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28 juin 2011 2 28 /06 /juin /2011 19:27

Malgré un plan d’austérité aux conséquences dramatiques pour la population, la crise est loin d’être terminée. Aujourd’hui, les classes dirigeantes craignent un effet domino. La seule solution est l’annulation de la dette.

Il y a encore quelques jours, Evangélos Vénizélos était au service des marchands d’armes. Ministre de la Défense, il annonçait par exemple, en février, l’achat à Israël de bombes « guidées » SPICE pour équiper les chasseurs aériens grecs. 100 millions d’euros viendront ainsi gonfler la lourde facture militaire de la Grèce, 5e importateur mondial d’armement. Vénizélos vient d’être nommé vice-Premier ministre et ministre des Finances à l’occasion d’un remaniement gouvernemental visant uniquement à resserrer les rangs du Pasok pour faire passer un nouveau plan d’austérité au Parlement, le 28 juin. L’homme a bien compris sa mission : « Je quitte le ministère de la Défense pour entrer dans une véritable guerre. » Celle que Papandréou et l’Union européenne ont déclenchée contre le peuple grec. Et pour que les choses soient plus claires encore, le FMI a demandé lundi aux dirigeants européens de cesser leurs « enfantillages improductifs », puis a réécrit leur dernier communiqué sous forme d’ultimatum.
Chacun joue donc bien sa partition. Mais la symphonie déraille. L’effet récessif des plans de rigueur est plus important que ne l’avaient estimé les autorités. Le PIB grec diminue pour la troisième année consécutive (-2 % en 2009, -4, 5 % en 2010, -3, 1 % prévu en 2011), tandis que le taux de chômage s’envole à 16 %. Contrairement à ce qui était prévu, l’État grec ne pourra pas emprunter sur les marchés financiers en 2012. Le pseudo-plan de sauvetage mis en place par l’Union européenne est donc un échec.

Avant son adoption, le taux d’intérêt des emprunts publics à deux ans culminait à 6, 5 %. Il atteignait 12 % début 2011, 20 % en avril et... 30 % ces derniers jours. Les dirigeants européens savent que la restructuration est inévitable. Seuls le calendrier et les modalités font actuellement l’objet de négociations. Angela Merkel explique depuis sept mois que les créanciers privés doivent contribuer au coût de la restructuration de la dette. Aujourd’hui, tout en réaffirmant que cette contribution doit être « substantielle », elle précise qu’il n’existe « aucune base légale pour une participation obligatoire » des créanciers. Pourquoi ?

Les dirigeants tentent de trouver une issue sans légitimer les revendications des indignés de tous pays en faveur de la réquisition des banques ou d’une répudiation des dettes publiques. Les classes dominantes aimeraient toutefois limiter la contagion de la crise. Or, la plupart des titres de créance grecs sont détenus par des banques européennes. Celles-ci ont encore le droit de valoriser ces créances à leur coût d’acquisition. Mais cette fiction comptable va bientôt se dissiper, provoquant des effets systémiques que nul ne peut évaluer avec certitude. Une des sources d’inquiétude provient des « produits dérivés » de la dette grecque. N’étant pas téméraires, les acheteurs de titres souverains ont acquis des assurances (les CDS : Credit Default Swap) afin de se protéger contre le risque de défaut. Mais dans le merveilleux monde de la finance globalisée, l’assureur est diffus : c’est en fait un ensemble de spéculateurs.

Effet boule de neige
La restructuration grecque pourrait donc avoir des répercussions en cascade, comme en 2008 lorsque la crise des subprimes avait été démultipliée par la « titrisation ». Pour éviter un tel scénario, les dirigeants insistent sur l’idée que la restructuration doit se faire « sur une base volontaire ». En effet, avant de rembourser un assuré, tout assureur vérifie que le risque n’a pas été encouru volontairement mais provient bien d’un événement non prévu. En acceptant que son débiteur le rembourse moins, un créancier perdrait donc sa couverture d’assurance. L’effet boule de neige serait évité. C’est du moins ce que souhaite le président de la BCE, Jean-Claude Trichet. Mais l’interprétation du caractère « volontaire » de la restructuration est entre les mains d’une association internationale (l’ISDA), composée... de banquiers et financiers.

Quand bien même le risque lié aux CDS serait neutralisé, la propagation pourrait emprunter d’autres canaux. L’accélération de la crise grecque intervient dans un contexte très tendu. En Espagne, début juin, la plus grande banque du pays (Santander) n’est parvenue à placer que la moitié de son émission obligataire d’un milliard d’euros. Quelques jours plus tard, Telefonica a dû annuler l’introduction en Bourse d’une de ses filiales. La semaine dernière, les titres publics belges, puis italiens, ont été rétrogradés par les agences de notation. La crise va se poursuivre. L’urgence politique est d’unifier les mouvements pour l’annulation des dettes illégitimes et de montrer qu’une issue progressiste implique la remise en cause de la libre circulation des capitaux et de la propriété privée du système bancaire.

Philippe Légé

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28 juin 2011 2 28 /06 /juin /2011 19:23

Notre-Dame-des-Landes (NDDL) est un village situé à 30 km au nord de Nantes, en direction de Rennes. Le projet d’aéroport démarre en 1967. Il s’agissait alors d’un aéroport international de passagers où pourrait atterrir le Concorde (prévision de 5 à 9 millions de passagers par an en 2000, alors que l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique en compte aujourd’hui 3 millions !). Et pour le fret, l’objectif était de devenir le « Rotterdam aérien de l’Europe ».
En 1974, commencent les acquisitions de terres par le conseil général (aujourd’hui 850 ha sur 1 650 nécessaires). Il ne se passe rien pendant vingt ans, puis le projet est réactivé en 2000 et un arrêté ministériel relance l’étude en 2003.
Le concessionnaire est choisi en 2010. Ainsi, Vinci obtient le marché pour 55 ans. Le montage financier est finalisé.
Les travaux devraient débuter en 2014 pour une mise en service en 2017.
De nombreuses associations et organisations, dont le NPA, militent contre la construction de cet aéroport symbole parfait du choix d’une société capitaliste et productiviste.

Des conséquences dramatiques à tout point de vue

Les conséquences pour l’emploi
L’emploi constitue l’argument principal des promoteurs du projet, argument qui ne tient pas.
Une centaine d’emplois directs (47 exploitations) plus 600 emplois indirects liés à l’agriculture locale sont immédiatement menacés sur Notre-Dame-des-Landes. La réalisation du projet mettrait en danger un site d’Airbus qui utilise l’actuel aéroport et compte 1 200 salariés. Les aéroports voisins seraient fragilisés voire supprimés, comme l’ont souhaité publiquement certains promoteurs du projet à NDDL. Cela équivaudrait à des destructions d’emplois à Angers, Rennes, et peut-être d’autres villes bretonnes. Les nouveaux emplois créés à Notre-Dame-des-Landes pour l’exploitation de la plateforme et les activités logistiques seraient tout juste délocalisés du sud de Nantes vers le nord de la ville. Certes, il y aurait création d’emplois temporaires pendant la réalisation des travaux, pour la plate­forme et le barreau routier. Mais ce n’est pas ce dont la population a besoin.

En quoi une nouvelle plateforme aéroportuaire, dans une région déjà desservie, créerait-elle de l’activité économique ? Les promoteurs du projet veulent un aéroport international, mais ils oublient la politique de hub des compagnies aériennes. Un hub excentré n’a aucun sens et les précédentes expériences de nouveaux aéroports (notamment Vatry, dans l’est parisien) ont échoué.
Il faudrait sans doute, à Notre-Dame-des-Landes comme ailleurs, subventionner des compagnies low-cost pour augmenter le nombre de vols. Les emplois ainsi créés seraient alors soumis au même marchandage honteux aux conditions sociales, comme à Montpellier récemment.

Des dégâts écologiques irrémédiables
Le village de Notre-Dame-des-Landes, 1 900 habitants, est situé au milieu d’un paysage de bocages. Près de 2 000 hectares sont concernés par l’emprise de l’aéroport. Cela entraînerait la destruction d’une des dernières zones de biodiversité exceptionnelle de Loire-Atlantique. Il existe des risques très importants liés à la pollution et à l’imperméabilisation de vastes surfaces en zone de bassins versants. L’urbanisation sur une quinzaine de kilomètres au nord de Nantes s’accélérera.

Une belle contribution à l’effet de serre
Le transport aérien représente 2 à 3 % des émissions de gaz à effet de serre. Vouloir augmenter de 6 millions de passagers (le projet vise 9 millions en 2050), c’est vouloir émettre 300 000 tonnes de gaz à effet de serre de plus par an (50 kg par passager sur la base d’un vol de 500 km). Bétonner 2 000 hectares de prairies et détruire un puits de carbone car les prairies ont un effet positif en emmagasinant du carbone dans les sols. Ce ne sont pas les toits végétalisés de l’aérogare qui compenseront cette destruction.

La destruction des terres agricoles
En lieu et place d’une zone bocagère d’élevage laitier (12 millions de litres de lait par an aux portes de Nantes) s’étendraient deux pistes, parkings, et quatre voies. 16, 5 % des terres de Loire-Atlantique sont déjà bétonnés et l’artificialisation y progresse plus vite qu’ailleurs. Soulignons qu’entre 2006 et 2009, la surface agricole française a perdu 279 000 hectares, soit près de la moitié d’un département français. C’est aussi l’équivalent de plus de 5 000 exploitations agricoles de taille moyenne.
Les grandes villes européennes dépendent de plus en plus de sources alimentaires délocalisées.
Pourtant les associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (Amap) se développent, représentatives d’un changement d’attente dans la société.
Les promoteurs eux-mêmes le reconnaissent puisqu’ils communiquent sur un projet d’Amap à destination des salariés à deux ans du démarrage prévisionnel des travaux, dans un bel effort de « green-washing ».

Un projet inscrit dans la compétition entre les territoires à l’échelle européenne
Les communautés urbaines de Nantes et de Rennes ont lancé une « conférence permanente » les réunissant. Elle a pour objectif d’améliorer l’attractivité internationale de l’ensemble Nantes-Rennes. L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et une LGV (pour les 100 km  séparant les deux villes !) se placent dans cet objectif. Les dirigeants PS imaginent une région qui attirera 1 million d’habitants. Ces projets d’infrastructure démesurée s’inscrivent dans une compétition au détriment des zones rurales, y compris proches. Les régions doivent se transformer en vitrines du capitalisme globalisé, symboles de la mondialisation et de la délocalisation, sans jamais demander à la population si c’est son choix de société.

Un gaspillage énergétique
Alors que les ressources en pétrole se raréfient et que nous devrons à l’avenir partager les énergies fossiles avec les pays émergents, le concessionnaire privé, pour rentabiliser un tel équipement cherchera coûte que coûte à développer le trafic aérien.
Aujourd’hui la région nantaise connaît déjà un déséquilibre économique au profit du nord de la Loire. Chaque matin, une partie des habitants du Sud traverse le fleuve ; les ponts et le périphérique connaissent de longs embouteillages, le matin dans le sens sud-nord et le soir dans le sens nord-sud. Le déplacement des activités liées à l’aéroport ne manquera pas de provoquer une augmentation de la circulation aux heures de pointe allongeant le temps de déplacement et augmentant la pollution.

Un détournement des fonds publics vers les multinationales bétonnières
Le budget initial est fixé à 560 millions, dont 254 de fonds publics (138, 5 pour l’État et 115, 5 pour les collectivités : 35 % région Pays de la Loire, 25 % Région Bretagne, 40 % collectivités locales). Le conseil général de Loire-Atlantique contribue, par exemple, à hauteur de 23 millions. L’emprunt prévu de cette somme générerait 1, 2 million d’euros d’intérêts par an (pour comparaison :
financement de la planification familiale par le CG en 2010 = 1 million d’euros).
La gestion des aéroports est maintenant exercée par des groupes privés, conformément aux réglementations européennes et au traité de Lisbonne. Les avances remboursables attribuées à Vinci, le constructeur puis concessionnaire pour 55 ans de la plateforme, ne seront effectivement remboursées qu’en cas de bénéfices substantiels du site : « Des financements qui pourront se voir remboursés sous forme d’un retour à meilleure fortune lié aux résultats de l’aéroport ». Cela veut dire que, si l’aéroport est déficitaire ou bénéficiaire en dessous d’un certain seuil, les contribuables financeront à presque 50 %. Il est très facile pour les groupes privés de transférer les bénéfices d’une filiale à l’autre et de voler impunément les collectivités locales.
Enfin l’investissement semble largement sous-estimé. En Grande-Bretagne, le projet d’agrandissement de l’aéroport de Stansted, à Londres, est estimé à
2, 9 milliards d’euros pour une piste, un terminal et une aire de stationnement des avions.

Les alternatives au projet

L’aéroport de Nantes-Atlantique avec son unique piste, ses 320 hectares, sa proximité du périphérique et de l’autoroute de Bordeaux est déjà un aéroport international.
Avec ses 3 millions de passagers et ses 40 000 mouvements annuels, il est loin de la saturation (voir graphique) et peut satisfaire largement la faible demande de transport aérien dans l’Ouest.

Les opposants mettent en avant plusieurs solutions qui permettraient :
• d’améliorer les procédures d’atterrissage pour diminuer les nuisances de l’actuel aéroport.
• de réduire fortement le survol des zones urbaines par un transfert du trafic vers Paris et Lyon sur le TGV qui supprimerait 30 % des mouvements, et la mise en place d’une interconnexion des aéroports de l’Ouest pour partager le trafic.
• d’éviter totalement tout survol de zone urbanisée dense en remplaçant la piste existante, orientée nord-sud par une autre piste orientée est-ouest. Ce nouveau tracé proposé par l’association Solidarités écologie est compatible avec les plans locaux d’urbanisation actuels et n’a fait l’objet d’aucune opposition sérieuse de la part des élus et techniciens auxquels il a été présenté (dossier complet sur www.solidarités-ecologie.org).

Les acteurs de la lutte

Les associations historiques locales 
•  Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Acipa), 3 360 adhérents, site http:/acipa.free.fr
• Association de défense des exploitants concernés par l’aéroport (Adeca), qui regroupe les agriculteurs directement touchés par le projet.
• Les Citoyens vigilants, regroupement d’individus de l’ensemble de la région nantaise, organisent des vigies (piquet de deux ou trois personnes) tous les jours alternativement devant les sièges du conseil général, conseil régional, communauté urbaine de Nantes et siège du PS.
• Les occupants de la Zone d’aménagement différé, renommée Zone à défendre (ZAD). • Les premiers se sont installés sur ces terres achetées par le conseil général à la suite du Camp climat de l’été 2009. Ils ont réaménagé les maisons laissées à l’abandon ou ont construit des cabanes. Ils tentent une expérience de vie collective, créent des jardins potagers, fabriquent leur pain. Les décisions sont prises au cours d’assemblées générales.
• Les comités locaux : ils se sont créés dans le Pays nantais, en Loire-Atlantique et en Bretagne.

La coordination des opposants à l’aéroport
Elle regroupe 35 organisations et est constituée d’associations locales (Acipa, Adeca, Solidarités écologie, Greenpeace 44…), d’associations nationales (Attac, Fédération nationale des associations des usagers des transports, Ligue de protection des oiseaux...), de partis politiques (Alliance écologiste indépendante, Les Alternatifs, Breizhistance, CAP 21, Europe Écologie-Les Verts, La France en action, Gauche unitaire, Le Modem, Mouvement des objecteurs de croissance, NPA, Parti de gauche).

Le Comité des élus doutant de la pertinence de l’aéroport
Il regroupe près d’un millier d’élus dont la moitié en Loire-Atlantique (http://aeroportnddl.fr).

Le Collectif national
Il regroupe partis politiques et associations nationales. Il assure le relais de la lutte et la popularise dans toute la France.

Une mobilisation permanente sur le terrain

Après l’enquête publique de l’automne, une campagne de prélèvements de terre au printemps, une série de forages a eu lieu pour la tour de contrôle. Mais les opposants au projet d’aéroport sont toujours là ! Dès le dimanche 6 juin, ils avaient érigé des barricades à l’entrée des champs concernés.

Un arbre est abattu en travers de la route d’accès. Les occupants de la Zone d’aménagement différé (terrains acquis par le conseil général) renommée Zone à défendre campent sur le site. Lundi 6 juin à 8 heures, le convoi arrive : un camion transportant un bulldozer, deux autres transportant les foreuses, camionnettes, le tout escorté par six camions de gardes mobiles en tenue anti-émeutes et guidé par les gendarmes locaux. Plutôt que de se trouver face aux opposants massés devant les barricades, ils passent dans le champ voisin, bulldozer en tête. Celui-ci ouvre une brèche dans la haie, comble le fossé et tout le convoi suit. Les groupes de manifestants qui tentent d’approcher sont copieusement arrosés de gaz lacrymogènes ainsi que le troupeau de vaches qui paissait tranquillement au fond du pré.

S’ensuit une guerre d’usure avec d’un côté une partie des opposants qui reste sur place, des petits groupes qui tentent d’approcher par les bois ou les champs proches et les gardes mobiles qui essayent de se déployer. L’atmosphère est extrêmement tendue surtout après l’arrestation d’un fermier qui est maintenu menotté, à genoux sur le marchepied d’un camion, tête sur la plateforme, surveillé par les gardes mobiles et un maître-chien. L’opposant est resté dans cette position une grande partie de la matinée. On sent une réelle volonté d’impressionner les manifestants. Il faut dire qu’un mois avant, des travaux préalables aux forages avaient été empêchés par la mobilisation rapide de 100 personnes. Les foreurs étaient repartis avec un constat d’huissier.
Les autorités s’attendaient à avoir du fil à retordre, et la campagne qui était prévue initialement sur quatre jours a été réduite à deux en doublant le matériel.

Mardi 7 juin, un hélicoptère survole la zone dès 5 heures du matin. 27 camions de gardes mobiles arrivent sur le site. Ceux-ci se déploient dans tous les champs limitrophes des parcelles où ont lieu les forages. Cette fois, ce sont non seulement les accès par les routes qui sont bloqués mais les chemins de terre sont aussi étroitement contrôlés.
Blog : http://ete-2011-resistance-ndl.blogspot.com/

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28 juin 2011 2 28 /06 /juin /2011 19:21

 

Aucun miracle technique venu d’un véhicule prétendu « plus propre » ne permettra de sortir du règne de la concurrence ni de l’aberration écologique et économique d’un système de surproduction et de gaspillages qui mise sur la voiture individuelle plutôt que sur les transports collectifs.

 

Pour défendre leurs emplois, leurs conditions de travail, les salariés de la filière auto n’ont d’autre choix que de s’organiser et d’unir leurs résistances, en refusant la concurrence entre les sites et le soutien à des plans de relance bidons. La production de nouveaux véhicules ne réglera rien, ni pour l’écologie ni pour l’emploi, alors que les restructurations et liquidations des sites ne visent que l’augmentation de la productivité pour toujours plus de profits.

C’est un plan de conversion sociale et écologique empiétant sur le pouvoir du capital qui serait nécessaire. Tout comme nous revendiquons une mise sous contrôle de la filière énergétique, avec la réquisition de grands groupes comme Total. Nous devons exiger que la production des modes de transport se fasse sous contrôle de la population et des salariés, dans le respect des objectifs environnementaux.

 

Il faut lier les luttes qui naissent sur le terrain, sans préalable, et à partir de celles-ci, porter l’exigence de l’appropriation collective des grands moyens de production et du partage du temps de travail. Pour arrêter les dégâts sur notre santé et notre environnement et pour ne pas rester les instruments d’un capitalisme ravageur.

 

Laurence Lyonnais

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28 juin 2011 2 28 /06 /juin /2011 19:12

Déclaration de la Conférence nationale du NPA pour l'élection présidentielle.

 

 

 

En Grèce, en Espagne et dans l’ensemble du monde arabe, des millions de manifestants s’opposent aux politiques des classes dominantes et des Etats pour faire payer la crise aux travailleurs et aux peuples. En France, le patronat, Sarkozy et son gouvernement sont engagés dans des attaques violentes et réactionnaires contre les travailleurs, les travailleuses, toutes les femmes, les jeunes et les immigréEs. Le NPA n’a de cesse, depuis sa création de proposer l’unité la plus large pour s’opposer à ces attaques, d’impulser et de participer à tous les cadres unitaires qui permettent d’être utile dans ce sens.

A l’occasion des élections qui viennent, présidentielles et législatives, nous voulons prolonger ces batailles quotidiennes en faisant entendre la voix des exploitéEs et des oppriméEs, du monde du travail, des immigréEs, des femmes, de la jeunesse, de toutes les victimes de l’austérité mise en place par un État soumis aux banques et au patronat, qui utilise le racisme et la xénophobie pour nous diviser. A partir des positions débattues et adoptées par notre parti depuis sa fondation, nous défendrons un programme de rupture avec le capitalisme, pour un autre partage des richesses, pour que les salariéEs et l’ensemble de la population ne paient pas la crise. C’est un programme pour les luttes, pour leur généralisation. C’est la seule voie, face à la crise sociale, politique et écologique qui ne saurait se résoudre dans le cadre d’une alternance, du respect des institutions et de la propriété privée. Un programme qui ne pourra être porté que par un gouvernement des travailleurs-ses, car seul leur contrôle et leur intervention directe peuvent renverser le système et changer le monde.

Dans ce contexte, la Conférence nationale du NPA présente la candidature de Philippe Poutou à l’élection présidentielle, militant du NPA, ouvrier syndicaliste qui anime depuis des années la lutte contre la fermeture de son entreprise face à un des premiers groupes industriels mondiaux de l’automobile. Il est un candidat anticapitaliste, féministe, écologiste, antiraciste, internationaliste.

Dans ces campagnes, le NPA fera entendre une voix qui condamne sans ambiguïtés les politiques d’austérité, qu’elles soient menées par la droite ou, comme en Grèce et en Espagne, par la gauche. Une voix totalement indépendante du PS et de ses alliés. Le NPA exige l’annulation de la dette, l’expropriation des banques, leur socialisation en un seul service public financier sous le contrôle de la population et des salariéEs mobiliséEs, la défense et l’amélioration des services publics aujourd’hui attaqués sous le prétexte de la dette.

Il souhaite faire entendre une voix, qui s'appuyant sur leurs mobilisations, défende les intérêts des salariéEs contre les suppressions d'emplois, pour l'interdiction des licenciements, la partage du temps de travail et pour des augmentations de salaires (300 euros nets d’augmentation, aucun salaire en dessous 1600 euros nets, indexation des salaires sur les prix) et pour en finir avec la souffrance au travail.

Une voix qui, quelques mois après la catastrophe de Fukushima, exige la sortie du nucléaire et l’expropriation d’EDF, GDF-Suez, Areva, Total… en un service public permettant une planification énergétique.

Une voix pour l’égalité des droits, pour la régularisation de tous les sans papiers, contre toutes les lois et les discours racistes, notamment la stigmatisation des Roms et des Musulmans. Une voix qui combatte le Front National, qui cache son soutien à toutes les attaques capitalistes derrière un discours pseudo-social.

Une voix qui dénonce et combatte fermement l’oppression des femmes, lutte contre toutes les discriminations et violences qu’elles subissent dans la sphère publique comme privée. Une voix qui lutte contre les discriminations que subissent les personnes lesbiennes, gays, bi, transgenres et inter sexes.

Une voix qui refuse la toute puissance du patronat et des banques, qui se bat pour une démocratie réelle, comme l’exigent les Indignés de la Puerta del Sol à Madrid, les manifestants grecs de la place Syntagma et les révolutionnaires du monde arabe. Une voix qui exprime sa solidarité avec toutes les luttes des opprimés, à commencer par celle du peuple palestinien.

Une voix pour construire une autre Europe, fondée non sur la concurrence mais sur la solidarité. Une Europe des travailleurs et des peuples. Une voix qui s’oppose aux interventions militaires et économiques de l’impérialisme français.

Dans les prochaines échéances électorales, nous ferons entendre un programme d’urgence, nous défendrons une politique aussi fidèle aux intérêts des travailleurs, que la droite et l’UMP, actuellement au gouvernement, le sont aux intérêts des riches.

Nous avons devant nous une bataille difficile et bien des obstacles. Dans un premier temps nous devons réussir toutes et tous ensemble à surmonter le barrage des 500 parrainages d’élus que la loi antidémocratique nous impose. Des divergences se sont exprimées au cours de la préparation de la Conférence nationale et en son sein. Notre parti doit maintenant se rassembler autour des exigences fondamentales qui nous réunissent.

Notre campagne associera une direction collective et des porte-paroles de campagne, dont nos deux porte-paroles nationales et Olivier Besancenot. Elle s’appuiera sur l’ensemble du parti. Nous appelons toutes celles et ceux qui le souhaitent à prendre leur place dans notre combat collectif.

Nanterre, le 26 juin 2011.

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28 juin 2011 2 28 /06 /juin /2011 17:20

VUE SUR LE SITE

 

http://www.npa-debatrevolutionnaire.org/

             

« La révolution permanente, au sens que Marx avait attribué à cette conception, signifie une révolution qui ne veut transiger avec aucune forme de domination de classe, qui ne s'arrête pas au stade démocratique mais passe aux mesures socialistes et à la guerre contre la réaction extérieure, une révolution dont chaque étape est contenue en germe dans l'étape précédente, une révolution qui ne finit qu'avec la liquidation totale de la société de classe. »

Léon Trotski, introduction à la Révolution permanente, 1929
 
La révolution commencée dans le monde arabe il y a six mois connaît en ce moment une nouvelle étape, tandis qu’en Grèce et en Espagne, des centaines de milliers de personnes se mobilisent pour affirmer le refus de payer la crise. Par delà les frontières, avec des rythmes et des intensités différentes, c’est bien une même contestation générale du capitalisme qui est en train de se construire, la révolution en permanence fraie son chemin.
 
En Égypte, les « vendredis de colère » retrouvent un regain de mobilisation. Le vendredi 27 mai, un million de personnes se rassemblaient sur la place Tahrir au Caire, 500 000 à Alexandrie, des dizaines de milliers dans beaucoup d’autres villes. Des manifestants l’ont renommé « vendredi de la deuxième révolution » et leurs revendications exigent notamment le jugement de Moubarak pour crime, la fin des procès contre les militants et les révolutionnaires, une réelle transition démocratique, la redistribution des richesses en faveur des pauvres. Le Conseil suprême des forces armées qui dirige le pays est contesté, et les promesses faites sur les augmentations du salaire minimum (+75% en juillet, pour atteindre 82 €, après 27 ans de blocage total) ne calment pas la révolte. Le mouvement populaire déstabilise d’ailleurs toutes les forces institutionnelles, puisque les Frères musulmans dénoncent publiquement le mouvement comme « contre révolutionnaire », conspirant contre l’armée. C’est un affrontement de classe qui se développe, contre l’État, l’armée, les partis institutionnels et les groupes religieux qui tous se raidissent.
 
Au Yémen, si la situation s’apparente à une guérilla entre clans rivaux, au point que le dictateur Ali Abdallah Saleh, blessé, a dû être évacué en Arabie saoudite, c’est bien la pression populaire, suite à quatre mois de manifestations durement réprimées, qui a affaibli le pouvoir en place, ouvrant le chemin aux forces concurrentes du cheikh Sadek al-Ahmar. Craignant une déstabilisation complète de ce régime, les dirigeants d’Arabie et d’Europe appellent à une trêve immédiate… pour essayer de garder le contrôle de ce territoire, si vital pour le trafic pétrolier à l’entrée de la Mer Rouge. Et tout laisse penser que le cheikh se montrera responsable vis-à-vis de l’impérialisme, lui qui a déjà accepté cette trêve.
 
Au Maroc, la contestation a franchi une nouvelle étape le week-end dernier. Plus de 60 000 manifestants à Casablanca, 10 000 à Rabat, ont bravé l’interdiction et la répression pour porter des revendications démocratiques qui peuvent sembler timides, comme « un roi qui règne mais ne gouverne pas ». Mais la mobilisationrévèle surtout qu’une partie importante de la population estime qu’il serait vain d’attendre de Mohammed VI des réformes sans faire pression sur lui, une étape qui prépare des ruptures plus profondes.
 
Face à cette nouvelle vague de la révolution dans le monde arabe, les marges de manœuvres des États se réduisent, et ils durcissent le ton… tout en essayant de donner le change en prétendant être à l’écoute des aspirations démocratiques des peuples.
 
Cette contradiction a été au centre du dernier sommet du G8 fin mai à Deauville, qui a bien illustré à quel point les dirigeants du monde sont déstabilisés par la crise de leur propre système. Bousculés par les révolutions du monde arabe comme par la mobilisation des jeunes et des « indignés » d’Espagne puis de Grèce, les puissants parlent d’« un nouvel élan pour la liberté et la démocratie ». Mais les mesures annoncées, un « nouveau plan Marshall » pour le monde arabe, aggraveront davantage encore la crise internationale des dettes publiques dont la finance tire profit. Elles ne peuvent que renforcer encore la colère des peuples. Pas étonnant alors que le G8 ait déclaré aussi que « Kadhafi doit partir ». L’impérialisme saisit l’occasion que le dictateur libyen lui offre pour renforcer son intervention militaire au cœur de la région, exercer une pression sur les peuples en révolte, et depuis le week-end dernier, les bombardements de Tripoli ont été intensifiés préparant probablement une intervention terrestre.
 
Face à eux, les travailleurs et la jeunesse reprennent confiance dans leur propre force, s’affirmant « sans peur », criant « dégage »,revendiquant « la démocratie maintenant », portant leurs exigences sociales et écologiques. Ainsi, en Grèce, la mobilisation reprend, suite au nouveau plan imposé par le FMI. Plus de cent mille manifestants de la place Syntagma à Athènes ont proclamé fin mai « la dette n’est pas la nôtre. Démocratie directe, maintenant ! Égalité, justice et dignité ! On ne perd une lutte que lorsqu’on ne la commence pas ! ». Et le 5 juin, ils étaient encore des dizaines de milliers, à l’appel entre autre des « indignés », à traiter les députés de « voleurs » et à dénoncer la « troïka » de l’UE, du FMI, et de la BCE. Des appels à la grève générale se font de plus en plus nombreux, certains revendiquant « qu’ils s’en aillent tous ».
 
Les intérêts opposés de la bourgeoisie et du prolétariat, l'immense majorité de la population, sont mis à nus. Les dirigeants du monde naviguent dans les doubles discours et doubles jeux, pour essayer de légitimer leur action entièrement favorable aux classes dominantes… et dissimuler dans le même temps qu’ils sont bien incapables de régler les crises de ce système.
 
La force de la lame de fond des mobilisations populaires oblige ainsi Obama à déclarer dans son discours du 19 mai sur le monde arabe qu’il entendait « montrer que l’Amérique valorise davantage désormais la dignité du vendeur de rue en Tunisie que le pouvoir brut du dictateur » ! Et quand il se prétend partisan d’un État palestinien sur les frontières de 1967 (avant de se reprendre deux jours après), en se démarquant d’Israël, l’allié encombrant, sa seule préoccupation est d’essayer de se faire passer pour « l’ami » des peuples arabes, dans la continuité de son discours du Caire de 2009. Le double jeu est permanent comme le montre la montée en puissance de l’intervention militaire en Libye pendant qu’El Assad a les mains libres pour réprimer dans le sang le peuple syrien. La seule fin des dirigeants du G8 est leur propre intérêt, organiser le redéploiement de leur puissance, assurer le maintien de leur ordre, quelques soient les changements du monde… « tout changer pour que rien ne change » écrivait Lampedusa.
 
Tous ces calculs, ces doubles jeux, montrent que les puissants n’ont aucune réponse réelle aux problèmes de la population mondiale : ils sont le problème, puisqu’ils agissent pour défendre à l’échelle mondiale l’appropriation privée par la finance des profits produits par le travail ; alors que l’aspiration des peuples, des travailleurs, de la jeunesse est de pouvoir jouir des fruits de leur travail, des progrès économiques, sociaux, démocratiques, et de cette culture nouvelle qui diffuse la contestation internationalement et à la vitesse de l’électronique.
 
Appropriation privée contre production socialisée, cette contradiction expliquée par Marx ne peut trouver sa résolution que dans la révolution. Trotski poursuit cette idée dans sa théorie de la révolution permanente : « le développement général du capitalisme se heurte à des barrières infranchissables faites de contradictions entre lesquelles ce développement connaît de furieux remous. C'est cela qui donne à l'époque un caractère de révolution et à la révolution un caractère permanent. » (L’Internationale communiste après Lénine, 1928).
 
N’est-ce pas un raccourci saisissant de la situation que nous vivons aujourd’hui ? Une description qui nous aide à nous préparer pour la suite, à anticiper la courbe du développement de l’affrontement entre les classes, à formuler les problèmes qui se posent à ceux qui veulent être utiles dans ce basculement du monde.
 
Déjà, les peuples ont apporté leur réponse à ceux qui, après de grands enthousiasmes ou des silences gênés, proclamaient que la révolution était aussitôt terminée, qu’il fallait maintenant laisser du temps aux « transitions démocratiques »…
 
Ils ont commencé à apporter aussi des réponses à une partie des militants révolutionnaires… qui ne voient pas la révolution à l’œuvre, comme par exemple les dirigeants de Lutte ouvrière qui écrivent « il est stupide de baptiser pompeusement ce qui se déroule dans les pays arabes du nom de ‘révolution’ »… et décrètent du haut de leur expertise que « le mouvement le deviendra peut-être car les masses apprennent dans le mouvement, dans la confrontation des classes sociales et ne peuvent apprendre que de cette manière-là. » (revue Lutte de classe, mars 2011). Certes… mais n’est-ce pas un affrontement de classe qui a déjà fait tomber deux dictateurs ? Bien sûr, le prolétariat n’a pas encore pris le pouvoir ni en Tunisie, ni en Égypte… mais il faut au moins voir qu’il y a une ère de révolutions qui s’ouvre pour pouvoir en débattre, chercher à comprendre où en est ce processus, vers où peut-il aller… Comment se contenter du « un jour, les travailleurs, peut-être… » si cher aux camarades de LO, alors que les contradictions du capitalisme ouvrent une nouvelle période sous nos yeux et nous obligent à formuler aujourd’hui pour les travailleurs une perspective de transformation révolutionnaire de la société à partir des mobilisations en cours, des aspirations et exigences qu'elles formulent ?

Les origines de la vague révolutionnaire actuelle

Les contradictions du capitalisme qui ont abouti il y a six mois à l’explosion révolutionnaire en Tunisie et en Égypte sont encore à l’œuvre et aboutissent à une nouvelle étape dans le processus engagé.

La jeunesse est toujours sans travail. Les droits et les aspirations des travailleurs, sociales et démocratiques, sont toujours bafoués. Les racines de la contestation sont profondes, elles sont le produit du capitalisme lui-même, de ses contradictions, qui ont donné sa portée internationale à la révolution arabe, trouvant son écho dans tous les pays de la région, et plus largement à l’échelle de la planète.
 
« Dans la mesure où le capitalisme a créé le marché mondial, la division mondiale du travail et les forces productives mondiales, il a préparé l'ensemble de l'économie mondiale à la reconstruction socialiste » écrit Trotski dans La révolution permanente. La « reconstruction socialiste » n’est certes pas encore commencée, mais le capitalisme a effectivement préparé les conditions de cette perspective, plantés les germes de la révolution… paradoxalement en affaiblissant ses propres points d’appui dans les pays pauvres.
 
Des décennies d’attaques impérialistes ont eu raison des rapports de forces imposés par les peuples au moment de la révolution anticoloniale. L’endettement des plans d’industrialisation des années 1970 a eu pour conséquences les « plans d’ajustement structurel » de la dette par le FMI et la Banque Mondiale dans les années 1980, eux-mêmes ouvrant la voie à l’offensive libérale-impérialiste de la mondialisation, les privatisations, la libre-circulation des capitaux et des marchandises, cette liberté des plus puissants contre les plus faibles.
 
En affaiblissant ainsi ces États pour élargir leur domination, en dissolvant l’ordre établi, les puissances impérialistes ont bien involontairement ouvert la voie de la révolution là où les maillons de la chaine étaient les plus faibles.
 
La révolte du peuple tunisien l’a bien montré en renversant Ben Ali, héritier usurpateur et corrompu des luttes de libération contre le colonialisme. La nouvelle génération de travailleurs et de jeunes, sans complexe ni nostalgie, s’avère libérée des limites des générations précédentes dont le combat n’avait pu aller au bout « de la liquidation de la société de classe ». Les luttes d’émancipation étaient prisonnières du partage du monde entre les deux blocs de la Guerre froide, où face à l’impérialisme de l’OTAN, l’URSS stalinienne représentait un ordre conservateur, contre-révolutionnaire. Malgré l’extraordinaire mobilisation de centaines de millions d’hommes et femmes, pendant deux décennies, dans des dizaines de pays, le processus de la révolution permanente était paralysé, empêché de trouver le chemin vers les classes ouvrières des pays riches, empêché d’aller au bout de ses possibilités.
 
Aujourd’hui, les attaques de la mondialisation libérale et impérialiste font voler en éclat les rapports issus de cette période, de la même façon qu’elles avaient abouti à l’effondrement de l’URSS.
 
Après deux décennies de dissolution des anciens rapports de domination et de partage du monde, les peuples commencent à apporter leur réponse à ceux qui, en 1991, au moment de la chute de l’URSS, affirmaient comme Francis Fukuyama qu’on atteignait « la fin de l’histoire » par un prétendu consensus général en faveur de la « démocratie libérale ». Le marché et la démocratie allaient progresser de pair… Tout au contraire, les conquêtes du marché se sont faites en s’appuyant sur les dictatures héritées de la période précédente, créant les conditions d’une contestation globale : pour les droits sociaux et pour la démocratie, dans la continuité de la longue histoire des luttes des opprimés.
 
Quelles perspectives aujourd'hui ?

Car ce sont bien les travailleurs et les peuples opprimés qui incarnent l'avenir démocratique en luttant pour leurs droits. La force de la première vague de la révolution a déjà été extraordinaire, en Tunisie et en Égypte bien sûr, avec le renversement de Ben Ali et Moubarak, mais aussi dans tous les autres pays où la contestation s’est étendue, s'approfondit, où elle fait face courageusement à la répression comme en Syrie.

Dans ces deux pays, une première vague a bousculé les pouvoirs en place, même si les États n’ont pas été renversés et si de nombreux notables ont pu se recycler, quand ce ne sont pas les forces armées qui ont donné temporairement le change en prétendant être du côté de la rue… tout en assurant aux puissances impérialistes qu’elles garantiraient la continuité de l’ordre.
 
Une deuxième étape commence. Les grèves, les manifestations, posent de nouveaux les revendications sociales et démocratiques non satisfaites depuis six mois, elles font un pas en avant et chaque problème - date des élections, nouvelle constitution, montant des salaires, sort des prisonniers politiques, procès des anciens dirigeants… - semble être l’objet d’une intense bataille politique à travers laquelle la conscience de classe se construit face au pouvoir.
 
Les « gouvernements provisoires » sont contestés, leur politique soumise à la critique de la rue qui s’interroge devant ces vieux ou jeunes notables se proclamant tous aujourd’hui « révolutionnaires ». La rue voit de mieux en mieux que les prétendus « révolutionnaires » des gouvernements de « transition démocratique » travaillent surtout pour le retour de l’ordre contre les forces vives et populaires de la révolution.
 
Cette nouvelle étape qui semble plus engagée en Égypte fait la démonstration que les États actuels, même sous la pression des masses, ne peuvent ni satisfaire les intérêts des travailleurs et de la jeunesse, ni même diriger par des méthodes démocratiques. Les exigences populaires sont trop fortes, l’État se raidit, réprime, pour défendre les intérêts bourgeois, l’ordre. Se dessine sous nos yeux, concrètement, la thèse de la révolution permanente qui explique qu’une révolution ne peut pas concilier la domination de la bourgeoisie avec la satisfaction des exigences démocratiques et sociales de la majorité de la population.
 
A travers ces batailles, les travailleurs et la jeunesse du monde arabe remettent à l’ordre du jour la question du pouvoir des travailleurs, de leur gouvernement, question qui n’avait plus été posée concrètement à cette échelle depuis des décennies, et qui nous permet d’éclairer à nouveau la signification même de la révolution, quand tant de caricatures l’ont transformée en un impossible « grand soir », une grève générale insurrectionnelle sans perspective politique, sans parler de ceux qui veulent l’enfermer dans les urnes…
 
La situation actuelle commence à dessiner aussi que la perspective du pouvoir des travailleurs est indissociable d’une lutte internationale. Même si chaque pays à ses propres caractéristiques nationales, tout le monde a été frappé de la rapidité avec laquelle la vague révolutionnaire s’est étendue à tous les peuples d’Afrique du Nord et du Proche orient, la révolte, les exigences, les mots d’ordre passant les frontières.
 
Dans le même temps, les différences historiques et politiques entre ces pays ont montré leur importance au cours des six derniers mois durant lesquels les événements ont pris des tournures très différentes : difficultés de mobilisation en Algérie après des années de terreur ; terrible répression en Syrie et à Bahreïn ; mobilisation populaire mêlée de conflits entre cliques rivales pour le pouvoir au Yémen ; répression et manœuvres incertaines du roi du Maroc pour tenter d’apaiser la contestation ; vague impossible à arrêter en Tunisie et en Égypte ; extrême division régionale en Lybie dont Kadhafi s’est servi pour asseoir son clientélisme financé par la rente pétrolière.
 
Mais si ces différences nationales sont déterminantes et conditionnent chaque étape du processus révolutionnaire, les peuples font la démonstration, à travers leurs différentes luttes, que leurs revendications se rejoignent : ce qui est à l’ordre du jour, c’est la nécessité d’un projet politique unissant revendications sociales et démocratiques dans une même contestation générale et internationale du capitalisme, c’est une révolution en permanence qui permettra d’imposer ces exigences dans tous les pays de la région, et au-delà : « La révolution socialiste commence sur le terrain national, se développe sur l'arène internationale et s'achève sur l'arène mondiale. Ainsi la révolution socialiste devient permanente au sens nouveau et le plus large du terme : elle ne s'achève que dans le triomphe définitif de la nouvelle société sur toute notre planète. » (La révolution permanente)
 
Dès maintenant, chacune de ces révolutions a besoin de sa voisine pour aller plus loin. Et dans une perspective de victoire, pour avoir la force de renverser les pouvoirs bourgeois, elles ont besoin dès maintenant de trouver des alliés dans les classes ouvrières des pays impérialistes pour s’opposer aux interventions militaires, pour imposer l’annulation des dettes publiques…
 
Cette perspective invite aussi à rediscuter des prétendues expériences de « socialisme national ». Bien sûr, du côté de la Chine, plus personne n’attend rien de révolutionnaire depuis longtemps. Mais le Venezuela de Chavez, avec son affichage prétendument internationaliste en faveur d’un « socialisme du 21ème siècle » a suscité bien des illusions ces dernières années. L’une comme l’autre ont pleinement confirmé, au cours des mois qui viennent de s’écouler qu’ils n’avaient pas d’autres buts que la défense de leur intérêt d’État national, hostiles aux révolutions en cours, confirmant la thèse de Trotsky selon laquelle « la division mondiale du travail, la dépendance de l'industrie [il parlait pour l’URSS, mais cela vaut pour tous les pays] à l'égard de la technique étrangère, la dépendance des forces productives des pays avancés à l'égard des matières premières etc., rendent impossible la construction d'une société socialiste autonome, isolée dans n'importe quelle contrée du monde. » (R. P.) Une nouvelle fois, le socialisme à l’échelle nationale se révèle comme une imposture.
 
Pour mener à bout les transformations démocratique et sociale revendiquées par la révolte des peuples, c’est le problème d’une autre répartition des richesses à l’échelle de l’économie mondiale qui est posé, par l’annulation de cette dette publique qui saigne tous les pays, par la mise sous contrôle et l’expropriation de la finance. Cette remise en cause de la propriété privée, du pillage impérialiste et de la division internationale du travail, ne pourra être victorieuse que si elle est menée conjointement par les classes ouvrières des pays riches et des pays dominés : « la théorie de la révolution permanente envisage le caractère international de la révolution socialiste qui résulte de l'état présent de l'économie et de la structure sociale de l'humanité. L'internationalisme n'est pas un principe abstrait : il ne constitue que le reflet politique et théorique du caractère mondial de l'économie, du développement mondial des forces productives et de l'élan mondial de la lutte de classe. La révolution socialiste commence sur le terrain national, mais elle ne peut en rester là. »(Introduction à la révolution permanente)
 
Dans le creuset de la mondialisation, le capital engendre ses propres fossoyeurs…

Cette perspective qui avait pu paraitre abstraite et lointaine pendant des décennies, depuis en fait que le stalinisme l’avait enterrée dans sa contre-révolution du « socialisme dans un seul pays », commence à revenir au devant de la scène politique, la révolution permanente retrouve son actualité.

Nous sommes frappés par les similitudes d’une jeunesse travailleuse, à la fois cultivée et précarisée par la mondialisation capitaliste, de l’Iran à la Tunisie en passant par l’Espagne... Bien sûr, les conditions de vie sont différentes, mais les classes pauvres se rejoignent dans la même exclusion des richesses qu’elles produisent, la même interdiction de jouir des biens et services diffusés par tous les satellites, l’inaccessible sous les yeux en permanence.
 
Ce sont les conditions matérielles, qui comprennent aussi bien les conditions de vie que les idées et leur diffusion, qui créent la communauté de révolte et de revendications. La mondialisation a créé une classe ouvrière mondiale sans que le capital mesure le basculement du monde qu’il provoquait lui-même.
 
Le développement inégal et combiné imposé par le capital aggrave depuis longtemps les inégalités et les injustices. La division internationale du travail fait que des pays, des continents entiers, continuent d’être les pourvoyeurs de matières premières dont les cours sont négociés dans les capitales des pays riches, par les multinationales de l’industrie, de la distribution, de la finance.
 
Mais à cette situation héritée du colonialisme et des années 70, a succédé une nouvelle phase modifiant significativement la division internationale du travail au point que des pays pauvres ont supplanté la fonction des métropoles capitalistes, en devenant à leur place « l’atelier du monde », Chine, Inde, Brésil, Turquie, etc. En quelques décennies, des centaines de millions de paysans de ces pays, mais aussi en Afrique, en Amérique latine, ont été arrachés à leurs campagnes, transformés en prolétaires au cœur et en périphérie des grandes villes. L’explosion urbaine des pays pauvres est venue de ce mouvement. Ces conséquences politiques sont en train de se faire jour maintenant, de la même façon que l’exode rural et le développement du capitalisme en Europe au 19ème siècle s’étaient traduits par des révolutions, la naissance du mouvement ouvrier, les luttes pour les droits démocratiques, pour le socialisme.
 
Derrière la « croissance des pays émergents » dont parlent les économistes ne pensant qu’au PIB, se manifeste la croissance de ceux qui produisent le PIB : le poids social, politique, et numérique de la classe ouvrière. Avec les « investissements étrangers », les délocalisations et les migrations internationales, de fait, c’est un marché international du travail qui s’est construit dans le cadre de la mondialisation. Les travailleurs de tous les continents sont mis en concurrence directe… et en relation. Les compétences et les techniques sont partagées, et avec elles, les idées. Une conscience commune commence à se forger d’appartenir à la classe mondiale qui crée les richesses d’un même et unique monde globalisé, tout en étant privé de leur jouissance.
 
Quant aux moyens techniques qui ont rendu possible la mondialisation, les flux permanents électroniques, maritimes, aériens, ils sont des vecteurs passant par-dessus les frontières et les censures que les travailleurs ont commencé à utiliser pour leur propre compte. C’est bien cela la signification de la « e-révolution » ou « révolution 2.0 » que le sommet du G8 a voulu récupérer, Sarkozy n’ayant que le contrôle et la censure à proposer…
 
… Vers le pouvoir des travailleurs

De tous les mouvements actuels, ressortent sous différentes formes les mêmes questions : quelle démocratie ? qui décide ? Et la première réponse commune qui vient et gagne tous les cœurs, c’est le « dégage » à l’égard des pouvoirs en place, l’exigence de la « démocratie réelle, maintenant ». Cette révolte ouvre de fait la question d’un rejet des institutions, d’une rupture, et du pouvoir pour quelle classe sociale, car les problèmes démocratiques sont posés en même temps que l’exigence du travail pour tous, des conditions de vie décente, des revendications environnementales, l’annulation de la dette publique…

La révolution « ne s'arrête pas au stade démocratique mais passe aux mesures socialistes » pose Trotsky. Les revendications sociales et politiques marchent de pair, inséparables, et les pouvoirs bourgeois ne peuvent y répondre. Elles sont « socialistes » parce qu’elles aboutissent à une remise en cause de la propriété privée pour pouvoir être satisfaites. C’est bien là la signification d’un « programme de transition ». Ce n’est pas un programme qui permet de faire une transition, une pause, entre une étape où quelques mesures seraient adoptées, et  une étape révolutionnaire qui serait plus lointaine. C’est un programme qui milite pour que la lutte pour les revendications urgentes conduise à la prise du pouvoir par les travailleurs, seul moyen de les satisfaire, de les garantir.
 
En effet, quel gouvernement pourrait aller jusqu’à de telles mesures, si ce n’est un gouvernement des travailleurs, des chômeurs, de la jeunesse ? Un gouvernement qui ferait clairement un choix de classe, les intérêts internationaux du prolétariat, contre ceux des classes dominantes.
 
Les problèmes se posent, font leur chemin, même si personne aujourd’hui ne peut dire comment les réponses vont se construire. Comment les travailleurs et la jeunesse bâtissent-ils leur démocratie directe, leur propre pouvoir face à celui des États ? Quelle est la réalité des assemblées générales pour diriger démocratiquement les mobilisations, aussi bien dans les quartiers que dans les usines, les bureaux, les lycées et les facs, tous les lieux de vie et de travail ?
 
Ce qui s’est passé et se passe sur les places de la Kasbah de Tunis, Tahrir au Caire, Syntagma à Athènes, en cheminant par la Puerta del Sol ou la plaça de Catalunya en Espagne, montre bien que le cadre de l’émancipation est la réunion la plus large des opprimés, dans un même lieu, pour débattre et décider. Et que face à un pouvoir centralisé et répressif, la coordination de ces assemblées sera une étape indispensable. Les besoins démocratiques sont en train de créer les cadres nécessaires, même si de nombreux obstacles et problèmes politiques sont là, devant nous. Et notamment comment poser, à partir des exigences de fait anticapitalistes et démocratiques, la question du pouvoir des masses pour le socialisme ?
 
« La démocratie réelle, maintenant » cela signifie la lutte pour le pouvoir, un pouvoir garantissant aux travailleurs, aux opprimés les moyens de contrôler la marche de la société, de décider. Même si, selon les pays, les rythmes sont différents, si le mouvement connait et connaîtra des pauses, des avancées, des reculs, globalement, un long processus est engagé, s’internationalise, s’approfondit. Nos propres combats s’inscrivent dans ce processus, dans la même perspective.

François Minvielle

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19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 13:42

Contre les requins du privé, refonder les services publics de l’énergie
 
 La réponse aux besoins énergétiques est de même nature que pour tous nos besoins de base : eau, santé, éducation... Ils ne peuvent s’accommoder des aléas du marché, être livrés aux enchères du moment, nourrir un parasitisme financier vorace et dévastateur pour la planète. Un vrai service public de l’électricité, débarrassé de l’énergie nucléaire, cogéré par les salariés et les usagers aurait à évoluer d’un mode de production hypercentralisé (dix-neuf centres de production ectronucléaire) à des productions décentralisées, avec une variété de sources d’énergie, des unités plus nombreuses et de taille plus modeste, soumises au contrôle démocratique des populations concernées.

 

L’articulation entre régies locales et entreprise publique nationale, qui garderait la responsabilité totale du réseau de transport et de distribution, permettrait de réaliser l’égalité dans l’accès à l’énergie sur tout le territoire. Un tel service public aurait aussi pour mission de centraliser l’évaluation des potentiels d’économies énergétiques et de mise en place d’énergies renouvelables. Une coopération au niveau européen (vers un service public européen...) doit par ailleurs permettre une mutualisation des productions afin d’assurer un approvisionnement constant.

 

Enfin, le transfert gratuit de technologies des énergies renouvelables vers les pays du Sud, permettant un développement écologiquement viable, doit pouvoir être pris en charge par un tel service public.
 
 Les objectifs financiers, productivistes et « croissantistes » qui sont en centre des sociétés privées cotées en Bourse vont à l’encontre de la logique d’une production écologiquement et socialement responsable.

Il n’y aura pas de sortie du nucléaire sans s’en prendre à ces multinationales de l’énergie, sans les réquisitionner et utiliser leurs profits pour reconvertir l’outil industriel énergétique à des fins sociales et écologiques".

 

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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 18:24
Et maintenant, ils veulent faire les poches aux pauvres...

Malgré les besoins flagrants de la population, patronat et gouvernement refusent d’augmenter salaires, pensions et autres allocations.
 

Plus fort encore, c’est aux plus précarisés qu’ils ont décidé de s’en prendre.

La question des salaires, du pouvoir d’achat, est devenue pour la majorité des salariés, du privé comme du public, des chômeurs, des retraités, la préoccupation principale. Les fins de mois deviennent de plus en plus difficiles pour la majorité de la population. Les prix des produits de première nécessité, gonflés par la spéculation, n’en finissent plus d’augmenter comme ceux de l’énergie, du logement, du transport et des denrées alimentaires. En 2010, les légumes frais ont augmenté de 11 %, le fioul domestique de 23, 2 %. L’indice Insee des prix à la consommation a augmenté de 2 % en un an, alors même qu’il minimise la hausse des dépenses d’une famille de salariés. Toutes les décisions et réformes du gouvernement aggravent cette situation : baisse des remboursements des dépenses de santé, de l’indemnisation des chômeurs, érosion des pensions des retraités... Cette politique, sans grande surprise, n’a fait qu’accentuer les inégalités. Selon les derniers chiffres de l’Insee, les riches sont de plus en plus riches. Entre 1996 et 2008, les revenus du patrimoine ont augmenté de 11 % par an. Pendant ce temps, les pauvres sont devenus de plus en plus pauvres ! Depuis 2004, « le niveau de vie des personnes les plus modestes a cessé d’augmenter alors que celui des plus aisées a continué sa progression. Ce sont les privés d’emploi qui sont les plus touchés par la hausse de la pauvreté ». 35 % d’entre eux vivent avec moins de 950 euros par mois.

 

Mais cela semble encore trop pour le gouvernement puisque Laurent Wauqiez, ministre des Affaires européennes, propose de mettre fin « aux dérives de l’assistanat », de contraindre les « bénéficiaires » du RSA à cinq heures hebdomadaires de « service social » et de « plafonner le cumul des minimas sociaux ». Développant ainsi un peu plus, un des thèmes de prédilection de l’UMP et du Medef, la lutte contre « l’assistanat » sous prétexte de la dette, de la crise. Et voulant ainsi mettre en place la même politique d’austérité contre les pauvres que l’ensemble des pays européens comme par exemple le Royaume-Uni où le gouvernement de David Cameron fait la chasse à la « culture de l’assistance » qui gangrènerait la société britannique. Depuis plus deux ans, la dette publique est un prétexte en or pour les gouvernements comme pour le patronat pour attaquer l’ensemble de nos acquis et nous imposer des reculs sociaux. Mais cette dette publique a été creusée par les milliards versés aux banquiers, par les cadeaux fiscaux en tout genre pour les patrons, les actionnaires et les plus riches.
 

Face à cela, le bilan des négociations salariales 2011 est clair : les patrons sont vent debout pour bloquer les salaires ou ne donner que des augmentations dérisoires. Et l’État patron refuse toute augmentation des traitements des fonctionnaires pour 2011 et 2012. Leur argument tourne en boucle : c’est la crise, il n’y a pas d’argent. Cela n’empêche pas qu’entre 2008 et 2009, les dividendes versés aux actionnaires des entreprises marchandes ont été augmentés de 4 milliards pendant que, dans les mêmes entreprises les salaires ont été réduits de 7 milliards.

De l’argent, il y en a
Depuis la crise de 2008, les patrons sont repartis à la course aux profits, mis à mal par la crise des banques et la récession. L’État a renfloué les banques à coup de centaines de milliards, puis imposé l’austérité au nom de la dette. Au total, les travailleurs passent trois fois à la caisse : comme contribuable, comme victime des coupes budgétaires et comme salariés subissant la perte de pouvoir d’achat. En clair, les entreprises et les actionnaires sont en train de se refaire une santé sur notre dos. L’annonce des augmentations de salaires des patrons du CAC 40 en est un dernier exemple. Au total, en 2010, ces 40 patrons se sont partagé 93, 3 millions d’euros. Soit l’équivalent du salaire annuel de plus de 6 000 salariés payés au Smic.
Ce n’est pas l’argent qui manque pour augmenter l’ensemble des revenus de 300 euros net pour tous et toutes, pour qu’aucun revenu ni minima social ne soit inférieur à 1 500 euros net, que l’on soit au chômage, en activité ou à la retraite. Il suffit de prendre l’argent où il est, c’est-à-dire dans les poches du patronat et non dans celles des pauvres. Pour cela, il faudra un sacré rapport de forces en faveur du monde du travail, c’est certain. Préparons-nous dès maintenant à un nouveau « tous ensemble », répandons l’idée autour de nous qu’il y en marre des bagarres isolées. Les patrons ne lâcheront rien sans qu’on leur fasse suffisamment peur. C’est bien un nouveau partage des richesses, imposé par nos luttes, que nous revendiquons.

Sandra Demarcq

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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 18:22
Communiqué du NPA.
Strauss-Kahn démissionne, le FMI affameur des peuples reste.

 

La démission de D. Strauss-Kahn n'est que la suite logique de son inculpation pour agression sexuelle, tentative de viol sur la personne d'une femme de chambre.

Sous sa présidence, le FMI s'est évertué à élaborer des plans pour faire payer la crise du système capitaliste aux travailleurs et aux peuples. La dette publique, rançon des dizaines de milliards d'euros versés par les gouvernements pour le sauvetage des banques, s'est envolée.

 

En Grèce, au Portugal, en Irlande, en Roumanie la facture s'est appelée réduction des salaires et des pensions, pouvoir d'achat dégradé, recul de l'âge légal de départ en retaite, crédits publics annulés, privatisation des services et des biens publics.

Mais, après la première vague de plans d'austérité, une seconde purge est en préparation, concernant notamment la Grèce. Pour la période 2010-2015, c'était 23 milliards d'euros d'économie que le peuple grec devait supporter.

 

Aujourd'hui, le FMI met la pression pour en rajouter une couche supplémentaire avec comme conséquence la fermeture d'écoles, des suppressions dans le secteur de la santé, notamment.

C'est pourquoi, D. Strauss-Kahn parti, la politique de sauvetage du système capitaliste sur le dos des peuples reste et il s'agit de construire les mobilisations au niveau international pour s'y opposer.

 

Le 19 mai 2011.

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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 10:01
PS : un programme FMI compatible !

Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 98 (14/04/11)

 

Dans l’histoire des programmes électoraux du Parti socialiste, la modération extrême de celui-ci retient l’attention. Il cristallise un mouvement long d’adaptation du PS au système capitaliste et sa transformation en parti d’alternance. Au prix du renoncement à réduire les inégalités.

Où sont donc passées les classes populaires dans les préoccupations d’un parti qui se dit de gauche ? Aucune mesure ne s’attaque aux fléaux sociaux qui touchent la société française : aucun projet de revalorisation des revenus du travail, aucun réengagement dans des services publics aujourd’hui cassés et privatisés, aucune mesure phare contre le chômage de masse (4, 5 millions de sans-emploi).

 

On se rappelle des 35 heures du programme de la future gauche plurielle de 1997, comme d’archéologie car on serait en peine de trouver ne serait-ce que le mot de réduction du temps de travail parmi les mesures envisagées. L’annonce du blocage des loyers, du plafonnement du salaire des PDG – mais uniquement dans le public – font pâle figure tout comme les emplois-jeunes, qui ne sont que des emplois précaires ne débouchant pas sur une embauche en CDI. L’allocation d’autonomie, vieux serpent de mer instrumentalisé le temps d’une élection pour être immédiatement vidée de son sens, n’est ni prévue pour l’ensemble des jeunes en formation ni financée, et son calendrier d’application n’est pas fixé ! En matière de créations d’emplois d’ailleurs, la priorité est clairement donnée à la police nationale (10 000 postes), alors que l’Éducation nationale devra se contenter de redéploiement d’emplois.
Quant à la loi sur les retraites qui a mobilisé des millions de grévistes et de manifestants à l’automne dernier, on ne trouve aucune trace de son abrogation. La possibilité légale de partir à 60 ans est rétablie, mais Martine Aubry a réaffirmé l’engagement du PS en faveur de l’allongement de la durée de cotisation ! Tandis que Dominique Strauss-Kahn, qui trouvera peu de mesures contraignantes du point de vue « FMI », s’est prononcé en faveur d’un allongement supplémentaire de l’âge légal de départ à la retraite.
Rien non plus sur une autre répartition des richesses, l’augmentation générale des salaires alors que les profits des grosses entreprises ne cessent d’augmenter, ni sur la régularisation de tous les sans-papiers. Pour tout le reste, c’est la continuité d’une politique de compétitivité qui implique austérité pour la population et cadeaux au patronat, avec la baisse de l’impôt sur les sociétés. Ce qui a le mérite de la cohérence.

Faire payer l’addition aux peuples

 
En France, comme dans toute l’Union européenne, dans les gouvernements comme dans les institutions internationales, les socialistes mettent en œuvre la même politique que la droite : faire payer la crise aux populations par des plans d’austérité, par une remise en cause constante et planifiée des droits sociaux acquis, de l’accès aux services publics. D’ailleurs la réduction de la dette et des déficits figure au frontispice social-­démocrate. Et sur ce point tout est dit : priorité au rétablissement du capitalisme et purge pour la population. Sur le même sujet pas un mot sur la dette des peuples du Sud à commencer par celle des peuples qui se soulèvent au sud de la Méditerranée ! Frappé par la catastrophe de Fukushima, le lecteur peut s’attendre à une remise en cause du choix nucléaire auquel participe le PS (et d’ailleurs également le PCF). Au-delà de vagues promesses sur la sortie du « tout nucléaire » mais pas du nucléaire, on pourra lire un passage vantant la qualité technique et économique du nucléaire français !
Ce programme est sans doute le plus à droite dans la perspective d’une campagne présidentielle. Il est totalement compatible avec le fonctionnement d’une société capitaliste. Il prépare la voie d’une alternance douce, qu’une bourgeoisie lassée du tumulte et du fracas sarkozystes, pourrait tout à fait endosser.
La nécessité d’un rassemblement anticapitaliste, indépendant du PS et de son programme, n’en est que plus grande.

 

Pierre-François Grond

 

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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 09:56
Tout augmente, sauf nos salaires !
300 euros de plus pour tous !

L’explosion des prix, de l’énergie et des produits de première nécessité plombe le budget de la plupart des salariéEs, retraitéEs, sans-emploi. Il faut exiger l’augmentation des salaires et leur indexation sur les prix.

Faire ses courses, se chauffer, payer son logement, ses factures d’eau, d’électricité, utiliser sa voiture pour aller travailler deviennent de vrais cauchemars pour les classes populaires. Plus un jour sans que les étiquettes ne valsent. L’essence a augmenté de 14 % et le gazole de 20 % depuis septembre. Après la hausse annoncée de 5 % du prix du gaz au 1er avril, soit plus 20 % en un an, ajoutée aux 10 % supplémentaires pour l’électricité, le renchérissement des tarifs de l’énergie va encore aggraver la situation des personnes disposant d’un petit budget.
Les spéculations des grands groupes internationaux sur les matières premières agricoles entraînent de fortes hausses des produits alimentaires de première nécessité : plus 15 à 20 % pour la farine, 10 à 20 % pour le café, 5 à 10 % pour les pâtes, 5 à 7 % pour le pain, 5 à 8 % pour l’huile.

Quant au logement, la part réservée au loyer ne cesse de s’accroître pour atteindre près de 30 % des budgets modestes.
Pour la majorité des salariéEs, les travailleurs et travailleuses pauvres, les chômeurs et chômeuses, les retraitéEs, pour tous ceux et celles qui n’ont aucune marge dans leur budget, le recul du pouvoir d’achat est aujourd’hui tel qu’il en devient insupportable.
Ce sont les prix de tout ce qui est indispensable à la vie courante qui ont le plus augmenté.
Dans le même temps, les salaires ne progressent pas. Au milieu des années 1980, la part des salaires dans la richesse produite a brutalement baissé et depuis elle reste à ce niveau exceptionnellement bas pour le plus grand bonheur des actionnaires. Résultat, en 2010, alors qu’on ne cesse de nous parler de sacrifices à cause de la crise, les bénéfices des entreprises du CAC40 ont frôlé leur record historique de 2007 avec 82, 5 milliards d’euros.

Grèves pour les salaires

 

Il n’est pas étonnant dans ces conditions que des grèves pour des augmentations de salaires éclatent un peu partout, dans tous les secteurs. Dans l’automobile, les ouvriers de Toyota Boshoku à Somain (Nord) ont obtenu une prime de 800 euros après plusieurs jours de grève. Depuis le 31 mars, plusieurs centaines de salariés de l’usine Toyota d’Onnaing (Nord) ont eux aussi voté et reconduit la grève avec le même objectif. Dans la construction, les salariés d’Eiffage sont en grève illimitée à plus de 80 % pour exiger 85 euros d’augmentation par mois, dans le cadre des négociations annuelles obligatoires. Ils paralysent une vingtaine de chantiers dans la région parisienne. Dans le commerce, ce sont les salariéEs de Carrefour, qui ont fait l’actualité le week-end dernier en se mettant en grève massivement pour obtenir des revalorisations salariales, l’amélioration des conditions de travail et la fin du projet de scission du groupe Carrefour.
Aujourd’hui ces luttes, pourtant nombreuses et à chaque fois massives et déterminées, se déroulent en ordre dispersé, au gré du calendrier des négociations annuelles obligatoires, sur des revendications à chaque fois différentes.
Le refus de payer leur crise, le partage des richesses passent en premier lieu par l’augmentation des salaires en prenant sur les profits. Pour rattraper le retard accumulé depuis des années, il faut au minimum 300 euros de plus sur les salaires. L’augmentation doit concerner aussi les retraites et les pensions. Plus globalement aucun revenu ne doit être inférieur à 1 500 euros net par mois.
Mais face à la flambée des prix, il faut aussi imposer l’échelle mobile des salaires et de tous les revenus, allocations et retraites. L’indexation des salaires par rapport à l’inflation est le seul moyen de protéger le pouvoir d’achat des salariéEs. Quand les prix montent, les salaires, les retraites et les pensions doivent suivre automatiquement tous les mois. Alors que les indices officiels minimisent systématiquement l’envolée des prix, il faut que ceux-ci soient contrôlés de manière indépendante par les syndicats et les associations de consommateurs.
Au moment où les profits des entreprises du CAC 40 crèvent le plafond, ce qui est à l’ordre du jour, c’est une lutte offensive, une lutte d’ensemble pour l’augmentation générale des salaires. Les patrons eux mènent une politique coordonnée de « modération salariale », en clair de blocage des salaires. Les salariéEs ont impérativement besoin de coordonner leurs forces, de faire converger leurs luttes.

 

Christine Poupin

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