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17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 18:19

Face à la hausse des prix, « positivons » les salaires, imposons l’échelle mobile

Vue sur le site http://www.npa-debatrevolutionnaire.org/

 

Samedi 9 avril, les salariés de Carrefour étaient en grève dans tout le pays. Magasins ou parking bloqués par des barrages de chariots, caisses fermées, réception de marchandises paralysée… Huit salariés sur dix présents en magasin ont fait grève et une trentaine d’hypermarchés ont dû fermer leur porte.

 

La colère est profonde face à la provocation de la direction qui propose une « augmentation » de 1 % en mars et 1 % en octobre tout en annonçant des bénéfices en hausse de 11 % en 2010. A cela s’ajoute un projet de découpage du groupe qui va rapporter un véritable pactole aux actionnaires, dont Bernard Arnault et Colony Capital, un fonds de pension. « Six milliards d'euros pour les actionnaires et dix euros pour les caissières, voilà notre slogan » résumait une gréviste.

 

A Onnaing dans le Nord, les ouvriers de Toyota sont en grève pour le 13ème mois et une prime de 1 600 €, qui augmente de 100 € par jour de grève. Organisés en comité de grève, ils s’adressent à la population en dénonçant les 10 milliards de profits de Toyota et la flambée des prix actuelle où « Tout augmente… sauf les salaires » !

 

Un peu partout dans le pays, les conflits sur les salaires se multiplient : Eiffage, où les salariés ont stoppé le chantier du Grand Stade à Lille, Thales, Alcatel-Lucent, JCDecaux, Mondadori, Faurecia, Intermarché... pour s’opposer à la hausse des prix qui frappe les travailleurs de plein fouet.

 

Ainsi, le prix du carburant bat record sur record. La semaine dernière, le litre d’essence atteignait 1,53 € en moyenne… et ce n’est pas fini vu l’annonce du PDG de Total qui juge « inéluctable » le super à 2 € ! Dès le lendemain des élections cantonales, l’Etat a entériné la demande d’augmentation du prix du gaz présentée par GDF Suez : + 5,2 % à partir du 1er avril. En un an, le gaz aura augmenté de 21 % et en 5 ans, depuis la mise en bourse de GDF, de 61 % !

 

En plus de l’énergie, des mutuelles (+10 %), des assurances (+5 %), ce sont maintenant les prix des produits de première nécessité qui flambent, suite aux spéculations sur les céréales et à la politique de la grande distribution qui fait de larges marges sur le dos des consommateurs. Le beurre devrait augmenter de 4 à 8 %, les pâtes de 5 à 10 %, le café de 10 à 20 %, la farine de 15 à 20 %.

 

Face au mécontentement, le gouvernement vient d’annoncer… « un panier à 20 € » pour nourrir une famille de 4 personnes pendant 3 jours ! Avec Carrefour, Leclerc, Lefebvre fait l’aumône aux pauvres, généralisant les restos du cœur à l’ensemble du pays, avec au passage une belle publicité à ces grandes surfaces qui craignent qu’une grande partie de leur clientèle se retourne vers les enseignes de discount.

 

Pour tenter de reprendre la main, Sarkozy a même montré du doigt les entreprises du CAC 40, promettant un dispositif pour les « amener » à augmenter les salaires quand elles augmentent la part de dividendes. Devant la levée de bouclier du patronat, relayée par Lagarde déclarant : « On n’est pas le Gosplan ! », ce fameux dispositif deviendrait, selon Baroin, une série de cadeaux fiscaux ou d’exonérations pour inciter les patrons à donner une prime de 1000 €… Mais une prime exceptionnelle financée par un manque à gagner d’argent public, c’est encore trop pour Parisot qui vient de déclarer : "Je ne sais que dire tellement ces propos sont incompréhensibles" !

 

L’affaire tourne à la farce. Le populisme de Sarkozy, le « président du pouvoir d’achat » devient une comédie ridicule alors que sa politique ne vise qu'à aider les classes dominantes à maintenir coûte que coûte, et même augmenter, leurs profits.

 

Salaires à reculons, prix en hausse, une politique pour maintenir les profits

 

Contrairement à ce que Parisot fait semblant de croire, l’Etat n’est pas neutre dans ces négociations salariales, il intervient largement pour défendre les intérêts des actionnaires et des patrons. En gelant les salaires des fonctionnaires cette année, en refusant pour la 5ème année consécutive tout coup de pouce au SMIC, le gouvernement a encouragé l’ensemble du patronat à faire de même. Dans les différentes négociations annuelles sur les salaires qui ont lieu dans le privé, les patrons ont tous la même politique de blocage des salaires ou d’augmentations insignifiantes. Au nom de la crise, c’est aux salariés à payer la hausse des prix alors que les profits sont au beau fixe. Tous veulent faire payer la facture au monde du travail alors qu'une des raisons principales de la crise est justement la course à la rentabilité financière au détriment des salariés.

 

Les profits des entreprises du CAC 40, en hausse de 85 % avec 83 milliards pour 2010, sont révélateurs de cette offensive contre les salaires. Total a dégagé plus de 10 milliards d’euros de profits (sans payer d’impôts sur les bénéfices !) ; BNP Paribas 7,8 milliards ; Sanofi-Aventis 5,5 milliards. Les banques et les assurances font un bénéfice cumulé de 18 milliards contre moins de 10 milliards en 2009. La seule Société générale a vu ses profits augmenter de 478 % pour atteindre 3,9 milliards d’euros. Les groupes industriels battent aussi des records : + 1953 % pour Arcelor Mittal ; + 909 % pour Michelin ; + 459 % pour Saint-Gobain ; + 101 % pour Schneider Electric.

 

Face à cette situation révoltante, des luttes éclatent dans une série d’entreprises pour exiger des augmentations de salaires. La question de leur convergence est à l’ordre du jour, d’autant qu’en face l’ensemble du patronat et du gouvernement ont une politique commune pour faire payer leur crise aux salariés du privé comme du public.

 

La lutte pour les salaires, une lutte politique

 

La lutte pour les salaires pose le problème d’inverser le rapport de force. Le monde du travail ne pourra faire céder significativement le patronat entreprise par entreprise, même si chacun de ces combats est essentiel pour entraîner les autres dans la lutte. Pour créer les conditions d’une telle convergence, il faut commencer par légitimer sur le terrain politique les exigences du monde du travail, mener la bataille pour les augmentations de salaires et l’échelle mobile.

 

Le PS vient de présenter son projet de programme pour 2012, avec la bénédiction de Rocard pour qui « ce projet paraît d’intention raisonnable et a un souci de faisabilité »… C’est tout dire. Parmi les mesures envisagées, il met en avant la limitation des hauts salaires dans les entreprises où l’Etat est actionnaire… sans rien préciser sur la façon d’appliquer une telle mesure. Mais par contre, silence total sur l’augmentation des salaires des ouvriers ! Le PS se contente de s’engager à organiser une conférence salariale annuelle et à « revaloriser le pouvoir d'achat du smic », en se gardant bien de chiffrer quoi que ce soit.

 

Tellement dominé par le système, le PS laisse ainsi le terrain au FN sur la question sociale. Celui-ci a mis dans son programme, par pure démagogie, le rétablissement de « l’échelle mobile des salaires », autrement dit l'indexation des salaires sur l'augmentation des prix. Pas plus que Sarkozy n'était le candidat du pouvoir d'achat, le FN n'est le parti de la défense des salaires. Sa démagogie est le masque de sa politique anti-ouvrière, cherchant avant tout à dresser les travailleurs les uns contre les autres pour le plus grand profit des plus riches.

 

La question sociale est bien la question politique essentielle, mais ce n'est pas par le bulletin de vote que cette question se réglera mais bien par un mouvement d'ensemble, la mobilisation de toute la classe ouvrière. Face aux augmentations de prix et au retard cumulé pris par les salaires depuis des années, il y a urgence. Il faut de suite 300 € pour tous d’augmentations et pas de revenu inférieur à 1 600 € net.

 

Il ne s’agit pas d’une recette pour sortir le capitalisme de la crise, mais d’être à l’offensive, de contester la politique des classes dominantes sur le terrain de la lutte de classes. Il faut mener une bataille politique pour répondre aux chantages exercés par les patrons, aux pressions qui pèsent sur le monde du travail. Cette part des salaires que les classes dominantes volent aux salariés ne sert aujourd’hui qu’à alimenter la spéculation financière comme en témoignent les chiffres du CAC 40. Si les travailleurs ne récupèrent pas leur dû, il partira en fumée dans le prochain krach boursier.

 

Mais il ne suffit pas d’arracher une augmentation importante à la bourgeoisie, celle-ci serait engloutie rapidement par l’augmentation des prix. Il faut mettre la question de l’échelle mobile des salaires à l’ordre du jour. Non comme un slogan démagogique, une diversion, mais bien comme un objectif pour le monde du travail.

 

Les salaires doivent être indexés sur les hausses de prix réelles, contrôlées par les associations de consommateurs, les syndicats, par les travailleurs eux-mêmes organisés démocratiquement dans des comités, et pas sur les indices officiels largement minorés. A titre d’exemple, l’INSEE vient d’annoncer fin mars que le pouvoir d’achat aurait augmenté en France de 1,2 % en 2010 après + 1,6 % en 2009... Bien loin des comptes des familles populaires !

 

La question des salaires est une véritable bataille politique, qu’il nous faut mener dans les entreprises, au sein des syndicats, avec les travailleurs pour donner confiance, pour exiger notre dû. De même, la solidarité des équipes militantes, de ceux qui ce sont battus contre la réforme des retraites à l’automne, doit se manifester sur chaque grève, car chaque victoire arrachée, même partielle, est un encouragement pour les autres. L’évolution de la crise impose de formuler une politique pour passer à l’offensive, rompant avec le « dialogue social » et affirmant toute la légitimité de la lutte.

 

La seule réponse aux démagogues de droite et d'extrême droite est une offensive politique de la classe des travailleurs.

 

Laurent Delage

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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 19:43

Vue sur le site

DEBAT REVOLUTIONNAIRE

http://www.npa-debatrevolutionnaire.org/

Le vendredi du départ », la vague révolutionnaire s’étend, la vague de l’espoir pour tous les opprimés

Depuis une dizaine de jours, des centaines de milliers de manifestants égyptiens exigent le départ du dictateur Moubarak. Ils ont fixé à aujourd'hui vendredi 4 février la "journée du départ" et appellent à manifester. Dans un discours prononcé mardi, passant outre à des pressions internationales de plus en plus fortes, Moubarak a assuré qu'il ne se représenteraient pas à la prochaine élection, en septembre, mais qu'il resterait à son poste jusque là afin d'assurer l'ordre... Passant des paroles à l'acte, il a lancé sur le peuple ses chiens de garde, de soi-disant "manifestants pro-Moubarak", qui ont essayé dans la nuit de mercredi à jeudi, puis toute la journée de jeudi, de déloger les manifestants qui occupent la place Tarhir à coup de bâtons, de fusil et de cocktails molotov, faisant trois morts et une quinzaine de blessés, tandis que l'armée, qui avait annoncé sa neutralité, laissait faire les agresseurs. En ce matin de "vendredi du départ", définitivement lâché par les États-unis qui discutent de son "départ immédiat", on apprend que Moubarak aurait avoué à la presse qu'il "aimerait bien partir, mais qu'il craint le chaos"... Le chaos qu’il a lui-même provoqué pour essayer d’obliger l’armée à intervenir et à réprimer directement les manifestants. A l’heure où nous écrivons, personne ne peut dire avec certitude si ce pari criminel et fou sera ou non la dernière perfidie du dictateur mais il est sûr qu’il ne pourra empêcher la vague populaire de déferler.

 

Les manifestations contre Moubarak s'inscrivent dans la vague de révolutions partie, début janvier, d'Algérie et de Tunisie. En Tunisie, sous la pression de centaines de milliers de travailleurs jeunes en révolte, le dictateur Ben Ali, en place depuis une trentaine d'année, a du céder la place. C'est maintenant au tour de Moubarak. Au prix de centaines de morts, de milliers de blessés, les manifestants affrontent ceux qui incarnent ces dictatures, exigent la démocratie, mais aussi la fin de situations sociales dramatiques. Et après s'être étendu à l'Égypte, le mouvement touche maintenant la Jordanie, la Syrie, le Yémen...

 

Les dirigeants des grands pays de la planète, "amis" de tous ces dictateurs il y a encore quelques jours, finissent par les lâcher, et il est réjouissant de voir à quel point leur tête reflète la frousse que leur procure l’éveil des peuples...

 

Il est bien évident que l'hypocrisie avec laquelle tout ce beau monde affirme maintenant, la main sur le cœur, être du côté du peuple, ne peut cacher le fait que tous s'agitent dans l'ombre afin que le départ des dirigeants les plus haïs ne ruine pas l'essentiel : le maintien des États, et à travers eux, des conditions qui assurent aux multinationales de pouvoir continuer à pressurer les travailleurs de ces pays.

 

Mais pour cela, ils se heurtent aux exigences de démocratie, de liberté, de justice sociale des travailleurs et de jeunes qui ne pourront se contenter de voir les dictatures qu'ils ont chassées au prix de leur sang remplacées par des gouvernements qui n'auront de démocratique que le nom et dont la première des préoccupations sera le retour de l'ordre propice à l'exploitation de la jeune classe ouvrière du monde arabe par les multinationales des pays impérialistes.

 

La révolution, fruit de la mondialisation impérialiste

 

Car ce n'est pas seulement le ras-le-bol de ces trente ans de chape de plomb, de répression politique et de censure qui pousse les populations du monde arabe sur le terrain de la révolution. C'est aussi parce que la situation sociale y est devenue insupportable, malgré les discours de ceux qui voient dans ces pays des exemples de développement. 

 

Ainsi, Strauss Khan félicitait il y a peu Ben Ali pour le développement économique harmonieux de la Tunisie, qui reste d'ailleurs, selon le sommet de Davos, "dans le peloton de tête de la compétitivité mondiale"... L'Égypte, avec des salaires 4 fois inférieurs à ceux de la Turquie, est inondée de capitaux étrangers en quête de main d'œuvre bon marché. La masse de ces capitaux -dont la France est le second pays d'origine après les USA- a été multipliée par 10 en 10 ans. L'Égypte, avec 7 % de croissance, y a gagné d'accéder au grade de "pays émergent"...

 

Mais, écrit un journaliste des Échos, "il s'agit là d'arbres qui cachent la forêt d'un sous-développement criant. Le SMIC, revalorisé par les autorités à l'équivalent de 50 euros juste avant les législatives de l'automne dernier après une génération entière de stagnation, permet de s'acheter 5 kg de viande par mois en tout et pour tout. Un tiers des adultes sont illettrés. Environ 40 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. Une famille égyptienne sur cinq vit dans des taudis, sans eau ni électricité, et la majorité des familles nombreuses (4,5 enfants par femme en moyenne) vit dans des appartements minuscules où on se relaie pour dormir. Le chômage est endémique, notamment chez ces moins de 30 ans qui constituent presque les deux tiers de la population. Nombre de jeunes gens diplômés d'universités réputées, survivent grâce à des petits boulots dans le secteur informel. Les coupures d'électricité sont fréquentes, l'adduction d'eau aléatoire, les transports publics sous-dimensionnés et les services de santé en piteux état. Bref, la majorité des Égyptiens n'a pas récolté les fruits de la croissance, même s'il faut reconnaître que la plupart ont accès aujourd'hui à des services (téléphone portable, petite automobile, télévision satellite, équipements agricoles pour les paysans) inaccessibles il y a seulement dix ans. "

 

La Tunisie, l'Égypte, comme bien d'autres pays de cette région du monde, ont constitué et constituent toujours des destinations de prédilection pour les "investisseurs" étrangers. L'existence d'une multitude de paysans pauvres, vivant dans les pires conditions, a fourni aux entreprises qui se sont installées sur place un réservoir de main d'œuvre d'autant moins exigeante sur les salaires que le pouvoir interdisait toute forme de contestation sociale. C'est de cette vague de prolétarisation des pays pauvres que l'oligarchie financière a tiré ses énormes profits, condition de la financiarisation de l'économie mondiale.

 

Mais tandis que des richesses colossales s'accumulaient dans les poches d'une minorité, la mondialisation capitaliste, cette guerre de classe menée par les multinationales et les banques contre les travailleurs du monde entier, à commencer par les plus pauvres, mettait aussi en place les conditions de l'explosion sociale actuelle : chômage, pauvreté, injustices insupportables, tout cela associé à la haine contre des gouvernements corrompus aux pouvoirs sans limite, interdisant la moindre contestation sociale et se payant sur la bête pour ce service rendu aux exploiteurs.

 

Mais aussi une classe ouvrière nombreuse, jeune, celle-là même qui constitue les rangs des révolutions en cours. Avec la mondialisation, des millions de jeunes paysans ont abandonné leurs villages, leur vie misérable de paysans pauvres, pour grossir, dans les banlieues des grandes villes, les rangs des soutiers du capitalisme, découvrant une autre forme de misère, l'exploitation, le chômage, mais aussi la solidarité, une culture moderne, et la conscience d'appartenir à une classe sociale. Comme l'écrivaient Marx et Engels dans le Manifeste du parti communiste : "... la bourgeoisie n'a pas seulement forgé les armes qui la mettront à mort; elle a produit aussi les hommes qui manieront ces armes, les ouvriers modernes, les prolétaires." ! 

 

Contre la dictature de l’oligarchie financière et de ses serviteurs, l’exigence démocratique

 

Cette irruption brutale des peuples d'Afrique du Nord et du Proche Orient sur le terrain politique met en évidence la crise qui frappe la domination des classes dominantes et leurs États. Au sommet de Davos qui s'est tenu le week-end dernier, aux inquiétudes venant d'une situation économique et financière toujours en berne s'ajoutaient celles que suscite dans les sommets de la bourgeoisie la situation politique internationale, avec ce constat de certains intervenants : « la leçon de la Tunisie et de l'Égypte, c'est que la pression sur les gouvernements pour servir leurs peuples va devenir toujours plus forte ». « La croissance ne suffit pas. La répartition des revenus compte aussi. Et les messages émis par l'opinion publique doivent être écoutés par le pouvoir »...

 

Belle conclusion ! Mais le capitalisme mondialisé est d'autant moins compatible avec la démocratie que la crise exacerbe la concurrence, rendant ridicules les discours de ceux qui prétendent imposer une impossible régulation, ou encore, dernière lubie de Sarkozy, vouloir taxer les transactions sur les changes monétaires...

 

Le rêve d'un monde capitaliste régi par une coopération harmonieuse entre les puissances ne peut que laisser place à la brutale réalité des rapports de force internationaux. Obama ne se prive pas de l'affirmer : les États-unis préserveront leur contrôle sur l'ordre mondial. Contrôle économique et financier, grâce au dollar et à une politique monétaire au service des multinationales américaines. Contrôle politique, grâce à une immense force militaire, déployée sur tous les continents, assurant la sécurité des multinationales et des réseaux de communication et de commerce. Et soutenant, sous la protection des canonnières, des "démocraties" aussi crédibles que celles des gouvernements fantoches d'Irak ou d'Afghanistan.

 

Et cela pour le bien de tous, ajoute Obama sans que cela soit réellement contesté. Les vieilles démocraties, en particulier européennes, affaiblies par la crise, n'ont pas d'autre choix que d'accepter cette nouvelle "pax americana", de s'y associer dans le cadre des multiples institutions internationales contrôlées par les États-unis, FMI, OTAN... Les gouvernements européens payent le prix fort de la crise et n'ont jamais été aussi disqualifiées aux yeux des populations. L'Union européenne des banques et des multinationales, malmenée par la crise de la dette, semble n'avoir pas d'autre alternative qu'entre le repli sur des États nationaux depuis longtemps obsolètes, et l'évolution des institutions européennes vers la mise en place d'un gouvernement européen dominé par l'Allemagne et la France. L'Europe des banquiers aurait besoin de nouveaux pouvoirs, plus adaptés à ses propres intérêts, à défaut, bien au contraire, d'être plus démocratiques pour les peuples.

 

Pour faire face à la crise politique qui les frappe, les classes dominantes n'ont pas d'autre solution que de s'aligner derrière les discours d'Obama, de confier leur sort à la protection de l'État américain... au moment où, conséquence de la mondialisation, ce dernier se heurte à de nombreuses difficultés pour maintenir son hégémonie. L'économie américaine reste enlisée dans la crise, dans un monde déstabilisé par la montée en puissance de la Chine. Le discours politique des dirigeants US, leur prétention, en particulier, à faire passer leurs interventions militaires pour un soutien à la "démocratie", a perdu toute crédibilité. La chute de dictatures comme celle de Moubarak traduisent l'usure de leurs principaux appuis politiques...

 

Le régime de Moubarak constitue, selon les mots de la presse, une "pièce essentielle dans le jeu diplomatique des USA au Proche-Orient", et l'armée égyptienne est, à cette fin, largement financée par les États-unis. C'est d'ailleurs au Caire qu'Obama, dès son élection, avait choisi de faire son premier discours à l'étranger, prêchant longuement la coexistence pacifique entre religions pour mieux soutenir la politique américaine au Proche Orient. Depuis le début du mouvement des travailleurs égyptiens, les interventions d'Obama étaient restées "extrêmement prudentes"... Le temps, certainement, de voir venir, et que la diplomatie américaine fasse son travail et prépare la relève au dictateur sans que soient remis en cause les intérêts des États-unis.

 

Cela semble chose faite puisque dans une intervention prononcée mardi soir, Obama n'a pas hésité à pousser Moubarak vers la sortie : "Ce qui est clair et ce que j'ai indiqué [au téléphone] au président Moubarak, c'est que la transition politique doit être profonde, qu'elle doit être pacifique et qu'elle doit commencer maintenant". Et il a affirmé au peuple égyptien : "les États-unis continueront à tendre une main partenaire et amicale à l'Égypte. Et nous sommes prêts à fournir toute l'aide qui est nécessaire pour aider le peuple égyptien en gérer les conséquences de ces manifestations"...

 

Après la révolution tunisienne, la chute de Moubarak donne finalement au président américain une occasion de tenter de redonner un peu de crédibilité à son discours sur la démocratie... Il a d'ailleurs dessiné les contours de ce qui devrait se passer en Égypte : "Le processus doit inclure un large éventail de voix et de partis de l'opposition égyptienne. Elle devrait conduire à des élections qui soient libres et équitables, et devrait se traduire par un gouvernement qui n'est pas seulement fondée sur des principes démocratiques, mais aussi qui sache répondre aux aspirations du peuple égyptien".

 

Bel aveu, que, pour les dirigeants impérialistes, les "principes démocratiques" ne soient pas sensés, en tant que tels, savoir "répondre aux aspirations" des peuples...

 

« Une nouvelle ère » 

 

Partie prenante de ce "large éventail de voix et de partis de l'opposition égyptienne", Mohamed El Baradei, prix Nobel de la paix, ancien chef de l'Agence internationale pour l'énergie atomique, a exhorté, dès mardi, les foules en colère à la patience, exigé le départ de Moubarak et annoncé le début d'une "nouvelle ère"...

 

Mais on voit mal comment ce "large éventail" pourrait offrir la moindre perspective de satisfaction aux exigences de démocratie véritable, de liberté, qui mobilise les travailleurs et les jeunes de toute une partie d'Afrique du Nord et du Proche orient. Ces exigences sont indissociables de la question sociale et ne peuvent être satisfaites que si les travailleurs s'émancipent des rapports sociaux qui les assujettissent à leurs exploiteurs et aux pouvoirs politiques qui les servent.

 

Car les dictatures de Moubarak, de Ben Ali et de leurs congénères ne sont pas des accidents de l'histoire. Elles ont servi les nécessités d'une période au cours de laquelle les multinationales ont prospéré sur la base de l'exploitation d'une main d'œuvre d'autant plus docile et bon marché qu'elle était dépourvue de tout droit démocratique. Leur chute ne change pas les exigences des multinationales pour qui la nécessité de disposer d'une main d'œuvre taillable et corvéable à merci s’accentue encore du fait que la crise perdure et exacerbe la concurrence. Dans ces conditions, il n'y a aucune chance que la revendication d'un véritable gouvernement démocratique portée par les manifestants tunisiens et égyptiens aboutisse.

 

Il est significatif que, Moubarak contesté et lâché par ses soutiens, ce soit l'armée, ce pilier central du pouvoir d'État, et donc du dictateur, qui se présente maintenant comme garante de la démocratie, avec l'appui des États-unis qui la finance... La hiérarchie militaire, confrontée au risque que la répression sanglante ne conduise une partie des troupes à refuser de tirer et à rejoindre les manifestants, prend les devants, quadrille les villes avec les tanks et l'aviation, au nom de la protection de la révolution... ce qui ne l'empêche pas, au nom de sa neutralité, de laisser les sbires de Moubarak tirer sur la foule désarmée. Pas difficile d'imaginer quelle "démocratie" un gouvernement né sous de tels auspices, même avec l'assentiment de la population, pourrait faire régner !

 

Si "nouvelle ère" il y a, ce n'est donc certainement pas dans le sens où l'entend El Baradei, mais bien dans cette irruption des travailleurs et des jeunes "sur le terrain où se règlent leurs propres destinées", selon le mot de Trotsky.

 

Personne ne peut bien évidemment dire comment va évoluer la situation dans ces pays, bien des compromis instables sont possibles. Mais les raisons profondes qui sont à l'origine de la vague révolutionnaire d'Afrique du Nord et du Proche-Orient ne disparaîtront ni devant les manœuvres "d'oppositions" qui cherchent à assurer la continuité de l'État avec la complicité active des puissances impérialistes, ni devant la répression. Elles poussent la vague révolutionnaire à mener l'affrontement avec le pouvoir jusqu'au bout, en imposant son propre pouvoir démocratique, celui de la population organisée autour de la défense de ses propres intérêts.

 

Une telle issue prendra du temps, elle passe par la conquête de droits démocratiques élémentaires, la liberté de s’organiser tant sur le plan syndical que politique, la liberté de presse, la liberté de réunion. Quels qu’en soient les rythmes, cette conquête de la démocratie jusqu’au bout, la possibilité pour les classes exploitées de contrôler la marche de la société, sera le contenu de cette ère nouvelle que vient d’ouvrir le soulèvement des peuples du monde arabe. Elle a une dimension internationale non seulement pour les classes dirigeantes qui voudraient la dompter, voire la briser, mais aussi pour les travailleurs et les opprimés du monde entier.

 

Elle nous encourage, nous, travailleurs européens, à poursuivre la lutte contre des gouvernements qui prétendent nous faire payer la crise, conséquence de la rapacité sans limite de ces mêmes multinationales qui imposent à la jeune classe ouvrière des pays arabes la misère et le mépris. Nos ennemis sont les mêmes et lutter contre notre impérialisme, pour nos propres intérêts de classe, contester le pouvoir de ceux qui, en Europe, représentent les intérêts des banquiers et des grands patrons sont le meilleur soutien que nous puissions lui apporter.

 

Oui, la nouvelle ère qui s’ouvre sera bien celle de la révolution en permanence, pour la conquête de la démocratie, pour renverser l’oligarchie financière qui domine le monde.

 

Daniel Minvielle

 

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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 21:32

 

1. Analyse de la situation : 

 

a- L'origine de cette révolution :

 

C'est bien une révolution qui se déroule en Tunisie, et non un soulèvement ou révolte comme veulent la faire passer certains médias ou politiciens. C'est une révolution populaire qui n'est ni l'apanage des jeunes uniquement ou des opposants mais de toutes les catégories de la société, hommes et femmes, chômeurs et travailleurs,... Le rôle du syndicat est indéniable surtout qu'il est l'unique réelle opposition en Tunisie depuis plusieurs années, même si la direction est en partie inféodée au pouvoir et souffre de quelques problèmes liés à la bureaucratie interne.

Il faut faire attention à ne pas croire que c'est une révolution spontanée, même si aujourd'hui l'opposition au pouvoir clame que c'est un acte spontané, notre lecture nous permet de voir dans cette révolution bien plus que cela. Certes c'est un éclatement spontané et sans direction, mais le mouvement qui a permis aux manifestations de faire tomber Ben Ali et veut actuellement faire tomber le RCD s'est construit dans le temps et a des causes structurelles et conjoncturelles claires. En deux mots les causes sont d'ordre sociales, économiques et politiques :

- Les causes sociales et économiques : il s'agit de la conjoncture économique mondiale de la crise du capitalisme d'une part, et de la maturation d'une mondialisation capitaliste qui enferme les travailleur-euse-s dans un système d'exploitation poussé. Par ailleurs, des choix économiques et financiers (plan d'ajustement structurel, accord de libre échange avec l'Union Européenne, dette auprès de la Banque Mondiale et les bailleurs de fonds internationaux) ont causé une baisse des investissements (santé, éducation, services sociaux, …), une privatisation des industries les plus performantes, une paupérisation de l'agriculture locale en faveur de l'agriculture à l'exportation, l'accroissement des zones de libre échange où le droit de travail est inexistant et les abus des patrons voyous se sont multipliés surtout dans le secteur textile. L'économie est basée sur les services notamment le tourisme avec des boulots saisonniers et sous payés.

- Les causes politiques : un état policier où tout est sous contrôle (140 000 policiers, autant que la France...), Internet, médias, opposition,...

On peut lire dans le mouvement social actuel l'aboutissement d'un cycle de mobilisations et de mouvements dont les principales dates sont les suivantes :

1999 - lutte de Taoufik Ben Brik pour sa liberté d'expression et de voyage

2000 - mouvements lycéens ;

2002-2003 - deuxième Intifadha

2004-2005 - répression sauvage à l'encontre des jeunes internautes et islamistes (salafistes) ;

2008 - Gafsa- Redeyf.

2009 - Skhira

2010 juin - Ben Guerdane,

2010 décembre - Sidi Bouzid

Lorsqu'on voit cette chronologie qui n'est pas exhaustive, on remarque que finalement cette génération de jeunes née sous Ben Ali et la dictature la plus dure n'est pas apolitique comme essaye de nous faire croire les analystes. Cette génération est allée à l'université où elle a vu le syndicat étudiant, elle a eu des diplômes, et de retour chez elles le boulot n'est pas possible ou lorsqu'il y en a il faut graisser des fonctionnaires ou des petits entrepreneurs.

La question du chômage des jeunes en Tunisie n'est pas nouvelle, depuis 2002 l'État a compris qu'il y a un problème d'embauche pour ces jeunes diplômés, l'unique solution qu'il a trouvé c'est d'encourager l’autoentrepreneuriat avec des crédit spéciaux pour les étudiants. Mais ce système, en-dehors d'accroître la corruption et les abus, n'a donné aucun résultat.

Ainsi ce qui ce passe aujourd'hui n'est que la continuité de ces cycles.

 

b- L'armée :

 

L'unique sang qu'elle a sur les mains, c'est celui du peuple tunisien, notamment lors des émeutes du pain de 1984 (100 morts). C'est une armée qui est arrivée après l'indépendance (120 000 engagés et volontaires), formée par les américains, à la différence de la police qui est proche de la France ; l'armée est plus proche des USA. Qui la contrôle ? le RCD, et si elle n'est pas intervenu dans la répression à Sidi Bouzid c'est qu'elle a reçu l'ordre de la diplomatie américaine qui depuis quelques années a relativisé son soutien à Ben Ali.

 

c- Quelle lecture politique aujourd'hui ?

 

- L'UGTT et l'UGET, syndicat général et syndicat des étudiants, sont les deux structures qui peuvent mobiliser et bloquer le pays. Même sous la dictature ces deux institutions ont entrepris des grèves et des mobilisations.

- Le PDP se voit déjà au pouvoir et son chef Chebbi se voit président, ce qui explique son rôle dans le gouvernement et les discours anti-manifestations des derniers jours.

- Ettajdid (ex PC), proche du PCF en France, rêve aussi de pouvoir, mais en l'absence d'un chef charismatique il table plus sur une stratégie de différentiation par rapport au PDP et cherche à se positionner pour les législatives.

- Ennahdha (islamistes) : 30 000 prisonniers sous la dictature, l’organisation qui a payé le plus gros lot ces vingt dernières années. Quasi-absente de la scène politique et sociale tunisienne depuis les années 90, la reprise de la vie démocratique va lui permettre de travailler et avec ces 30 000 ex-prisonniers elle est la plus grande force politique après le RCD. Elle a à son passif deux attentats en 1990-1991 et un discours pacifiste qui se veut dans la continuité de celui du AKP en Turquie.

- PCOT : marxiste pro albanais, c' est aujourd'hui la force de gauche la plus en vue avec un chef symbole de la lutte contre la dictature dans la personne de Hamma Hammami et une implantation dans les syndicats et dans certaines régions.

- PSG : scission du PCOT qui est aujourd'hui plus sur une ligne réformatrice et se veut plus socialiste que communiste

- d'autres organisations de gauches existent, plus fragmentées et avec des variantes nasseriennes, nationalistes et pan arabe.

- Les trotskistes sont toujours là, implantés surtout dans le syndicat.

 

2. Rencontre avec le PCOT : 

 

Compte tenu de la situation, le CE du NPA a demandé à rencontrer le PCOT.

 

Compte-rendu de la réunion NPA / PCOT du lundi 25 janvier

La situation révolutionnaire en Tunisie bouleverse l'échéancier de notre parti, et c'est une excellente chose. La rencontre avec le Parti Communiste des Ouvriers de Tunisie envisagée depuis longtemps s'est ainsi concrétisée lundi 25 février au local du NPA, à la veille du départ d'une délégation du NPA, et à l'invitation de plusieurs organisations dont le PCOT. Olivier et Wassim rencontreront à Tunis les responsables nationaux de l'organisation. Cette première rencontre «officielle» de nos deux partis a été positive, de l'avis général de tous les camarades de la délégation (CE, Commission Internationale, Commission Maghreb). Elle a évidemment porté sur l'analyse de la situation politique en Tunisie, et pour ce qui concerne le NPA, sur les responsabilités de notre organisation, tant en terme de solidarité immédiate au processus révolutionnaire en cours, et de lutte contre le gouvernement français actuel, complice de Ben Ali.

 

a. Analyse (très rapide) des camarades du PCOT) :

 

1. Il n'y a rien de purement spontané dans l'insurrection « démocratique » actuelle. Elle est le fruit d'un long travail dans l'ensemble de la société tunisienne des forces progressistes. Le premier acte étant Gafsa.

 

2. On peut qualifier la phase actuelle de révolution démocratique et populaire qui a mis en mouvement et agrégé la jeunesse, les femmes, les syndicalistes et les organisations de défense des droits de l'homme.

 

3. Il n'y a ni « poussée » ni « danger » islamiste dans le cadre actuel. Le risque est agité essentiellement par les partisans de Ben Ali, mais l'expression du mouvement populaire contredit d'avantage chaque jour cette propagande.

 

4. La tâche immédiate est de protéger la révolution et défendre la population contre les exactions des milices de Ben Ali, créer partout des structures de pouvoir populaire, ce qui est la traduction des slogans actuels des manifestations : « Dehors le gouvernement, pouvoir populaire ! » Il faut un gouvernement provisoire non corrompu et accepté par le mouvement populaire. La prudence est de mise contre les possibles « retours de bâton » de forces (fractions de l'armée et de la police) fidèles au dictateur.

 

5. L'objectif à moyen terme est de consolider une situation de double pouvoir, instaurer un vrai pouvoir populaire, mettre en cause les institutions et initier processus constituant.

 

b. Propositions faites par le NPA :

 

1. Le NPA met tous ses moyens pour développer la soutien à la révolution tunisienne : participation aux cadres unitaires – en engagement de l'ensemble de ses militant-e-s et en particulier des jeunes à développer l'information et le soutien. Diffusion de tracts nationaux -confection d'affiches...

 

2. Le travail du NPA ne saurait se limiter à la simple solidarité, il doit dénoncer les responsabilités écrasantes des gouvernements successifs qui en France ont soutenu la dictature.

 

3. La conférence anticapitaliste méditerranéenne qui se tiendra à Marseille les 7 et 8 mai prochain revêt une importance tout à fait exceptionnelle dans le contexte de la révolution tunisienne. Les camarades du PCOT avaient d'ailleurs été de ceux qui avaient répondu positivement.

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 13:46
Ben Ali assassin, Sarkozy complice !
tunisie.jpg

Le suicide par le feu, à la suite du harcèlement policier de Mohamed Bouazizi, un jeune précarisé, à Sidi Bouzid au centre du pays, a été l’étincelle qui embrase maintenant l’ensemble de la « Tunisie des miracles » du général Ben Ali.

Ce sont toutes les villes, grandes et petites, du nord au sud, qui ont vu des manifestations de ras-le-bol ; d’abord des principaux concernés par ce vent de révolte, les chômeurs et les précaires, rejoints par les salariés, les syndicalistes mais aussi par d’autres secteurs sociaux, comme les avocats. Le mouvement a été relayé par la jeunesse lycéenne et étudiante de retour de congés.

Cette lame de fond est marquée par les mots d’ordre concernant le « droit au travail », le « droit à une juste répartition des richesses », et la « lutte contre la corruption et le népotisme » qui gangrènent toutes les strates de la société. Les manifestants détruisent aussi les symboles de l’État-parti. La direction de la centrale syndicale unique, l’UGTT, qui dénonçait le mouvement au début (à l’inverse de certaines de ses fédérations et structures locales), a finalement été amenée à lui apporter son soutien officiel.
Ce qui frappe avec les mobilisations portées en grande partie par la « génération Ben Ali » (ce dernier dirige d’une poigne de fer le pays depuis 23 ans), c’est son ingéniosité pour harceler un régime qui durant toute cette période est passé maître dans l’étouffement des moindres espaces de liberté d’expression.

Comme ce fut le cas en Iran, les internautes ont créé un espace où circulent les infos et les rendez-vous de toutes les actions de contestation via les « proxys » qui contournent la police du net, affublée par les jeunes du sobriquet « Ammar 404 ». Les forces de répression habituelles pourtant estimées à plus de 130 000 membres sont débordées et l’armée a été appelée en renfort dans plusieurs villes.
La nuit du 8 au 9 janvier a été particulièrement sanglante avec plusieurs dizaines de morts par balles à Gasserine, Tala et Meknassi. Assassinats, arrestations, provocations, intimidations, n’ont cependant pas entamé le moral des manifestants qui ont désigné dès le début les responsables de leurs maux : Ben Ali et sa mafia familiale.

Le régime de Ben Ali dans la tourmente

La crise du système capitaliste mondial a frappé un pays qui a ouvert la presque totalité de son économie par la libéralisation et la privatisation. Il a mis à nu les contradictions d’un affairisme de maquignons dénommé « miracle tunisien », qui devait selon ses laudateurs faire accéder la Tunisie au rang de « pays émergent »… Le taux de croissance officiel est divisé par deux depuis 2008. Les projets pharaoniques transformant le littoral tunisien en autant de parcs d’attraction, se sont tous écroulés avec la crise financière frappant les pays du Golfe censés apporter leurs dollars à cette formidable spéculation foncière qui a vu les « sept familles » (comme sont moqués les clans du pouvoir) faire main basse sur l’économie. Alors que Ben Ali se voyait comme un bon élève des puissances occidentales, aidant à juguler l’islamisme, le syndicalisme et l’immigration, les État-Unis se disent maintenant « préoccupés » par la situation, l’Union européenne se prononce pour « un suivi rapproché » des événements, et un problème de démocratie est soudainement évoqué.

Ces haussements de sourcils ne sauraient satisfaire un mouvement qui affirme de plus en plus vouloir se débarrasser d’un régime honni. C’est sur les autres peuples et non sur les États complices de la dictature que le peuple tunisien doit pouvoir compter.

De nombreuses manifestations de solidarité avec la révolte en cours ont eu lieu dans les pays arabes et les principaux pays où réside une immigration tunisienne. En France, des rassemblements se sont tenus à Paris, Toulouse, Nantes, Lyon, Marseille, Lille… avec la présence de la communauté tunisienne, de militants du monde arabe et d’organisations de la gauche française qui ont dénoncé tant la dictature de Ben Ali que la complicité de Sarkozy. On a vu affluer de nouveaux visages, le plus souvent jeunes, dont c’était la première apparition publique. Les barbouzes des ambassades et consulats tunisiens, habitués à harceler les opposants, ne montrent plus le bout de leur nez. Et c’est déjà un signe qui ne trompe pas.

La crise qui frappe les pays de la rive nord de la Méditerranée est celle-là même qui déstabilise les pays de la rive sud. Une raison de plus d’être solidaires. Ne relâchons pas notre pression, à commencer par l’exigence de la libération de tous les emprisonnés du mouvement !

Commission Maghreb du NPA

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3 septembre 2010 5 03 /09 /septembre /2010 21:40

Engager l’affrontement

Du: 
3 septembre 2010
Par: 
Laurent Delage
 
 

Le 7 septembre se prépare à être une journée très importante de grèves et de manifestations. Loin d’être retombée depuis la journée du 24 juin, la révolte contre la politique du gouvernement s’est approfondie avec les suites de l’affaire Woerth-Bettencourt qui révèle à quel point le pouvoir défend les intérêts des plus riches.

 
Alors que la crise politique s’approfondit à droite, entre les affaires et la fuite en avant dans la politique xénophobe avec les expulsions des Roms, la question des objectifs et des suites à la manifestation du 7 septembre est largement posée. Bien des travailleurs et des militants en ont assez de ces journées d’action sans lendemain et cherchent une politique pour réellement transformer le rapport de force face au pouvoir, dans la rue, par la grève.
 
Cette pression s’exerce sur les directions syndicales, qui après le succès du 24 juin ont appelé à cette initiative dès la rentrée. Thibault annonce que « la CGT lancera des appels à des assemblées générales de personnel dans un maximum d’endroits pour discuter (des suites) avec les salariés »… mais en même temps, l’intersyndicale n’a pour le moment annoncé aucune initiative entre le 7 septembre et la journée européenne de la CES le 29 janvier, alors qu’une véritable journée de grève générale est indispensable pour développer la lutte contre le projet de loi du gouvernement.
 
Les directions des grandes confédérations restent, quant au fond, sur la politique du dialogue social, se refusant de mettre en avant, sans ambigüités, la lutte pour le retrait du projet de loi. C'est ce qui vient de permettre à Chérèque de faire un appel du pied au gouvernement en lui proposant d'amender son texte à la marge.
 
Mais face au gouvernement et aux classes possédantes qui veulent imposer des reculs majeurs à l’ensemble du monde du travail, c’est bien la question de l’affrontement avec le pouvoir qui est à l’ordre du jour.
 
La démagogie xénophobe de Sarkozy se retourne contre lui
 
Durant l’été, les suites de l’affaire Woerth-Bettencourt ont continué de révéler au grand jour la réalité de ce gouvernement des riches par les riches. Alors que les discours sur la rigueur à destination des classes populaires se multiplient, tout le monde a pu découvrir que la milliardaire Bettencourt s'est fait rembourser 32,6 millions d'euros au titre du bouclier fiscal début 2007 sur ses revenus 2006 déclarés à 77,7 millions d'euros... Alors qu’elle reçoit plus de 200 millions d'euros annuels de dividendes de l'Oréal chaque année ! Bettencourt aurait ainsi reçu 100 millions d’€ sur les quatre dernières années sur les caisses de l’argent public ! Et ce serait aux travailleurs de payer la facture de la dette… creusée par les largesses du gouvernement envers les plus riches ainsi que par les subventions et les dégrèvements de cotisations sociales dont profite largement le patronat.
 
A cela se sont ajoutées les révélations sur les mœurs de ce petit monde de privilégiés, les cadeaux divers et variés attribués par Woerth ministre du Budget et trésorier de l’UMP : vente bradée de l’hippodrome de Compiègne, légion d’honneur à De Maistre avec mensonge à la clef, sans parler de celle attribuée à Robert Peugeot, le même qui dînait en tête-à-tête avec Woerth juste après un vol de lingots d’or d’origine plutôt douteuse…
 
Malgré les tentatives d’intimidation du pouvoir en juillet, lorsque Bertrand invectivait les journalistes de Mediapart en parlant de « méthodes fascistes », les tentatives de blanchiment du procureur Courroye proche de Sarkozy, la crise politique se poursuit avec un Woerth qui a le culot de se poser maintenant en victime.
 
Face à cette situation, Sarkozy a tenté de reprendre la main fin juillet sur le terrain des préjugés xénophobes et racistes avec les expulsions de Roms. Mais cette grossière manœuvre se retourne contre lui, y compris à droite où les rivalités de pouvoir accentuent la crise comme en témoignent les déclarations de Villepin, Rachida Dati, etc. Les « ministres de l’ouverture », qui ont servi jusque-là la politique populiste de Sarkozy, tentent de se démarquer… un peu, pour rapidement intégrer le giron du gouvernement.
 
La politique du pouvoir, c’est la fuite en avant réactionnaire, avec les déclarations xénophobes et racistes d’Hortefeux qui annonce qu’à Paris, « un auteur de vol sur cinq est un Roumain »… pendant que Besson prévoit d’aggraver davantage la loi sur l’immigration en alimentant les préjugés de café du commerce sur les « abus » des immigrés sur la protection sociale.
 
Le dialogue social à la rescousse du gouvernement
 
Toute cette situation fragilise le pouvoir au moment même où il veut imposer un pas décisif de son plan de rigueur avec la contre-réforme des retraites. Fin août, Sarkozy et Woerth ont tenté d’utiliser à nouveau le « dialogue social » pour reprendre l’initiative. Dans un communiqué, Sarkozy a annoncé « son souhait qu'il soit tenu compte de la situation de ceux qui ont eu une vie professionnelle plus dure que les autres », se réservant des amendements à la marge sur la pénibilité. Woerth a même proposé de rencontrer les syndicats avant la manifestation du 7 septembre. Celles-ci ont refusé en déclarant qu’il n’y avait rien de nouveau… tout en attendant ce que le gouvernement va proposer comme amendement à son texte.
 
Profitant de cette situation, Chérèque vient de prendre les devants, en faisant quatre propositions au gouvernement : report du passage à 67 ans (âge de la retraite à taux plein) en 2018 et négociations sur la pénibilité, les carrières longues et les polypensionnés.
 
Déclarant vouloir« faire avancer tout ce qui permettrait d'atténuer les effets de la réforme », Chérèque la soutient en annonçant dès maintenant au gouvernement qu’il est prêt à accepter le passage à 62 ans comme âge de départ à la retraite et même les 67 ans pour le taux plein, puisqu’un report ne changera rien sur le fond. De même, il est prêt à diviser le mouvement en le réduisant à une négociation à la marge sur la pénibilité ou les longues carrières, participant à la manœuvre du gouvernement pour tenter de désamorcer la crise sociale qu’il craint tant.
 
Contester le pouvoir et sa politique de régression sociale
 
La manœuvre de Chérèque prend appui sur la politique de l’intersyndicale et des grandes confédérations syndicales qui ne veulent pas parler de la lutte pour imposer le retrait du projet de loi du gouvernement. Dans son communiqué du mois d’août, non signé par FO qui n’avance pas d’autre politique sur le fond, elle déclarait : « le gouvernement et les parlementaires doivent entendre la mobilisation des salariés et répondre à leurs revendications pour d’autres choix en matière de retraites, d’emploi et de pouvoir d’achat »… comme s’ils n’avaient pas déjà clairement affirmé leur volonté de faire payer la crise de leur système au monde du travail, comme s’ils n’avaient pas déjà répondu par un projet de loi qui signifie un recul majeur sur la question des retraites !
 
Durant l’été, Chérèque déclarait sans être contesté par Thibault : « les carottes ne sont pas cuites : ce sont les députés qui font les lois (...) et on va faire pression sur les députés pour qu'ils changent cette loi ». Mais faire pression sur qui ? La droite ? Le PS, qui réaffirme à nouveau avec Fabius : « Pour nous, la retraite à 60 ans est une sorte de bouclier pour les personnes les plus modestes ayant commencé à travailler tôt, mais nous disons aussi que la plupart des salariés verront, avec le temps, l'âge effectif de la retraite augmenter, et nous actons l'allongement de la durée de cotisations » ?
 
Le 7 septembre ne doit pas être une manifestation pour aider la gauche au parlement, mais le point de départ d’un affrontement pour exiger le retrait du projet de loi de Woerth et revenir sur toutes les contre-réformes depuis 93, en particulier les 37,5 annuités pour tous.
 
Cela signifie ne pas craindre l’affrontement dans la rue en se laissant détourner par ceux qui voudraient enterrer la lutte dans les élections.
 
Discuter la perspective de la grève générale
 
Ne pas craindre l’affrontement, c’est opposer le pouvoir de la rue, de ceux d’en bas à celui des Woerth, Bettencourt, de ce gouvernement des riches par les riches. C’est assumer pleinement la contestation politique et la crise qu’elle provoquera. Alors que le gouvernement est en difficulté, les directions syndicales n’osent même pas s’engager dans la bataille en dénonçant l’illégitimité de Woerth, mouillé jusqu’au cou dans les affaires, tant elles sont intégrées à la politique du dialogue social. «  Un vrai problème » ont déclaré dans un interview commun aux Echos Chérèque et Thibault. Pour ce dernier l’affaire « polluait » le débat, alors qu’elle révèle aux yeux du plus grand nombre le sens politique même de la contre-réforme des retraites : assurer les profits des capitalistes, des banquiers, des actionnaires en s’en prenant à l'ensemble du monde du travail.
 
A l’opposé des préoccupations d’appareil, la journée du 7 septembre doit servir à faire entendre la colère du monde du travail, son refus de faire les frais de la crise et son envie d’en découdre. L’exigence du retrait doit s’exprimer le plus fort possible.
 
De même, la lutte pour les droits sociaux se combine avec la défense des droits démocratiques remis en cause par le gouvernement. Les mesures réactionnaires et xénophobes d’Hortefeux et de Besson s’inscrivent dans cette offensive des classes possédantes pour imposer l’injustice et la régression sociale.
 
Le 4 septembre doit préparer la manifestation du 7 septembre. Il ne s'agit pas de défendre la République des colonialistes, des Versaillais massacreurs de la Commune. Il s'agit de faire entendre les exigences démocratiques des classes populaires frappées par la crise, à l’opposé des références à la « sûreté républicaine », au moment même où Aubry claironne que « la crédibilité a changé de camp » sur le terrain de la politique sécuritaire ou que Royal relance son projet de redressement des jeunes délinquants par les militaires.
 
Sur le terrain des retraites, nous devons prendre toutes les initiatives pour construire l’unité de celles et ceux qui militent pour le retrait, pour faire céder le gouvernement dans son offensive contre le monde du travail. Il s’agit de construire des collectifs de militants du mouvement, regroupant des travailleurs, des jeunes, des militants syndicaux, politiques, c’est-à-dire des cadres collectifs et démocratiques pour la mobilisation et l’animation de la lutte.
 
Dans les entreprises, les services, les écoles,… des AG ont lieu sur les suites du 7 septembre, la reconduction. Menons le débat collectivement en intégrant la question de la reconductible dans la perspective de la grève générale. Un fort succès le 7 septembre doit servir à préparer la suite. Dans les syndicats, la pression doit s’exercer pour réclamer une vraie journée de grève générale avant le 29 septembre, permettant aux secteurs où la reconduction est possible de s’appuyer sur un mouvement d’ensemble pour y parvenir.
 
Mais un tel mouvement d’ensemble ne pourra se construire que sur des objectifs clairs, sur la base de la contestation du pouvoir, de sa politique. Partout, faisons entendre l’exigence du retrait de la contre-réforme Sarkozy-Woerth le plus fort possible.
 
Laurent Delage
 
VUE DANS DEBAT REVOLUTIONNAIRE
 
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11 juillet 2010 7 11 /07 /juillet /2010 14:32

La Commission européenne propose d’assouplir les règles d’autorisation des plantes génétiquement modifiées en échange d’un droit pour chaque État d’en refuser la culture sur son sol.
Sous des couverts démocratiques, cette tactique vise en fait à augmenter la culture et la consommation des OGM en Europe.
D’après les sondages, la majorité des citoyens européens ne veulent pas d’OGM, ni dans leurs champs ni dans leurs assiettes. De plus en plus d’États de l’Union européenne (UE) se montrent réticents à autoriser les OGM. La Commission européenne s’acharne donc à essayer de les imposer, pour le plus grand intérêt des multinationales de l’agroalimentaire. Elle vient d’autoriser trois variétés de maïs transgéniques de Monsanto ainsi que la pomme de terre transgénique Anflora de BASF, malgré l’opposition de nombreux pays.

Et trois nouvelles demandes d’autorisation de maïs OGM sont en attente (Bt11 de Syngenta, Bt 1507 de Pioneer, reconduction du Monsanto 810).

Pour sortir de ce qu’elle considère comme une « impasse » dans le dossier des OGM, la Commission prévoit une plus grande flexibilité dans les procédures d’autorisation de culture et de commercialisation. Son projet cherche à aider ceux qu’elle considère comme les « victimes » du système actuel : les entreprises de biotechnologie et les agriculteurs favorables aux OGM… Il s’agit de permettre d’accélérer les autorisations par l’Europe, avec moins de contrôles, en échange de la création d’une clause de sauvegarde pour chaque État membre qui serait libre d’autoriser ou non la culture et le commerce des OGM sur son territoire.
Ce n’est qu’un nouveau marché de dupes pour imposer ce que la majorité de la population refuse.

La possibilité d’interdire sur un territoire la culture d’OGM existe déjà par le biais des clauses de sauvegarde, comme celles mises en place par la France pour le maïs Mon810. Ces clauses, basées sur des éléments scientifiques, ont été systématiquement contestées par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), responsable des expertises au niveau européen.

Si les arguments utilisés pour interdire la culture ou l’importation d’OGM portent sur la coexistence avec les plantes non OGM ou les impacts socio-économiques, ils peuvent être considérés comme politiques et non scientifiques. De ce fait, ils peuvent faire l’objet d’une attaque de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ce genre de procédures a déjà été engagé par l’OMC contre l’UE, à la demande des États-Unis et du Canada. Avec cette possibilité d’interdiction nationale, la Commission renvoie sur les États membres de telles procédures engagées à l’OMC.

Le projet de la Commission permettra aussi de favoriser les importations d’OGM en Europe. La Commission aurait ainsi toute liberté pour autoriser ces importations, pour synchroniser les autorisations européennes avec les autorisations états-uniennes. Elle éviterait ainsi le renvoi des importations d’OGM non autorisés en Europe, comme ce fut notamment le cas avec les riz transgéniques en 2006 et 2007.

Elle pourrait aussi en profiter pour écarter les États membres des procédures d’autorisation en modifiant le système de vote et, par exemple, en n’impliquant plus le conseil des ministres européens et ne consultant jamais le Parlement. Quant à la population, il ne lui resterait qu’à obéir : mange et tais-toi !

Commission Agriculture du NPA

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16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 14:32

Vue sur le blog

http://www.jennar.fr/index.php/pour-en-finir/

 

 

 

Je tiens à remercier celles et ceux qui, via ce blogue ou par courrier personnel, ont apporté leur soutien, ont exprimé leur accord ou, avec cordialité, leur désaccord à propos de mon départ du NPA. D’autres, très peu nombreux, abusant de l’hospitalité de ce blogue où il n’y a aucune censure, ont choisi l’insinuation, le procès d’intention, les sarcasmes, voire la vulgarité et l’insulte. Il y a malheureusement des gens incapables de critiquer un point de vue sans l’assortir d’attaques personnelles à l’égard de celui qui porte ce point de vue. Vieilles traces, sans doute, d’une culture politique où l’insulte faisait partie du vocabulaire politique. Mais bon, je sais aussi que des sociologues ont constaté qu’Internet libère des convenances qui rendent la vie sociale acceptable. Il faut prendre ce risque ou ne pas avoir de blogue.

Je veux, par égard pour celles et ceux qui ont exprimé leur désaccord et qui l’ont fait avec gentillesse et respect, apporter les éléments de clarification que je crois nécessaires. Dans l’espoir, sans doute vain, que cela n’amènera pas sur mon blogue de nouvelles insanités de la part de ceux qui pour combattre une idée qu’ils ne partagent pas choisissent de salir celui qui l’exprime.

  

On me reproche d’avoir procédé à une « démission fracassante », d’être parti « avec éclat », bref d’avoir fait un coup médiatique. Le reproche qui m’est fait est sans fondement. Je n’ai pas organisé de conférence de presse. Je me suis contenté d’écrire un texte, de l’envoyer aux membres du CPN et des autres assemblées (départementale et locale) NPA dont j’étais membre, puis de le mettre sur mon blogue. Où peut-on voir-là un fracas médiatique ? A moins de m’interdire d’avoir un blogue avec ce que signifie ce nouveau mode de communication. Et c’est bien de cela dont il s’agit. Ce reproche vient de ceux qui n’acceptent des opinions différentes à la condition qu’elles ne s’expriment pas.

 

On ne s’est pas demandé un seul instant quelle fin pourrait avoir cette prétendue sortie théâtrale. Dans quel but ? Je ne suis pas un leader politique et je n’ai pas l’ambition de le devenir. J’ai un jour écrit que je voyais mon rôle dans le champ politique comme celui de l’instituteur dans le champ éducatif : partager le savoir que j’ai pu acquérir. C’est tout.  Je l’ai fait du mieux que j’ai pu pendant la campagne contre le TCE et dans bien des conférences sur les accords de l’OMC. Plutôt que de m’égarer au NPA, j’aurais du continuer et m’en tenir à cela.

Au-delà de mes engagements dans divers combats (altermondialistes, européens, pro-Palestiniens, littéraires) et de mes travaux sur le Cambodge, j’ai rêvé, après la campagne contre le TCE et le succès de mes livres sur l’Europe, la volonté de continuer de dénoncer l’effroyable machine européenne, de devenir député européen parce qu’avec ma connaissance des dossiers européens et des arcanes du Parlement européen, j’ai naïvement pensé que j’aurais pu y jouer un rôle utile, un peu à la manière d’un Francis Wurtz. C’est pourquoi, après m’être investi dans le projet NPA, j’ai accepté, alors que je n’avais rien demandé, d’être tête de liste dans le sud-est. Je n’ai pas été élu. Je ne serai donc jamais député européen. Comme je répugne à prendre des responsabilités dans des domaines où je ne suis pas compétent et comme je n’ai aucun désir d’être candidat pour être candidat, on ne me verra plus solliciter les suffrages. Mais évidemment de cela, mes détracteurs n’en seront convaincus que lorsque j’aurai disparu.

 

On me dit que ma décision est soudaine et brutale et que rien ne la justifie avant le congrès. Or, ceux qui me lisent savent que j’exprime mes inquiétudes depuis longtemps. Sur ce blogue, on trouvera les textes qui en témoignent :

- 21 août 2009 : message au NPA

- 30 septembre : succès de la première réunion de la gauche radicale

- 2 octobre : battre la droite et mettre en œuvre un programme alternatif dans les régions

- 6 octobre : après l’échec des européennes, le NPA ne peut pas rater les régionales

- 22 octobre : pour un rassemblement de la gauche radicale

- 21 novembre : où allons-nous ?

- 26 novembre : régionales : pour une nouvelle offre du NPA

- 9 mars 2010 : les régionales en Languedoc-Roussillon

- 15 mars : nouvel échec électoral du NPA.

 

Dès le lendemain des européennes, j’ai entamé une réflexion tirant les leçons de l’échec, réflexion aiguillonnée par le fait qu’il s’agissait aussi d’un échec personnel. Réflexion portant non seulement sur la stratégie électorale du parti, mais aussi sur son évolution depuis le lancement du projet. Cette réflexion, je l’ai confiée aux lecteurs de mon blogue. Alors qu’elle m’écartait de la majorité, je ne l’ai cachée à personne. Elle n’a rien à voir avec un coup de tête ou avec du dépit. Elle n’a rien à voir avec le procès qu’on me fait d’être incapable de me retrouver minoritaire. Quand on a fait du combat contre la mondialisation néolibérale – phase présente du capitalisme – son principal combat, on sait ce que c’est qu’être minoritaire. C’est bien autre chose que de l’être dans un petit parti politique.

Je n’ai pas estimé utile d’attendre le congrès – ce qui me vaut d’être traité de déserteur par des gens qui s’appellent « camarades » (mais comme le dit très bien Véro du NPA Ouest étang de Berre, au NPA, c’est très souvent en intro d’une attaque en règle qu’on se fait appeler « camarade ») pour les raisons suivantes :

a) Mon analyse – et j’ai quand même le droit d’en avoir une – c’est que les cadres de la LCR qui ont créé le NPA et qui ont montré depuis un an leur capacité à garder le contrôle du NPA sur l’essentiel à leurs yeux, avec le savoir-faire qui les caractérise, ne vont pas lâcher prise.

Au niveau national, cela signifierait renoncer à la ligne incarnée par le porte-parole/candidat à moins de deux ans de l’échéance présidentielle. Au niveau des départements et des comités locaux, cela signifierait prendre le risque de perdre le contrôle du CPN.

Au cours de l’année écoulée, au CE, la dizaine de femmes et d’hommes qui imposent leurs choix n’ont rien concédé sur le fond qui s’écarte du discours et des pratiques de la LCR. Et j’ai observé que, malgré de multiples protestations et tentatives, à chaque CPN, c’est leur ligne qui s’impose.

 

J’ai reçu à de multiples reprises du courrier de gens me disant qu’ils avaient été incités à venir au NPA suite à ma propre démarche et qui m’indiquaient à quel point il leur était difficile d’apporter dans leur comité une voix différente de celle du cadre LCR local, (quand il ne s’agissait pas de quelqu’un de l’Etincelle !). Le nombre de témoignages que j’ai reçus de gens se sentant victimes de sectarisme et leur répartition sur le territoire national dépassait le caractère de cas isolés (ayant fait la campagne du TCE dans toute la France, j’ai la chance d’avoir des contacts dans un grand nombre de départements). Comme j’appartiens à la catégorie d’adhérents sans passé dans un parti et venant de la militance altermondialiste, je me suis senti responsable à l’égard de ces militants que j’ai entraînés sans le savoir. J’ai transmis leurs doléances au CE. En vain.

Lors du dernier CPN auquel j’ai assisté, je suis intervenu, en séance plénière, pour qu’on s’interroge sur la raison du départ de membres qui ne trouvent pas leur place au NPA et j’ai plaidé pour qu’on retrouve l’esprit d’ouverture. J’avais en effet relevé, pendant la campagne électorale, qu’en de nombreux endroits, une cassure s’était produite entre nouveaux venus et anciens de la LCR. Si, au CPN, mon propos a été soutenu par quelques-uns, l’idée même d’ouverture a été combattue par d’autres au nom du « maintien de la ligne. »

 

J’ai peu à peu acquis la conviction que le NPA, même s’il a considérablement changé dans sa démographie par rapport à la LCR (mais pour combien de temps encore ?) est un habillage neuf de la LCR. A la fois sur les modes de fonctionnement, sur les stratégies et sur les contenus. Je n’y ai pas ma place.

Il y avait un pari auquel j’ai adhéré : c’est que les nouveaux venus étant plus nombreux que les ex-LCR, ils finiraient par imprimer au NPA la ligne correspondant à l’espoir qu’il a fait naître. Et c’est, j’en suis conscient, ce pari que font encore ceux qui restent et se préparent à engager la bataille du congrès. On choisit de s’engager dans une bataille quand on estime qu’il y a une chance de la gagner. Ils pensent la gagner et cela justifie qu’ils restent ; je la crois perdue d’avance et cela justifie que je parte.

 

b) on me fait le grief de manquer de patience et de ne pas m’inscrire dans la longue durée. Mais je redoute le piège qui consiste à croire qu’on peut changer une structure une fois qu’elle est établie. Et à s’installer dans cette vaine espérance. Aussi loin que je remonte dans ma mémoire, j’ai connu des militants du PCF pour voulaient rénover ou refonder le PCF.  Au motif qu’ils allaient le changer ils en restaient prisonniers. Il en va de même de militants à la gauche du PS qui lancent des appels pathétiques pour qu’on les rejoigne afin d’être assez nombreux pour le changer. J’ai observé depuis des années qu’une fois une structure en place, il est presque vain d’essayer de la changer de l’intérieur. C’est d’ailleurs une loi de la sociologie des organisations. Je ne veux pas m’enfermer dans cette situation alors qu’il y a urgence à faire autre chose.

 

c) ainsi qu’en a déjà été accusé l’artisan du côté NPA du succès en Limousin, « se constituer en courant, c’est tout simplement vouloir prendre le pouvoir à la place de ceux qui y sont. » Et force est de constater que les débats sur les idées et les stratégies finissent presque toujours, dans un parti politique, par se réduire à des luttes de pouvoir. Cela ne m’intéresse pas.

 

d) j’avais déjà été déçu au terme du congrès de fondation. Comme je l’ai déjà écrit, des amendements soutenus par des départements n’ont pas été soumis au vote en commission au motif selon l’animatrice ou l’animateur (tous ex-LCR) de la commission qu’ils « avaient été intégrés. » Pour découvrir, une fois connus les textes approuvés par le congrès, que ces amendements – parfois importants et portant toujours sur des matières hors culture LCR – n’y figuraient pas. J’en fus profondément déçu et, j’eus alors, pour la première fois, le sentiment de m’être piégé moi-même en entrant dans un parti politique. Comme peu après on m’a proposé d’être tête de liste aux européennes et que j’espérais être élu, je me suis dit, très naïvement, si je suis élu, je porterai avec plus de poids ces idées neuves pour les militants issus de la LCR. Parmi ces sujets, l’écologie et les institutions. Mais ces sujets n’intéressent guère ceux qui dirigent le NPA et s’expriment en son nom. Je l’ai vérifié à plusieurs reprises.

 

e) Je ne suis pas disponible à 100%, loin s’en faut. Mon énergie et mon temps, je préfère les réserver à combattre le capitalisme, les institutions et les partis qui le défendent plutôt qu’à livrer d’interminables batailles internes qui n’ont pas le moindre impact sur le sort des gens. Comme politologue, j’observe assez les partis politiques pour savoir que ce genre de discussions occupe finalement une part disproportionnée du temps des militants. Et que parfois même cela suffit à leur bonheur.

D’autres raisons m’amènent à quitter un parti politique.

Je quitte le NPA parce que je crois que la démocratie a besoin d’une réflexion approfondie sur la manière dont les citoyens s’organisent et qu’il faut questionner la forme parti. Il y a de la confiscation de la démocratie dans le fonctionnement actuel des partis. La démocratie est en crise et les partis politiques, machines à faire carrière (et il y a aussi une manière de faire carrière dans la militance) expliquent en partie cette crise. Une indispensable réflexion sur une démocratie plus poussée doit intégrer une réflexion sur le fonctionnement des partis politiques. Et qu’on ne m’oppose pas cet espère de terrorisme intellectuel qui voudrait que toute critique des partis s’apparente à une défense de Pétain ou de De Gaulle. Ce n’est que vulgaire polémique. Un parti politique n’est pas une fin en soi ; mais il ne suffit pas de l’écrire dans ses principes fondateurs. Il faut aussi agir en conséquence lorsque les nécessités du combat politique réclament qu’on se fonde dans un ensemble plus vaste.

Je quitte le NPA parce que je considère qu’être dans un parti, c’est se ligoter, c’est amputer sa liberté d’appréciation et d’expression. Je veux pouvoir apprécier un document, une proposition, une initiative des Alternatifs, du MOC, du PG, du PCF, des Verts, etc. et y apporter tout mon soutien si j’estime que c’est justifié. Sans avoir à rendre des comptes aux gardiens de la doctrine d’un parti. Je me sens à l’étroit avec des gens qui sans cesse affirment, parfois même sans s’en rendre compte, qu’eux seuls ont raison.

Je quitte le NPA parce qu’en fin de compte, j’ai vérifié qu’on est beaucoup plus crédible quand on ne porte pas une étiquette partisane. Pendant la campagne contre le TCE, toutes les portes se sont ouvertes pour que j’y expose les raisons de dire « non » parce que je ne portais pas l’étiquette d’un parti. J’ai pu toucher davantage de monde et en convaincre davantage. N’est-ce pas important quand on s’implique dans la bataille des idées ?

Je quitte le NPA, mais je ne renonce pas à l’essentiel : le combat pour une alternative écologique et sociale au capitalisme. Je change seulement de moyen. Je ne suis plus un militant de parti. Je redeviens ce que je n’aurais jamais du cesser d’être, un intellectuel engagé.

Au cours des deux années écoulées, je me suis lancé dans une expérience nouvelle pour moi. Je l’ai fait avec enthousiasme. J’en tire les conclusions. Et je regrette si j’ai blessé certains. Je leur présente mes excuses. Même si chacun est comptable de ses propres choix, j’adresse aussi mes excuses à celles et ceux qui m’ont fait confiance et ont rejoint le NPA sur mon conseil ou sur mon exemple.

J’estime avoir, avec ce dernier message à propos du NPA, fourni toutes les explications légitimement sollicitées. Je n’y reviendrai plus. Et je laisserai les réquisitoires, les procès d’intention, les sarcasmes et les insultes qualifier ceux qui les profèrent.

Raoul Marc Jenard

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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 22:01
Université d'été 2010 du NPA : les inscriptions sont ouvertes !
Image Université d'été 2010 du NPA : les inscriptions sont ouvertes !

 

 

L’université d’été du Nouveau Parti anticapitaliste est notre grand rendez-vous de l’année avant le congrès. C‘est donc un moment important pour prendre du recul sur une année très chargée, et échanger entre militant-e-s et sympathisant-e-s, ainsi qu’avec nos invité-e-s du mouvement social ou de la gauche anticapitaliste venu-e-s de toute la planète.

Le NPA veut en finir avec le capitalisme parce que celui-ci mène l’humanité et la planète à leur perte, et parce que nous voulons une société sans exploitation. C’est dans ce sens que, dans ses principes fondateurs, le NPA s’est assigné la tâche de contribuer à l’invention d’un « socialisme du XXIe siècle ». Après un siècle de trahison du socialisme et du communisme, la tâche est ardue, vingt ans après la chute du Mur de Berlin et la fin de régimes disqualifiant l’idée communiste.
Et pourtant Daniel Bensaïd proposait dans le numéro 4 de la revue Contretemps : « Le mot communisme (…) est celui qui évoque le mieux le commun du partage et de l’égalité, la mise en commun du pouvoir, la solidarité opposable au calcul égoïste et à la concurrence généralisée, la défense des biens communs de l’humanité, naturels et culturels, l’extension d’un domaine de gratuité (démarchandisation) des services aux biens de première nécessité, contre la prédation généralisée et la privatisation du monde ».
Pendant ce temps, le capitalisme poursuit son chemin destructeur aggravé par une nouvelle crise fi nancière.
En posant un regard critique sur les expériences passées, en se nourrissant des expérimentations des luttes d’aujourd’hui, la deuxième édition de l’université d’été du NPA est l’occasion de réfl échir collectivement, à travers une vingtaine de débats, avec la diversité de nos sensibilités, à l’invention des outils qui nous permettront de construire ce communisme là et d’imaginer ce que pourra être le socialisme du XXIe siècle.
Bien sûr, nous traiterons également de sujets plus directement en rapport avec l’actualité et nous ferons une grande place à l’actualité internationale, avec de nombreux invité-e-s étranger-ère-s.
Il ne reste décidément plus qu’une chose à faire : s’inscrire sans attendre ! (voir la plaquette ci jointe)

 
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5 janvier 2010 2 05 /01 /janvier /2010 17:31
BONNE ANNEE DE LUTTE
ET
 MEILLEURS VOEUX DE RESISTANCE POUR 2010 !

Bilan 2009, celui d'une année de crise

Ce n'est pas parce que Sarkozy le dit qu'il faut le croire. Bien au contraire ! Grâce à sa politique, on aurait, en France, « évité le pire ». Sans rire ! Pour les banquiers, les patrons et les traders sans doute… Pour la majorité de la population, pour les salariés qui ont accru la cohorte des chômeurs par wagons entiers, certainement pas.
2009 aura marqué les esprits par la densité de la crise et les conséquences sociales désastreuses qu'elle a engendrées.
Dans les voeux présidentiels, il n'y avait que de la mauvaise foi, de la malhonnêteté et les futurs mauvais coups : avec quelques jours de retard, le Père Noël Sarkozy  n'avait à offrir dans sa hotte, que les prochaines mesures antisociales (notamment sur les retraites) ou liberticides sur la justice.
Avec une fausse modestie qui lui est propre, il a presque affirmé que le bilan était positif.
Même Le fiasco (annoncé) du sommet de Copenhague était transformé en un quasi succès ! Pourtant comme la crise du capitalisme, la crise écologique est bien là. En France, Sarkozy désavoué par le conseil constitutionnel sur la taxe carbone, ne désarme pas et veut toujours nous faire payer cette crise-là aussi. Ce ne sont pas avec des mesures injustes c'est-à-dire faisant payer les plus démunis et les peuples qu'on sauvera la planète. Mais, c'est bien en refusant et en combattant la loi du profit propre à ce système destructeur qu'est le capitalisme. Une loi du profit qui vient de s'illustrer d'une manière toujours plus abjecte avec la vente des vaccins à des pays étrangers, parce que pour ce système tout est marchandise et doit rapporter du fric.

Pour une année 2010, belle et rebelle !

L'année écoulée a été le témoin de nombreuses luttes, en France et ailleurs. N'oublions pas le mouvement dans les Antilles ! N'oublions pas non plus que bien des occasions ont sans doute été manquées… Pour autant, depuis quelques semaines maintenant, de nombreux travailleurs se battent, notamment pour des augmentations de salaire. Des mobilisations initiées par les lycéens pointent dans l'Education Nationale. Des perspectives de grève existent également dans la fonction publique.
Plus que jamais nous devons reprendre confiance en nos forces et travailler à la consolidation des résistances, des luttes et, bien sûr, à leur convergence. L'année 2010 sera aussi l'occasion de sanctionner le gouvernement et de proposer une politique alternative de rupture pour les régions lors des élections de mars prochain.
Nous n'avons pas le droit de laisser faire cette droite arrogante, au service des puissants et qui casse un à un tous les acquis et les services publics. D'autant plus que la crise est toujours bien présente, avec, entre autres méfaits, la poursuite des licenciements. Et ce sont encore les mêmes qui vont continuer à la payer.
Nous n'avons pas le choix : face au capitalisme et à sa barbarie, battons nous pour une autre société, un autre monde de justice sociale et de fraternité.
Parce que c'est possible.

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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 16:59

Après le vote des députés, les sénateurs vont entamer l’examen d’un projet de loi entérinant de nouvelles régressions des droits à l’assurance maladie.

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2010, voté à l’Assemblée nationale, sera débattu au Sénat en novembre. Le gouvernement prétend lutter « contre le déficit par des mesures de redressement » et « contre les fraudes pour continuer à rendre le système plus juste. »1.

Le projet de loi prévoit une taxation ridicule des revenus du capital et d’importantes mesures au détriment des assurés sociaux dans toutes les branches de la Sécu.
Maladie. Le forfait hospitalier, non remboursable par la Sécu, augmente de 16 à 18 euros. Conséquence : les mutuelles augmenteront à nouveau leurs tarifs.
Une centaine de médicaments classés dans la catégorie « service médical rendu modéré ou faible » seront remboursés à 15 % au lieu de 35 %. La Mutualité française envisage de ne pas les rembourser expliquant que, soit un médicament est efficace et il doit être remboursé, soit il est inefficace et ne doit pas être remboursé. Mais alors pourquoi le produire ?
La Sécu doit payer la moitié du coût des vaccins contre la grippe achetés par l’État dans la plus totale opacité, sans que soit garantie la nécessaire indépendance des expertises et en exonérant à l’avance les laboratoires de toute responsabilité. Une aubaine de près d’un milliard d’euros pour ces labos !
Hôpital. L’installation des Agences régionales de santé, chargées notamment de restructurer le paysage hospitalier sera financée par le budget de la branche maladie. L’objectif fixé aux hôpitaux est « d’améliorer leur performance » sous l’égide d’une nouvelle Agence nationale pour la performance hospitalière. En clair, toujours plus de fermetures de services, d’hôpitaux, de suppressions de postes. Il est aussi créé un Fonds de performance de la Sécurité sociale pour sa « modernisation » !
Retraites. La majoration de deux années de cotisations par enfant, accordée aux mères salariées du privé est réduite à un an. La 2e année peut être partagée avec le père sur décision commune des parents. Cette mesure prise sous couvert d’égalité homme-femme ne règle en rien les inégalités profondes : l’écart salarial est de 27 % au détriment des femmes.
Famille. Un seul mode de garde des enfants « doit être privilégié »1: les assistantes maternelles. Rien n’est envisagé pour les crèches. Les jardins d’éveil devraient se développer, au détriment des écoles maternelles.
Contrôle social. La mission première de la Sécu n’est plus de servir des prestations : « La lutte contre les fraudes est devenue un objectif prioritaire de l’action des caisses de sécurité sociale »1. Démagogie ! Le fraudeur c’est l’État ! Il pille la Sécu en accordant des milliards d’exonérations de cotisations aux patrons et il s’indigne du déficit qu’il a créé !
Si un malade arrêté ne reprend pas le travail à la suite d’une visite d’un médecin diligenté par l’employeur, il perdra le bénéfice des indemnités journalières de la Sécu. Cette disposition sera étendue aux fonctionnaires, le contrôle de leurs arrêts de travail est transféré aux Caisses primaires d’assurance maladie.
Les médecins désignés comme « surprescripteurs » devront soumettre leurs prescriptions à la validation des Caisses.
Les échanges de fichiers2 sont autorisés entre les Caisses d’allocations familiales et l’administration des impôts.
Le gouvernement a annoncé la suite : débats sur le financement de la Sécu et sur la retraite par points début 2010. Il ne faut pas attendre ! Il faut stopper la casse !
Stéphane Bernard

1. Dossier de presse ministériel
2. Un décret du 28 octobre 2009 crée une interconnexion des fichiers des caisses vieillesse et maladie avec ceux des impôts.

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