozzoni).

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