Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 octobre 2008 7 19 /10 /octobre /2008 16:09

Les gouvernements belge et français ont consacré, en deux interventions, plus de 9 milliards d’euros au « sauvetage » de la banque Dexia. Retour sur une faillite.

Avant son rachat, en 1999, par une banque belge, le Crédit commercial de Belgique, Dexia était un établissement financier français public, qui dépendait de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et qui a été privatisé en 1987 sous le nom de Crédit local de France. Créée après la Deuxième Guerre mondiale, son nom d’origine était Caisse d’aide à l’équipement des collectivités locales (Caecl). Avec l’autre établissement financier public dépendant de la CDC – la Caisse de prêts aux HLM (CPHLM) –, la Caecl était essentiellement financée par les dépôts sur les Livrets A. Ces derniers étaient collectés par les Caisses d’épargne, qui ne sont des banques que depuis 1999, et ne pouvaient pas alors accorder directement des crédits. Elles étaient tenues de verser tous les dépôts sur les Livrets A à la CDC.

Ces deux établissements publics ont financé, chacun dans son domaine, les équipements collectifs de la France pour satisfaire ainsi des besoins essentiels de la population. Mais il convient de rappeler que, pendant cette période connue sous le nom des « Trente Glorieuses » (1945-1975), il en a été de même pour le financement de l’ensemble de l’économie, avec un système financier à 80 % public ou semi-public, en relation étroite avec le Plan. Ce n’était pas le socialisme, mais un régime de capitalisme régulé qui résultait du rapport de force entre les classes à la Libération. Il est clair que ce régime arrivait à un tournant à la fin des années 1960, en France et dans le monde, l’année 1968 étant emblématique. Mais, comme on sait, le néolibéralisme l’a emporté.

En ce qui concerne le système financier français, la loi bancaire de 1967 avait déjà supprimé la séparation rigoureuse entre banques de dépôts et banques d’affaires, ouvrant ainsi la porte à la spéculation. Puis, la vague libérale des années 1980, impulsée après 1983 par la gauche au pouvoir, et les privatisations ont permis à la plupart des établissements de se lancer, eux aussi, dans la spéculation, et notamment dans les produits dérivés, à hauts profits mais à hauts risques.

On en voit le résultat aujourd’hui : Dexia en faillite et les Caisses d’épargne en grande difficulté. Cet exemple illustre parfaitement la dérive des marchés financiers. Mais ce n’est pas tout, car les autres banquiers voulaient aussi mettre la main sur ces capitaux du Livret A. Le gouvernement de Nicolas Sarkozy, se cachant derrière une décision de la Commission européenne, a récemment décidé de les satisfaire en étendant le Livret A à toutes les banques au 1er janvier 2009. Cette décision a déjà suscité de nombreuses protestations, mais les affaires Dexia et Caisses d’épargne rendent encore plus impératif l’exigence de son annulation. Ce serait un signe que les discours gouvernementaux sur la « moralisation du système financier » ne se limitent pas à vouloir sauver les banques et les banquiers. Le Livret A doit entièrement rester dans des établissements publics, afin de garantir la sécurité de l’épargne populaire et le développement du financement du logement social et des collectivités locales (ces dernières s’inquiètent d’avoir à payer la suite des difficultés de Dexia). On peut en dire autant de la Sécu ou des retraites, qui ne doivent pas être livrées aux assurances privées ! Plus largement, il faut reconstituer un grand secteur financier public. En commençant par garder La Poste à l’abri des spéculateurs. 

Jacques Bournay

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Yves Dagand
  • : municipal,politique,nature,chimirec,ecologie,porcieu amblagnieu,porcieu,38390
  • Contact

Recherche

Pages