Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 13:57
Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche, une dynamique, mais pour aller où ?

Avec 11, 11 % des voix, le candidat du Front de Gauche enregistre un résultat en net progrès par rapport aux candidatures du PCF lors des précédentes élections présidentielles. Il contribue ainsi à incarner la volonté d’un réel changement. Pour autant, les contradictions qui travaillent ce regroupement politique n’ont pas disparu et pourrait même s’accentuer après un score vécu comme mitigé par les militants du Front de Gauche.

 

Jean-Luc Mélenchon a donc finalement fait dans l’urne un score inférieur aux intentions de vote dont il était crédité dans les sondages depuis plusieurs semaines, de 12 à 15 %. De plus, le Front de Gauche n’a pas réussi à « mettre loin derrière lui » la candidate d’extrême droite, comme l’avait exprimé ses représentants dans ces dernières semaines de campagne. Pourtant son score est loin d’être un échec. Mélenchon multiplie notamment par six le résultat de la candidate du Parti communiste en 2007, Marie-George Buffet. Il a ainsi réussi à regrouper autour de sa candidature une large partie des voix de la gauche radicale pour occuper l’espace à la gauche du PS.

 

Avec notre candidature et celle de Nathalie Arthaud pour Lutte ouvrière, cet espace se traduit par 13, 23 %. Soit à peu près le même niveau qu’en 2002 mais presque quatre points de plus qu’en 2007. Il y a une petite poussée à la gauche du Parti socialiste, mais surtout un déplacement politique en direction des forces antilibérales du Front de Gauche.

On peut voir d’un bon œil la dynamique que celles-ci ont su incarner à la gauche du PS, exprimant ainsi une réelle méfiance si ce n’est une défiance à l’égard du candidat socialiste. Mais il faut aussi apprécier les limites programmatiques, voire le recul, que représente ce transfert de voix de l’extrême gauche vers le PCF et le PG. Au-delà d’un discours parraissant souvent radical, Mélenchon s’est situé dans une ambiguïté permanente par rapport aux institutions. En particulier, ses références à la nation ou à la souveraineté de la République, son refus de toute dénonciation de l’impérialisme français auront accompagné la défense de mesures plutôt avancées comme l’augmentation du Smic à 1 700 euros net.

 

Le Front de Gauche a travaillé pendant cette campagne à éloigner l’épineuse question du rapport au Parti socialiste, notamment dans la perspective d’un retour de celui-ci au pouvoir. Cette campagne aura vu sur cette question à la fois des réponses toute personnelles du candidat (« je n’irai que dans un gouvernement que je présiderai moi-même... ») et des déclarations plus directes de la direction du PCF, dont une dernière de Pierre Laurent qui fixe comme objectif à la mobilisation du Front de Gauche aux élections législatives de « faire élire une majorité de gauche à l’Assemblée nationale, avec le maximum de députés du Front de Gauche ».

 

Une chose est sûre : dit plus ou moins clairement, le candidat Mélenchon et ses divers porte-parole ne se sont pas positionnés en fin de campagne pour obtenir que le Front de Gauche ait des ministres dans un futur gouvernement. Ils ont d’abord cherché à ce que François Hollande se situe plus à gauche sous la pression d’un score important de Mélenchon, voire dans un proche avenir d’une possible majorité parlementaire incluant tout ou partie du Front de Gauche.

I

l est maintenant fort possible que l’absence de ce haut score – que les dirigeants et militants du Front de Gauche auraient souhaité aux alentours d’au moins 15 %   rouvre les débats concernant l’orientation et la stratégie de ce regroupement politique, en particulier dans son rapport au Parti socialiste et aux institutions.

 

Le NPA s’adresse au Front de Gauche, comme à LO et à l’ensemble de la gauche sociale : il est temps de construire une riposte unitaire à l’austérité et de préparer une opposition de gauche à Hollande.

 

Y est-on prêt du côté du Front de Gauche ?

 

Manu Bichindaritz

Partager cet article
Repost0
25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 14:21

Au soir du premier tour de l'élection présidentielle, le résultat est sans appel : Nicolas Sarkozy, tenant d'une droite dure, sécuritaire, raciste, xénophobe et antisociale, l'homme qui voulait draguer les voix du Front national, a nourri le vote pour Marine Le Pen, aidé par les Guéant et autres Hortefeux. Le score de l'extrême droite est très inquiétant, il constitue la traduction politique mortifère d'une crise économique qui s'approfondit.

Le premier enjeu, c'est de sortir le sortant. Le bilan de Sarkozy est massivement rejeté. Son projet est dans la continuité de ce qu'il a accompli depuis cinq ans. Battre la droite est un enjeu primordial. Sans hésiter la Gauche anticapitaliste appelle à utiliser le bulletin de vote Hollande au second tour pour chasser définitivement la droite du pouvoir !

A Gauche, le score de Mélenchon confirme l'élan politique et social, syndical et associatif qui a porté la campagne du Front de Gauche pendant ces derniers mois. C'est le reflet indiscutable des aspirations populaires à un changement radical et profond. Il s’est traduit dans les urnes. Il témoigne qu’un fort courant de résistances, qui vient de tous les combats menés depuis novembre et décembre 1995, ne se résigne pas à subir la crise et sera disponible pour poursuivre le mouvement entamé, dans la rue et dans les urnes. La Gauche anticapitaliste affirme sa disponibilité à participer à ce mouvement et à la recomposition politique aujourd’hui en cours, sur la base d’une stricte indépendance vis-à-vis du gouvernement socialiste si Hollande est élu, et des politiques d’austérité qu’il mènera, pour construire le bloc anticrise plus que jamais nécessaire.

Le collectif d'animation national de la Gauche anticapitaliste,

Partager cet article
Repost0
12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 18:47
Votons Philippe Poutou !
18168.jpg

Nous approchons du premier tour des présidentielles. Tout est possible, même la réélection de Sarkozy. De son côté, Philippe Poutou continue de défendre les droits des travailleurEs et de la population, avant, pendant et après les élections !

À dix jours du scrutin, rien n’est joué. Tout peut arriver. Il y a six mois, après la primaire socialiste, tous les observateurs donnaient Hollande gagnant, assurant l’alternance sociale-libérale tranquille. Aujourd’hui, la situation reste ouverte, rien n’est à écarter, même une victoire de Sarkozy !

 

Et pourtant, le rejet du président sortant n’a jamais été aussi fort. Il incarne l’austérité de droite, la « règle d’or européenne » qui corsète les budgets publics, les intérêts des plus riches. Alors, il radicalise sa politique, toujours plus à droite : une politique xénophobe et sécuritaire mais aussi l’affrontement contre les syndicats. Son objectif : reconquérir une partie substantielle de l’électorat du Front national. Résultat, les électeurs préférant l’original à la copie, Marine Le Pen, reste aujourd’hui haut, trop haut dans les sondages.

 

Mais la force de Sarkozy n’est pas dans son propre camp, elle est dans la faiblesse de la campagne de Hollande. Inscrivant sa politique dans les grandes lignes des choix de l’Union européenne, il annonce une « austérité de gauche ». Dès qu’il s’avance sur une mesure de gauche, comme la création de postes dans l’enseignement, c’est pour hésiter, reculer, s’excuser et dire qu’il supprimera des emplois publics dans d’autres secteurs pour respecter les équilibres. Les classes populaires sentent bien qu’un gouvernement Hollande risque, en fait, d’être un gouvernement « Hollandréou », reprenant les politiques d’austérité qu’ont menées ses homologues grec, portugais et espagnol. C’est d’ailleurs une des explications des prévisions d’une abstention massive : plus de 30 % !

 

Du coup, la faible dynamique de la campagne socialiste bénéficie à la campagne de Mélenchon. Le succès du Front de Gauche exprime aujourd’hui la résistance des classes populaires à l’austérité. Au-delà de la politique des dirigeants, il y a le refus de l’austérité de gauche que nous promet le PS. Nous partageons nombre de revendications ou de mobilisations avec les militantEs du Front de Gauche, et une nouvelle fois, nous proposons de « frapper ensemble » contre le gouvernement et les capitalistes, que ce soit pour défendre l’emploi ou les droits démocratiques, et avant tout ceux des sans-papiers.

 

Mais à la différence du Front de Gauche, nous ne pensons pas qu’on puisse défendre les revendications des travailleurEs et maintenir l’ambiguïté sur les alliances possibles avec les dirigeants socialistes. Si la gauche gagne, le Front de Gauche décidera de sa participation gouvernementale au lendemain des élections législatives. Dont acte. Mais, dès aujourd’hui, il revendique la participation à une nouvelle majorité de gauche. Comment combattre, alors, l’austérité de gauche et demander une alliance parlementaire avec ceux-là mêmes qui veulent imposer cette politique ?

I

l faut dégager Sarkozy, mais si Hollande gagne, ne faudra-t-il pas une opposition de gauche unitaire à sa politique ? Le NPA répondra présent ! Et les dirigeants du Front de Gauche ?

 

Avec Philippe Poutou, les choses sont claires. Son programme, c’est l’inverse des politiques actuelles. Les classes dominantes et les gouvernements nous conduisent à la récession : licenciements, baisse du pouvoir d’achat, destruction des services publics. Elles veulent faire payer la crise aux peuples, nous voulons faire payer la crise aux capitalistes, et à eux seuls.

 

Au contraire, le candidat du NPA défend un « bouclier social », un plan d’urgence contre la crise : interdiction des licenciements, réduction du temps de travail à 32 heures, développements des services publics et création de centaines de milliers d’emplois publics, augmentation de tous les salaires de 300 euros net, pas de revenus au-dessous de 1 700 euros, le droit à la retraite à 60 ans avec 37, 5 annuités !

Priorité doit être donnée aussi à la sortie du nucléaire en dix ans et à une planification écologique qui socialise le secteur de l’énergie pour assurer une reconversion énergétique qui assure les besoins de la population et crée des centaines de milliers de nouveaux emplois.

 

De l’argent pour appliquer ce programme, il y en a : en taxant les énormes profits des grandes entreprises, en annulant la dette et en imposant une fiscalité anticapitaliste qui prenne aux plus riches pour satisfaire les besoins des classes populaires.

Pour réaliser ces objectifs, il ne faudra pas hésiter à affronter les capitalistes, à enlever le pouvoir aux banquiers, à exproprier les banques en les nationalisant sous contrôle des travailleurEs et des citoyenNEs !
 

Cette politique exige de nouveaux rapports de forces, une mobilisation sociale exceptionnelle, de nouveaux Mai 68 et Juin 36 victorieux.

Au-delà des échéances électorales, il faut s’y préparer.
C’est ce que défend Philippe Poutou !

François Sabado

Partager cet article
Repost0
17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 10:35
Vive la révolution syrienne !
Construire la solidarité internationale

Le 15 mars 2011, quelques dizaines de jeunes Syriens ont osé manifester en plein centre de la vieille ville de Damas, gagnés par l’espoir levé dans l’ensemble de la région arabe par les révolutions tunisienne et égyptienne ; une petite manifestation de jeunes courageux réclamant la liberté pour un peuple syrien soumis à un régime de terreur depuis plus de 40 ans. Trois jours après cet événement, la ville de Deraa au sud du pays s’est soulevée à la suite de la répression sauvage d’enfants qui avaient inscrit des slogans politiques sur un mur. Une grande manifestation de masse a été réprimée dans le sang par les forces de sécurité du régime. À partir de cette date, la révolution a embrasé toutes les villes du pays.

Compte tenu de la nature totalitaire de l’oligarchie au pouvoir sous la direction de la famille Assad, la vie politique indépendante a été quasiment bannie dans la société syrienne. Des générations de militants, en particulier de gauche, ont été pendant des décennies sévèrement réprimés, emprisonnés, sont morts sous la torture ou ont été poussés à l’exil. La vie syndicale a été et demeure sous contrôle d’organismes liés aux divers services de sécurité et au parti unique au pouvoir, le parti Baas, interdisant tout mouvement syndical indépendant. Ce monopole sur la vie politique et syndicale, associé à une répression impitoyable, a permis au régime ces quinze dernières années d’appliquer un tournant néolibéral des plus agressifs dans la région. Il a jeté dans la pauvreté la plus extrême des couches de plus en plus larges de la population, ouvriers, précaires, chômeurs, paysans privés de leurs terres, qui sont aujourd’hui la force motrice de la révolution syrienne. Ceci explique la nature sociale profonde de la révolution et sa combativité héroïque, mais cela explique aussi pourquoi elle terrorise la grande bourgeoisie locale, et pourquoi elle inquiète les pays arabes réactionnaires ainsi que les gouvernements occidentaux.

Aux tirs systématiques sur les manifestants exigeant la fin du régime ont succédé les bombardements, l’encerclement et la destruction des quartiers et des villes révoltées comme Homs, avec leur cortège de milliers de morts, de dizaines de milliers de blessés et prisonniers le plus souvent torturés. Mais à chaque fois que les forces armées, de sécurité et les milices sanguinaires ont investi un quartier et une ville, le lendemain les manifestations pacifiques ont repris. Le régime, malgré toutes ces atrocités, perd de plus en plus de terrain face à l’insurrection populaire. Ses manœuvres de division confessionnelles sont heureusement déjouées. Et les deux plus grandes villes, Damas et Alep, connaissent à leur tour une montée des contestations, en particulier Alep qui est devenu le foyer de la contestation estudiantine. La révolution syrienne frappe maintenant au cœur même du pouvoir en place.

La solidarité sans intervention armée
Le peuple syrien se trouve seul devant une machine de mort et de destruction. Il appelle à l’aide internationale tout en refusant une intervention militaire étrangère sur sa terre. Le régime en place accuse l’opposition de l’appeler de ses vœux, mais si intervention étrangère il y a, c’est en faveur de la dictature – par exemple l’aide militaire, technique et de renseignements par les gouvernements russe et iranien pour mater la révolution. Par ailleurs, la plupart des sanctions économiques touchent d’abord le peuple et sont utilisées par le régime comme prétexte à une politique de pénurie, de rationnement et de hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité pour affaiblir encore plus les masses insurgées. Dans tous les cas, on ne peut faire confiance au jeu des puissances mondiales ou régionales qui défendent d’abord leurs intérêts propres.

La grève générale et les actions de désobéissance civile qui durent depuis le 11 décembre 2011, avec les manifestations quotidiennes, forment le caractère principal de cette révolution. La résistance armée des soldats déserteurs et de quelques civils est une réaction compréhensible face à la sauvagerie sans commune mesure du régime et à ses horribles exactions contre la population civile, mais qui reste limitée. Depuis déjà un an, des millions de Syriens descendent dans les rues pour réclamer liberté, égalité, justice sociale et un pays libre et indépendant. Aujourd’hui ils sont encore plus déterminés à en finir avec le régime d’Assad, mais ils ont besoin de la solidarité internationale des peuples. Le mouvement ouvrier et démocratique, la gauche sont restés bien trop hésitants, voire aveugles face à la légitimité et la grandeur héroïque de cette insurrection. Il est plus que temps de construire cette solidarité internationale à la base, contribution essentielle pour un futur progressiste du peuple syrien.

Ghayath Naisse et Jacques Babel

Partager cet article
Repost0
20 janvier 2012 5 20 /01 /janvier /2012 08:49
Partager cet article
Repost0
18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 11:56

Vue sur le site

 

L’offensive s’accélère pour faire payer la dette aux classes populaires alors que la crise s’approfondit brutalement, que les Bourses s’affolent, que les pauvres sont plus nombreux et plus pauvres... et que les profits du Cac 40 affichent 10 % de mieux que l’an dernier : sur 6 mois, 46 milliards d’euros de bénéfices issus du travail d’hommes et de femmes ici et de par le monde, partout où les capitalistes français font suer des richesses à ceux qu’ils exploitent.
Mais Fillon a planté le décor au campus UMP concluant, à propos de la crise de la dette, « c’est la douloureuse rançon que doit désormais rembourser la vieille et belle société européenne, qui n’a pas trouvé le courage d’ajuster ses mœurs à la réalité de ses richesses »… « Il est de notre devoir à tous de mesurer les limites de nos droits, de lutter contre nos excès, nos abus », les Français ne peuvent réclamer « toujours plus d'agents publics et plus de droits » ! A l’université du Medef, les patrons ont une nouvelle fois demandé au gouvernement « de l’air dans le droit du travail, le droit social », « enlever toutes les contraintes mesquines qui sont des attaques à la liberté, faciliter la vie des entreprises beaucoup plus qu’aujourd’hui encore, arrêter la spirale de la taxation incessante »… Quant à Dassault, patron du groupe et sénateur UMP, il tempête contre toute taxe sur les riches : « C’est nul et idiot. On ferait mieux de supprimer la prime pour l'emploi, on économiserait beaucoup plus d'argent ! »… Morceaux choisis de cynisme et d’arrogance.
Dépassés par les conséquences de leur propre politique qui conduit à un effondrement économique sans précédent, pratiquant la méthode Coué telle Parisot répétant que « tout ne va pas si mal » (l’université du Medef était sous le signe « plus forts après la crise »…), les classes possédantes ont un programme, une politique : faire payer les populations, drainer l’ensemble des richesses, réduire à néant le prétendu « Etat providence » (!). Cela quelles qu’en soient les conséquences, alors même que cela ne peut qu’amplifier et accélérer la dégradation de la situation.
Le seul frein à cette fuite en avant aveugle qui conduit la société droit dans le mur, c’est leur peur des révoltes sociales, des exploités, des aspirations sociales et démocratiques, la vague de contestations et de révolutions qui secoue les peuples et les opprimés d’un continent à l’autre.
Faire payer la population pour alimenter la fuite en avant de la finance
Comble de cynisme, pour mieux sauver leur peau et nous faire les poches, certains grands patrons se sont payé le luxe de tribunes dans la presse pour expliquer qu’ils étaient prêts à payer… un peu. Ainsi, Lévy, PDG de Publicis, 5ème patron le mieux payé de France avec 3,6 millions annuels et à la tête d’une fortune personnelle de 108 millions... Mais attention, pas à n’importe quelles conditions !
Charles Beigbeder, président de la commission Entreprenariat du Medef et Secrétaire national « à la pédagogie de la réforme » de l'UMP (sic !) a précisé : « Chacun devra faire un effort et cela se traduira par des sacrifices douloureux. Dans ce cadre, mais dans ce cadre seulement, c'est-à-dire si et seulement si l'on s'attaque aux gaspillages et fraudes innombrables, si l'on s'efforce par exemple d'aligner le coût d'une journée d'hôpital public sur celui du privé (-25%) ou le coût annuel d'un élève au sein de l'école publique sur celui du secteur prive (-30 à 40%), alors oui, pourquoi pas une taxe de plus sur les hauts revenus ». Et pour que ce soit plus pédagogique sans doute, il précise : « Il faut donc tout faire pour supprimer toutes les exemptions de taux normal de TVA, tout en le portant à 25%, ce qui générerait des recettes additionnelles considérables »…
Histoire de préparer le vote au Parlement des mesures d’austérité... et la suite. Pas moins de 2200 amendements ont été déposés, tant par les députés de la majorité que de l’opposition. Le suspense était insoutenable pour savoir qui gagnerait de Raffarin qui refusait la hausse de la TVA sur les parcs à thèmes ou d’Estrosi combattant lui la taxation des hôtels de luxe, chacun à la tête des intérêts de son clan. Tout cela tient du gag, comme la dernière sortie d’Accoyer et de Larcher, présidents UMP de l’Assemblée et du Sénat, tous deux soudainement favorables à une taxation (exceptionnelle) des hauts revenus à partir de 250 000 euros au lieu des 500 000 fixés par le gouvernement ! De quoi faire ironiser Copé sur les accents de « gauche » de ses amis… et Fillon d’appeler à ne pas « accréditer l'illusion que la taxation des grandes entreprises et des plus riches nous dispensera d'un effort général ». Quant au PS en pleine primaires, il a peu de choses à ajouter, le concours y est ouvert pour savoir qui sera le plus responsable et « équitable » pour assainir les finances publiques. Comme dirait Valls, « l’heure n’est plus à changer la vie ».
Mais derrière le ridicule des postures des uns et des autres, la politique d’austérité qui s’accentue en France comme dans le reste de l’Europe, quelle que soit la couleur des gouvernements, frappe de plein fouet les plus démunis, les plus pauvres et une part de plus en plus grande de la population. Cette politique est non seulement insupportable pour les peuples mais elle est le plus court chemin vers le pire. En étranglant un peu plus la consommation des classes populaires elle accentue les risques de récession, conséquence de la course à la compétitivité, aux profits, alors que les masses de capitaux avides de faire de nouveaux profits ne cessent de gonfler. Cette bulle financière en constante expansion dévore l’économie, la production. A plus ou moins court terme, elle explosera si des mesures d’urgence ne sont pas prises pour éviter que ce ne soient les populations qui payent le prix de la catastrophe financière annoncée.
« Concertation sociale » contre « guerre de classe » ?
Face aux « plans de sauvetage » pour « rassurer les marchés » qui ne font qu’alimenter la fuite en avant de la finance, face aux exigences, au culot, à la soif aveugle des classes dominantes, la seule issue passe par l’intervention des classes populaires, du plus grand nombre, pour refuser de payer leur crise et leurs dettes !
Mais la réaction des syndicats en cette rentrée est bien en-deçà de l’offensive à laquelle nous avons à faire face. L’annonce de l’accord à minima autour d’une journée de mobilisation intersyndicale le 11 octobre, sans mot d’ordre clair, sans plan d’attaque, sans même à ce jour d’appel à la grève, apparaît sans autre perspective que celle que les équipes militantes lui donneront à la base. Et ce choix du 11 octobre alors que le 27 septembre prochain les enseignants publics et privés sont appelés à la grève contre les attaques majeures dans l’Education, ne fait que souligner l’absence de volonté de faire converger les luttes.
Mais plus que le timing, c’est le fond de la politique menée par les syndicats qui pose problème. Le 18 août, dans une déclaration commune, CFDT, CGT, FSU, Solidaires et UNSA écrivaient : « L’intersyndicale, réunie ce jour, demande la tenue d’une véritable concertation sociale avec le gouvernement et le patronat pour examiner les mesures à prendre pour soutenir la croissance, soutenir l’emploi et réduire la dette tout en garantissant la cohésion sociale ». Façon élégante de demander à être consulté sur la dose de la potion à faire avaler aux travailleurs, même si le même texte estimait bon de mentionner plus bas « l’indispensable intervention des salariés». Une offre de services que Fillon a partiellement acceptée… tout en montrant qui est le chef… il s’est ainsi payé le luxe de proposer des entretiens téléphoniques aux dirigeants des centrales syndicales et de ne les recevoir individuellement qu’une fois le plan de rigueur annoncé. Annonces que la CFDT a trouvées « inéquitables », l’UNSA regrettant qu’il n’y ait pas plus « d'équité dans la répartition des efforts ». Quant au secrétaire général de FO (par ailleurs présent à l’Université du Medef), il a salué sans rire le « très léger rééquilibrage de la fiscalité entre capital et travail » !
Il y a quelques années, le milliardaire américain Warren Buffet (remis ces dernières semaines à l’honneur par les déclarations de quelques patrons français) écrivait « Tout va très bien pour les riches dans ce pays, nous n’avons jamais été aussi prospères. C’est une guerre de classes, et c’est ma classe qui est en train de gagner »… Une guerre que les directions des confédérations syndicales semblent bien peu prêtes à mener.
Leur politique, la théorisation par la CFDT que la grève « n’est absolument pas la bonne voie » vu « la situation très difficile du pouvoir d’achat et les inquiétudes des salariés pour leur emploi », aide bien peu les révoltes à s’exprimer et à s’organiser. Il n’en fallait pas plus au journal Les Echos pour écrire au lendemain de l’intersyndicale : « Le climat social est plus à la morosité qu'à la colère et, à l'approche de la présidentielle, les salariés sont enclins à attendre pour s'en remettre aux urnes plutôt qu'à la rue ». Regard pour le moins rapide et superficiel…
Car si chacun mesure que le poids de la crise et des récentes défaites, la paralysie des syndicats pèsent sur le moral des salariés, la révolte et la colère sont profondes face aux injustices, aux attaques quotidiennes, à une vie de plus en plus difficile. La crise économique, sociale et politique transforme les consciences en profondeur. L’actualité est pleine des échos des indignés espagnols, des journées de grève générale au Chili ou en Italie, des manifestations historiques en Israël, de la révolte de la jeunesse anglaise qui refuse d’être sacrifiée et des révolutions autour de la méditerranée... Autant de contestations, de colères exprimées, d’exigences affirmées, qui renforcent et nourrissent par delà les frontières la légitimité de la révolte, la volonté de dire non, d’opposer la démocratie de la lutte, des peuples, des travailleurs à la dictature des financiers.
Ce qui se produit est difficile à mesurer mais c’est incontestablement profond et nouveau, relayé, diffusé par mille canaux à la vitesse d’internet, des réseaux sociaux, rebondissant sur les paraboles et s’imprimant dans les consciences de millions de jeunes salariés, chômeurs, étudiants, et moins jeunes... avec l’aspiration à être acteur des bouleversements en cours, de participer à la contestation d’une société qui exclut le plus grand nombre et court à la faillite.
L’exigence sociale et démocratique
Alors il est clair que l’heure n’est pas à discuter avec le gouvernement mais à faire entendre les exigences du monde du travail, des classes populaires. Il est nécessaire que s’affirme dans les syndicats, les entreprises, les quartiers, un courant regroupant tous ceux qui refusent le chantage, les mensonges. Face à l’illégitimité des banques, du grand patronat, de leurs gouvernements, il nous faut affirmer notre légitimité, celle du plus grand nombre. C’est à nous, à la population de décider !
Ce n’est pas un « plan de sauvetage » des banques qu’il faut mais bien un plan de défense de la population et il appartient aux travailleurs, aux jeunes, aux habitants des quartiers d’en débattre, de se « concerter » et de décider des mesures d’urgence à prendre pour défendre leurs conditions de vie et de travail face aux banques, au patronat et à l’Etat.
Nous refusons leur règle d’or des profits et leurs plans d’austérité. Nous refusons de payer pour les banques, pour les profits du Cac 40, pour que les cours des actions de la Société générale ou du Crédit agricole reprennent des couleurs tandis qu’on ferme des écoles, des hôpitaux, que la Sécu est mise en pièces, qu’on jette des travailleurs à la rue et que le chômage explose.
Une personne sur deux n’a pas pu partir en vacances cet été. D’après les chiffres mêmes de l’Insee, le taux de pauvreté est passé en un an de 13 à 13,5 % : 8,2 millions de personnes survivent en France avec moins de 954 euros par mois tous revenus confondus. Quant aux prix, ils continuent d’exploser tel le coût de la rentrée scolaire qui a augmenté de plus de 3 % alors que l’allocation de rentrée versée aux plus pauvres n’a elle augmenté que de 1,5 %. Concernant les loyers, une étude d’agents immobiliers vient de révéler qu’en 10 ans, en tenant compte de l'inflation, les revenus des locataires ont baissé de 2 % tandis que les loyers augmentaient de 24 % (32 % pour les studios) ! Alors quoi de plus légitime et urgent pour le monde du travail que d’exiger la hausse immédiate des salaires, des pensions, des allocations ; l’interdiction des licenciements et le partage du travail entre tous ; l’embauche massive dans les services publics, la Santé, l’Education nationale ; le droit pour toutes et tous à un logement décent, à éduquer ses enfants, se soigner, se cultiver, en un mot vivre.
Lutter pour ces droits fondamentaux, urgents, c’est contester la dictature de la finance et sa logique destructrice pour faire en sorte, avant que l’ensemble de l’économie ne bascule dans la récession, que les richesses servent à satisfaire les besoins de la population. Cela pose le problème immédiat d’arrêter de rembourser la dette publique et de payer ses intérêts aux banques et aux spéculateurs.
C’est une tout autre logique que celle de l’intersyndicale qui se plie au chantage de la finance et au cadre de l’urgente « maîtrise des déficits publics », allant jusqu’à demander au gouvernement et au patronat d’« examiner » ensemble les mesures à prendre pour « réduire la dette »… Loin de demander des mesures d’austérité plus « justes », nous exigeons le respect de nos droits, ceux du plus grand nombre. Et la seule mesure équitable, légitime, urgente, c’est l’annulation de la dette publique, le refus de payer pour les banques, avant qu’elles n’entraînent toute l’économie dans la faillite !
Isabelle Ufferte
Partager cet article
Repost0
31 juillet 2011 7 31 /07 /juillet /2011 11:18
vue sur le site du NPA

La coordination des opposants et le collectif national (une 40ne d’associations locales et nationales, des partis politiques) ont gagné le pari d’un vaste rassemblement ces 9 et 10 juillet.

Le projet d’aéroport, mastodonte inventé par De Gaulle, ressuscité par le député-maire de Nantes, Jean Marc Ayrault en 1994, concession et profits offerts à l’ogre Vinci pour 55 ans… vient de connaître une défaite cinglante!

 

Oui la lutte de Notre Dame des Landes est nationale et s’amplifie: mieux, elle s’ancre dans un combat international avec les militants anglais contre l’aéroport de Stanted et ceux et celles de Russie pour la sauvegarde de la forêt de Kimkhi contre l’autoroute … Vinci.

Les opposants à l’aéroport sont d’abord les agriculteurs qui refusent de perdre leurs outils de travail. Ce sont ensuite les habitants, dont l’environnement immédiat va être massacré, et les associations et partis politiques qui se battent pour un autre choix de société. Car ce projet est emblématique du capitalisme qui exploite et dévore les territoires contre l’assentiment de populations bafouées.

 

L’implantation de la plate-forme nécessite plus de 2000 hectares. Plus de 50 exploitations sont directement menacées, ainsi que les emplois directs et induits. Mais les promoteurs PS du projet s’apprêtent à détruire ces terres agricoles, alors qu'il apparaît de plus en plus nécessaire de conserver des ceintures vivrières autour des agglomérations pour produire localement une alimentation de qualité respectueuse de l'environnement et de la biodiversité.

 

Le groupe Vinci gavé d’argent public.

 

Ce projet d’aéroport montre le déni complet de ses promoteurs face à la raréfaction inéluctable des énergies fossiles et les dangers des émissions de gaz à effet de serre. Il montre leur mépris en faisant courir des risques majeurs à la population, pour assurer le bien-être d'une minorité pouvant bénéficier du transport aérien.

La construction de l’aéroport serait financée à hauteur de 260 millions d’euros par l’état et les collectivités territoriales. Cet investissement public colossal ne génèrera que très peu d’emplois. Les bénéfices de la construction et de l’exploitation reviendront au groupe Vinci, qui pourra demander des compensations aux collectivités si la plate-forme n’est pas rentable.

 

Ces sommes devraient être investies dans des projets répondant réellement aux besoins de la population en tenant compte des défis environnementaux et climatiques auxquels nous sommes confrontés: pour une société plus sobre et pourvoyeuse d’emplois alliant économies et efficacité énergétique, énergies renouvelables, isolation des logements, transports en commun gratuits, développement de l’agro écologie

 

Une lutte nationale.

 

Le rassemblement a réuni plus de 14000 personnes, venues des quatre coins de la France, pour soutenir cette lutte, et débattre autour des grands thèmes de l'énergie et du climat, de la souveraineté alimentaire et de justice sociale, ainsi que pour envisager une reconversion globale de l'économie permettant la satisfaction des besoins sociaux de la population mondiale dans le respect des contraintes écologiques.

Cette nouvelle dimension est le résultat du travail de préparation entamé en février avec le collectif national où le NPA a joué un rôle essentiel et décisif.

 

Les différentes composantes de l’opposition ont revendiqué ensemble l’arrêt rapide et définitif du projet et la fin de l’emprise de Vinci. Les différents partis politiques impliqués dans la lutte se sont exprimés lors du meeting: Les Alternatifs, Breizhistance, Europe Ecologie les Verts, la FASE, la GU, Modem, NPA, Objecteurs de Croissance, PG. La force de la convergence de ces organisations pèsera sur les décisions politiques des prochains mois. Le NPA a clairement montré son soutien à cette lutte, par la prise de parole au meeting de Myriam Martin, porte-parole du parti, la présence sur le site de Philippe Poutou, candidat à la présidentielle pour le NPA et de nombreu(ses) militant(e)s dans l’organisation du rassemblement, dans les stands, et dans les débats. Le débat sur la transition énergétique a permis au NPA de faire connaître son scénario de sortie du nucléaire en dix ans, de démontrer sa pertinence. Cet évènement a également permis de développer l’argumentaire du NPA sur les transports gratuits, et de diffuser la synthèse des travaux du groupe transports NPA 44 dans ce domaine.

La convergence des luttes écologistes, y compris internationales, a été renforcée par les témoignages : lutte victorieuse contre le projet d’agrandissement de l’aéroport de Stanted en Angleterre, lutte violemment réprimée pour que la forêt russe de Kimkhi, menacée de destruction par un projet d’autoroute, soit arrachée aux griffes de Vinci, lutte contre les gaz de schiste, lutte des Paysans du Larzac, lutte contre le projet de centre commercial gigantesque dans le triangle de Gonesse, au Nord de Paris...

 

La réussite de ce rassemblement sera un atout fort dans les prochaines semaines où de nombreux combats nous attendent: risque d’expulsion des Nouveaux Habitants occupant maisons et terres appartenant au Conseil Général, opposition systématique aux actions de forage, de sondage, et de tout autres travaux.

 

Les mois prochains seront déterminants et nous ne lâcherons rien !

Katell, Myléne, Régis (NPA 44)

Partager cet article
Repost0
31 juillet 2011 7 31 /07 /juillet /2011 11:14
tav.jpg

 

La résistance des vallées piémontaises n'est pas née d'hier : dans cette zone aux enjeux stratégiques et économiques majeurs, qui a subi toutes sortes de grandes œuvres, cela fait vingt ans que régulièrement, des comités occupent des chantiers, forment des chaines humaines, dorment dans le froid par familles entières pour empêcher d'énièmes travaux. Au cours des dix dernières années, il y a eu une dizaine de grandes manifestations contre la TAV Lyon-Turin, dont une, en 2010, en dessous de 0°... Les comités sont formés d'habitants quelconques, de jeunes étudiants mais aussi d'anciens «Partigiani» : la résistance dans les montagnes, ça les connaît.

 

Pour cette manifestation nationale contre le début de travaux, les comités avaient organisé quatre départs différents, de divers villages des vallées : Exilles, Chiomonte, Ramats et Giaglione. Le propos est clair : la TAV est une œuvre dangereuse pour l'environnement et la santé, catastrophique sur le plan économique et inutile d'un point de vue économique (1) alors qu'elle vole des ressources qu'on pourrait employer pour l'instruction, la santé, l'emploi. Pour exprimer tout cela, les comités veulent encercler la zone (rouge) du chantier : faire pression, s'approcher des grilles mais pas occuper. Non que les comités soient toujours contre, mais ce n'est pas le but cette fois.

70 000 Val Susins selon les organisateurs (7 000 selon la police), dont 23 maires des communes des vallées et des milliers d'étudiants, travailleurs, venus en solidarité se sont retrouvés au points de départ le matin du 3 juillet. En face, plus de 2500 policiers, des hélicoptères, des blindés. Une fois la manifestation arrivée devant le chantier, la répression se déchaîne : grilles défoncées avec les pelles mécaniques des chantiers pour mieux pouvoir utiliser les jets d'eau, du gaz CS (utilisé lors des manifestations de Gênes, qui fait partie des armes chimiques officiellement interdites en zone de guerre), tir de gaz lacrymogènes à hauteur d'homme, attaque sur des manifestants immobiles et sans aucune protection, police qui jette des objets sur les manifestants depuis les ponts et fait le tour des hôpitaux pendant la journée et la nuit pour arrêter les manifestants – compensés, heureusement, par les dizaines de médecins et d'infirmiers volontaires dans la manifestation pour soigner les blessés.

 

Cela ne vous rappelle rien ? Le parallèle avec le G8 de 2001, au moment où les mouvements italiens préparent les manifestations à l'occasion des dix ans, est presque inévitable, et le nom de Gênes est sur toutes les lèvres. Et comme à Gênes , la répression est organisée par un ministre de l'Intérieur de la Lega Nord, R. Maroni avec l'appui du tout nouveau maire de Turin, P. Fassino, dirigeant du PD. Tous deux justifient la violence de la police, sans ambiguïtés, et accusent les manifestants. (3)

Le lendemain, dans les journaux, le scénario prévu continue : il y a des citoyens pacifiques (que de toutes façon on n'écoutera pas) et des hordes de méchants black bocks (2) venues de l'étranger pour dévaster le chantier et «provoquer une victime». Comme après Gênes, tout est fait pour diviser le mouvement. Même N. Vendola (SEL) ne manque pas à l'appel : «Il faut absolument isoler les violences. Elles masquent les raisons de la protestation. Mais manifester son opposition est légitime, même pour un parti comme SEL, qui a la non-violence dans les gènes.»

Pourquoi ? «Ils ont fait ça parce qu'ils ne peuvent pas accepter que toute une population, des jeunes et vieux, ait décidé de résister, comme c'est en train de se passer dans le monde entier» déclarent les comités. Comme à Gênes : on ne peut pas se permettre de montrer une telle résistance, déterminée et victorieuse, il vaut mieux attaquer. Mais la résistance de cède pas, ni à la violence ni au chantage. «On a gagné. On les a encerclés. On s'est approché de la forteresse, on a réussi à démanteler certaines grilles, et à repartir. C'était les objectifs de la journée et ça a marché. Ils sauront que ça ne s'arrêtera pas, qu'ils subiront des actions moins importantes mais continues», déclare le soir même Alberto Perino, du mouvement NO TAV. Le mouvement ne se laisse pas diviser : «solidarité totale avec tous les arrêtés. Notre but était d'assiéger le chantier, même si personne n'était venu de l'extérieur des vallées, la journée aurait été la même. C'est la police qui est responsable des violences, les manifestants n'ont fait que se défendre.»

Et maintenant ?

 

Le lieu d'où se tient la conférence de presse des comités le 5 juillet deviendra une nouvelle occupation permanente, qui se transformera en camping de débats et de résistance du 10 au 30 juillet ; le message est clair : «assumer nos responsabilités, maintenant, ça signifie continuer». c'est aussi une responsabilité pour le reste du mouvement, qui ne doit pas laisser que les Val Susins soient isolés. Comme l'a dit Gigi Richetto, de l'aile catholique du comité No TAV : «Ils savent que faire céder la Val di Susa, c'est soumettent toute l'Italie».

Brune Seban, Sinistra Critica Rome

 

 

Vidéos :

Chronique de la journée de lutte : www.infoaut.org/blog/prima-pagina/item/2...

 

Quelques exactions des policiers www.youtube.com/watch?v=K1IBGjx5Y8E&feat...

 

Conférence de presse des comités : www.youtube.com/watch?v=s-fIq--cZV0&feat... et suivantes)

 

Un comité avec quelques articles en français : www.notavtorino.org

Notes

1. Le coût officiel est de au moins 17 miliards, le prix des grandes œuvres tend à augmenter (jusqu'à x4 dans l'histoire cette fois-ci x 2 dans la meilleure des hypothèses) le but est d'intercepter les financements européens, pour 80 km, soit 212 millions d'euros par km... ( voir le rapport de Christian Brossie, du conseil Général des Ponts et Chaussées, rendue publique en mai 1998, ou l'audit du Conseil Général des Ponts et Chaussées de 2003)

2. R. Maroni déclarera “il faut les accuser de tentatives d'homicide” des actes de “terrorisme” les forces de l'ordre se sont comportés “de façon exemplaire et sans excès”. P. Fassino n'est pas plus ambigu : “Si le bilan n'est pas plus grave, c'est grâce à la sagesse et la modération des forces de police, qui se sont limités à contraster l'agression et l'assaut de ceux qui avec des barres de fer, des pierres et des bâtons ont dévasté le chantier et la zone de la communication. Tout ceci est inacceptable. La TAV est une œuvre utile au développement de l'Italie et du Piémont. Rien ne justifie ce qui s'est passé hier. La réalisation de la TAV continue, c'est tout.”

3. Les comitès préciseront que Lundi 27 juin, le chantier de la ligne TAV (Treno alta velocità) de Maddalena di Chiomonte, occupé depuis un mois par les comités “No TAV” de la région avait été évacué très brutalement, d'où l'appel à une manifestation nationale de solidarité le 3 juillet, et les mesures de précaution conseillèes par les comités eux memes : apportez de l'eau en grande quantité, de bonnes chaussures, des casques et masques à gaz... Pratique, ensuite, d'identifier les manifestants comme des black blocks.

Partager cet article
Repost0
31 juillet 2011 7 31 /07 /juillet /2011 11:05
La bulle du carbone ou la vie ?

Vue sur le site du NPA

 

http://www.npa2009.org/content/la-bulle-du-carbone-ou-la-vie

crisisglobal.jpg

 

Pas subversive pour un sou, Carbon Tracker Initiative est une ONG bien connue pour ses travaux sérieux sur le « budget carbone » - autrement dit la quantité de carbone fossile que l’humanité peut encore envoyer dans l’atmosphère sous forme de gaz carbonique d’ici 2050, si l’on veut avoir une chance de ne pas (trop) dépasser 2°C de hausse de la température.

 

Son dernier rapport ne manque pas d’intérêt. S’appuyant sur des travaux du Potsdam Institute, Carbon Tracker aligne les éléments suivants :

  • en 2011, l’économie mondiale a déjà utilisé un tiers du budget carbone de 886 gigatonnes de gaz carbonique (GtCO2) dont elle disposait pour la période 2000-2050. Le solde disponible n’est plus que de 565 GtCO2 ;
  • les réserves prouvées de combustibles fossiles aux mains des compagnies publiques, privées et des gouvernements correspondent à l’émission de 2.795 GtCO2 ;
  • les parts de ces réserves aux mains des cent plus grosses compagnies privées dans le secteur du charbon et des cent plus grosses dans les secteurs du gaz et du pétrole correspondent à 745 GtCO2 le reste est aux mains des Etats, notamment le royaume saoudien.

Le fait que le solde de carbone fossile disponible n’est que de 565 GtCO2 sur un total de 2.795 revient à dire que, pour ne pas trop détraquer le climat, 80% des réserves connues de charbon, de pétrole et de gaz naturel doivent rester dans le sous-sol, pour ne jamais être brûlées.

Or, ces réserves sont évidemment comptabilisées comme des avoirs par leurs propriétaires et contribuent par conséquent à déterminer la valeur des actions (du moins lorsque ces propriétaires sont des entreprises : la famille royale d’Arabie saoudite n’est évidemment pas cotée à Wall Street…).

 

Ces actions sont particulièrement prisées en bourse. Il est donc hypocrite et faux de montrer du doigt « les Chinois » ou « les Indiens » qui, en brûlant du charbon à tire-larigot, seraient, à en croire certains, les grands empêcheurs de réguler sagement le climat : le capital financier globalisé tire les ficelles de la course à l’abîme climatique, c’est avant tout lui qui doit être mis au banc des accusés. Il est directement responsable du fait que l’économie capitaliste continue à tourner à 80% aux énergies fossiles.

 

A cet égard, le rapport de Carbon Tracker dresse un graphique intéressant qui montre la distribution des actions des compagnies privées du charbon, du gaz et du pétrole sur les places boursières de la planète. Cela permet de comparer le budget carbone d’un pays à son engagement dans la poursuite de l’exploitation criminelle des énergies fossiles. On constate par exemple qu’un pays comme le Royaume Uni, dont le budget carbone n’est que de 10 GtCO2 environ, contrôle, via la Bourse de Londres, des réserves fossiles correspondant à 105, 5 GtCO2.

Pourquoi le capital continue-t-il cette politique insensée, alors que tout le monde sait aujourd’hui à quel point le réchauffement constitue une menace grave pour l’humanité ? On connaît les réponses : les renouvelables coûtent plus cher, les coûts des dégâts du réchauffement sont si élevés que leur « internalisation » est impossible, les lobbies des fossiles – ou qui dépendent des fossiles (automobile, pétrochimie, aéronautique, etc) – sont plus puissants que les gouvernements.

Le rapport de Carbon Tracker permet de prendre toute la mesure de ce dernier facteur. En effet, si 80% des réserves prouvées de combustibles fossiles devaient rester sous terre, il en découlerait tout simplement que les compagnies concernées devraient accepter la destruction subite de 80% de leur capital.

 

A côté de cela, la faillite de Lehman Brothers apparaît un peu comme une plaisanterie, car les entreprises concernées sont des géants, des piliers du capitalisme mondial - tels que Shell, BP, Exxon, par exemple – dont les actions figurent en bonne place dans les portefeuilles des fonds de pension et autres gros investisseurs capitalistes.

Comme l’écrit le quotidien britannique The Guardian, « Si la plus grande partie des réserves de pétrole, de charbon et de gaz naturel ne peut pas être brûlée, les avoirs primaires des plus grandes compagnies énergétiques du monde pourraient être aussi toxiques que les épineuses dettes hypothécaires qui ont conduit à l’effondrement financier de 2008 » (The Guardian, Duncan Clark, 15 Juillet 2011). On parle donc de plus en plus du risque d’une « bulle financière du carbone ».

 

Sacrifier quatre cinquièmes de leurs avoirs pour éviter une catastrophe climatique ? Il va sans dire que les Sept Sœurs qui contrôlent le secteur pétrolier ne l’entendent pas de cette oreille, pas plus que les capitalistes du secteur de la houille, par exemple ! Les investissements planifiés par ces vampires en attestent. Géant multinational du charbon, notamment, Glencore a réalisé récemment la plus importante levée de capitaux par une multinationale sur la place de Londres. Quant à la Shell, elle investira les quatre prochaines années 62 milliards de livres sterling afin de produire 3, 7 millions de barils par jour en 2014 (une augmentation de 12% par rapport à 2010). (The Guardian, Ben Caldecott, 12 Juillet 2011).

Le capital financier est sur la même longueur d’onde, car c’est lui qui prête les énormes masses d’argent nécessaires aux gros investissements de long terme en capital fixe, qui sont particulièrement lourds dans le secteur énergétique (raffineries, centrales électriques, etc.).

 

« Ceci illustre à quel point les marchés mondiaux de capitaux sont déconnectés de tout objectif visant à combattre le changement climatique », regrette James Leaton, sur le site GreenBiz. « Cela montre que l’approche basée sur le profit à court terme (qui est celle) des instruments financiers actuels ne reconnaît pas les signaux de l’action régulatoire de long terme pour limiter le changement climatique ».

Ce commentaire n’est pas éloigné de la vérité. Sauf que « l’approche basée sur le profit à court terme » n’est pas spécifique aux « instruments financiers actuels » : c’est celle du capitalisme, tout simplement. En fait, cette affaire de « bulle du carbone » montre à quel point la question des limites écologiques est au cœur de la crise capitaliste, et contribue à en faire une crise systémique, de civilisation.

 

Ou bien on arrête ce système criminel par des mesures radicales pour crever la « bulle du carbone » sans que la majorité sociale ne paie la note de cette nouvelle gabegie – ce qui requiert la double nationalisation avec expropriation du secteur énergétique et du secteur du crédit – ou bien on court tout droit vers un réchauffement de 4°C qui fera des centaines de millions de victimes… parmi les pauvres des pays pauvres. La bulle du carbone ou la vie ?

 

Daniel Tanuro, le 23 juillet 2011. Publié sur le site www.lcr-lagauche.be

Partager cet article
Repost0
31 juillet 2011 7 31 /07 /juillet /2011 10:59

 

 

 

Les dirigeants européens devaient se réunir le 21 juillet pour tenter de résoudre la crise que traverse aujourd’hui la zone euro. Après la Grèce, le Portugal, l’Irlande, l’Italie est sur la sellette.

La crise des dettes publiques s’accentue en Europe. Après la Grèce, c’est la 3e économie de la zone euro, l’Italie, qui est dans l’œil du cyclone : la semaine dernière, les taux d’intérêt (à dix ans) de la dette italienne ont bondi à 5, 7 %, soit plus du double de ce qu’exigent les marchés financiers pour la dette allemande. Dans la foulée, le Parlement italien a voté, le 15 juillet, un plan d’austérité de 48 milliards d’euros, comprenant un vaste plan de privatisations, l’introduction d’un ticket modérateur, le gel des salaires et des embauches de fonctionnaires et l’augmentation progressive de l’âge du départ à la retraite.

Dans la zone euro, la crise a été aggravée dans les pays les plus faibles par la mise en place de la monnaie unique, avec une Banque centrale au service des marchés financiers. Depuis dix ans, faute d’avoir pu dévaluer leur monnaie et d’avoir su limiter suffisamment la hausse des salaires, les déficits et donc la dette externe des pays les moins compétitifs n’ont cessé de croître, avant d’exploser depuis 2007. Les baisses d’impôts au profit des riches y ont aussi contribué. D’où aujourd’hui des plans d’austérité d’une violence inouïe pour continuer de payer les créanciers, principalement les banques qui s’engraissent grâce aux déficits créés à cause d’elles ! Cela se traduit par une baisse du niveau de vie des travailleurs et une liquidation de ce qui reste des entreprises publiques, avec un processus de néocolonisation dans le cas de la Grèce.

Ces plans, comme le nuage de Tchernobyl, ne s’arrêteront pas aux frontières de la France, d’autant plus que la situation y est difficile. Selon une étude Natixis1 du 12 juillet, la France partage avec la Grèce et le Portugal, la palme du pays européen dont la dynamique de l’endettement public est la plus explosive. Les pires attaques sont donc à venir, et ce sera la mission du prochain gouvernement capitaliste (de « gauche » ou de « droite ») d’être bien plus offensif que Sarkozy.

D’ailleurs, Aubry et Hollande ont promis le week-end dernier de respecter l’engagement de la France à ramener ses déficits publics à 3 % du PIB en 2013 (contre 7 % en 2010) s’ils étaient élus, tout en ne prenant aucun engagement sur la suppression des mesures fiscales en faveur des riches et des entreprises.
 

Les dirigeants européens se réunissent le 21 juillet pour un sommet extraordinaire sur la crise des dettes publiques. Ils vont tenter de se mettre d’accord sur un nouveau « plan d’aide » à la Grèce et sur de possibles aménagements à la poursuite des remboursements : réduction des taux d’intérêt pour les prêts accordés à la Grèce, allongement des délais de remboursement, etc. Ces modalités de « restructuration » douce de la dette n’ont rien à voir avec un défaut de paiement sur une partie importante de la dette et a fortiori avec une annulation de celle-ci.

Lutte de classe
 

Un bras de fer décisif est engagé au sein de la zone euro : soit les bourgeoisies parviennent à imposer leurs plans d’austérité au prolétariat européen – et le gros de la dette pourra sans doute être honoré et les capitalistes seront grassement servis ; soit la lutte de classe empêche la mise en place de ces plans – et la dette ne pourra pas être remboursée et la situation pourrait alors devenir rapidement incontrôlable pour la bourgeoisie.
 

Chacun à leur façon, le PS et le Front de gauche agitent la possibilité d’une troisième voie : celle d’une refondation de l’Union européenne. L’Europe deviendrait « sociale » grâce à une redéfinition des missions de la Banque centrale européenne, le lancement d’euro-obligations et la mise en place d’un fédéralisme fiscal (permettant des transferts des États les plus riches vers les plus pauvres). Outre que cette solution fait abstraction des rapports de forces au sein de l’UE, elle vise surtout à bricoler une réforme de l’UE pour que le système soit sauvé et que la dette continue d’être payée aux capitalistes. À l’inverse le Front national met en avant la sortie de l’euro et un repli nationaliste accompagné de mesures anti-ouvrières. Aucune de ces politiques ne va dans le sens des intérêts des salariéEs.

Notre projet ne vise pas à rafistoler le système, à « sauver l’euro » ou les banques, en prétendant mettre les institutions nationales et européennes au service des travailleurs. Nous sommes pour que la lutte de classe aille jusqu’au bout, jusqu’à la prise du pouvoir par les travailleurs eux-mêmes, à la mise en place de leur propre gouvernement, qui seul pourra répudier la totalité de la dette, exproprier les grands groupes capitalistes, rompre avec le marché capitaliste et réorganiser la production au service des besoins de la population. Et faire un grand pas vers l’Europe que nous voulons, celles des États unis socialistes d’Europe.

Gaston Lefranc

1. http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=59156

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Yves Dagand
  • : municipal,politique,nature,chimirec,ecologie,porcieu amblagnieu,porcieu,38390
  • Contact

Recherche

Pages