Les travailleurs et les jeunes ont massivement refusé de voter :pour transformer leur défiance spontanée en conscience de
classe,
il faut un parti anticapitaliste révolutionnaire !
Il est vital de rassembler les révolutionnaires pour faire triompher
une nouvelle orientation : celle de la lutte de classe !
L’écrasante majorité des travailleurs n’est pas allée voter le 14 mars. L’abstention officielle atteint un record pour ce type d’élections : 53,6%, contre
37,9 en 2004 (42% en 1998) ; elle est comme d’habitude largement supérieure parmi les ouvriers et les jeunes. Si l’on y ajoute les 3,74% de votants qui ont glissé dans l’urne un bulletin blanc ou
nul,ce sont en fait 55,4% des électeurs, soit plus de 24 millions de personnes, qui ont refusé de voter pour les partis présents.
Sans compter les quatre millions d’électeurs potentiels (9% des citoyens) qui ne sont pas inscrits sur les listes
électorales.
Si les abstentionnistes supplémentaires de 2010 sont souvent d’anciens électeurs de droite, il n’en reste pas moins que l’abstention est globalement un geste
politique : en refusant de voter, un grand nombre de travailleurs et de jeunes exprime leur défiance à l’égard des partis de la droite et de la gauche
institutionnelles, voire la compréhension qu’il n’est pas possible de changer la vie par des élections. Cela
ne suffit certes pas à constituer une conscience de classe révolutionnaire et exprime même, dans bien des cas, un sentiment de résignation. Cependant, le recul des illusions envers le système
politique et le suffrage universel bourgeois élargit l’espace de dialogue possible pour que la défiance spontanée et la colère plus ou moins sourde se transforment en projet politique
révolutionnaire. Mais cela suppose qu’un parti porte effectivement ce projet de manière claire et systématique !
Les votants ont sanctionné Sarkozy, mais ne plébiscitent pas le PS
Parmi les votants, une majorité a décidé de sanctionner le gouvernement Sarkozy en
votant pour les partis qui dirigent la plupart des régions depuis
2004.
Plus de 30% pour les listes conduites par le PS (parfois allié au PCF dès le premier
tour), 12,18% pour celles d’Europe écologie et 5,84% pour le Front de gauche (PC-PG). Cependant, la victoire du PS ne semble spectaculaire que si on la compare à ses résultats des dernières
européennes, où il avait obtenu 16,4% des voix. En revanche,ce résultat n’a rien d’extraordinaire si on le rapporte aux scrutins antérieurs : par rapport aux régionales de 2004, la somme des voix PS/FG/divers gauche
est équivalente en pourcentages et même en recul si on la rapporte au nombre total d’électeurs. Cela confirme
que même les travailleurs qui jugent que le vote pour le PS ou le FG est utile pour sanctionner Sarkozy n’apportent cependant pas un soutien enthousiaste à ces
partis.
De ce point de vue, c’est en fait le score d’Europe écologie qui est l’événement le plus important même s’il est en recul
de 4 points par rapport aux dernières européennes, il faut le comparer aux 2,5% que les Verts avaient obtenu en 2004 là où ils se présentaient indépendamment du PS. Cela signifie une certaine
consolidation de ce courant qui est à la fois concurrent du PS et du MODEM.
L a défaite du gouvernement est
donc évidente. Les listes « majorité présidentielle » stricto sensu perdent 4 points par rapport aux européennes et même 1,8 point
par rapport à 2004, qui était pourtant déjà une défaite pour eux. Ce recul est d’autant plus frappant qu’il a lieu malgré l’intégration dans les listes UMP de la majorité des candidats divers
droite (comme ceux du MPF de Philippe de Villiers ou les chasseurs de CPNT) qui s’étaient présentés aux européennes et avaient réalisé 6,74%.
Quant au MODEM, il subit un échec cuisant en n’obtenant que 4,2% des voix, contre 8,4 aux européennes de 2009 et
12% aux listes UDF qui s’étaient présentées de façon autonome dans certaines régions au premier tour en 2004.
Le retour inquiétant du FN se nourrit de la crise, des défaites subies dans les luttes et de l’incapacité de l’extrême gauche à incarner une réelle alternative aux partis du capital
Un autre fait marquant de ces élections est le retour préoccupant du Front national, qui passe de 6,34% des voix en juin dernier à 11,42% aujourd’hui (même s’il reste 3,3 points en
dessous de son résultat aux régionales de 2004). Ce résultat s’explique certes par le prétendu « débat » organisé par le gouvernement sur l’« identité nationale », qui a provoqué une
multiplication des propos racistes de toutes sortes. Mais,plus profondément, en l’absence d’alternative révolutionnaire au système,
la remontée du FN est
un effet logique de la crise, notamment de la montée du chômage, comme le montre en particulier,le succès de Marine Le Pen dans
la région ouvrière du Nord-Pas-de-Calais. Il s’agit d’ailleurs à l’évidence moins d’un vote d’adhésion au programme de ce parti que d’un « vote protestataire ». Pour autant, on doit d’autant
moins sous-estimer la gravité de ce résultat que le FN fait une nouvelle fois ses meilleurs scores parmi les ouvriers (22% de ceux qui ont voté) et les jeunes (17%). Il est clair que l’absence
d’illusions envers les partis institutionnels, la défiance à l’égard du système profiteront de plus en plus aux partis réactionnaires si aucune alternative révolutionnaire n’est proposée aux
masses opprimées.