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29 mai 2009 5 29 /05 /mai /2009 21:32

Dans la seule journée du mardi 26 mai, quatre entreprises (Euro Distribution Alimentaire, Goodyear, ABB et Altis) ont annoncé à elles seules près de 2 500 licenciements.

 Le lendemain, le gouvernement annonçait que ce sont 28 000 postes qui ont été supprimés en 2008 dans la fonction publique (5100 de plus que 22 900 officiellement prévus !) et que 31 000  de plus disparaitraient en 2009 et 34 000 en 2010. En même temps, chaque jour, sans « plan social », sans annonce au journal télévisé, sans bruit, des milliers de travailleurs sont jetés à la rue par simple « fin de contrat » CDD ou intérim.

L’Unedic vient de publier des chiffres qui donnent la mesure du prix payé par les classes populaires : près de 4,4 millions de travailleurs seront chômeurs à la fin de l’année toutes catégories confondues, soit 639 000 de plus en un an.

Autant de drames, de familles plongées dans le désarroi et la misère, tandis que les salaires baissent et que la proportion de travailleurs payés au SMIC est passée en un an de 12,9 % à 14,1 %.

Et à l’autre bout du décor, l’argent continue de couler à flots, les fortunes de s’étaler : l’ex-PDG de Valéo vient ainsi de justifier ses 3,2 millions d’€ de prime de départ : « Je ne trouve pas illogique, après vingt années passées dans une entreprise que je quitte contre mon gré, de partir avec deux années de salaire » soit, exactement, 260 années de salaire au SMIC !

Face à ce cynisme, aux conséquences dramatiques de la crise du capitalisme, la campagne menée par les grands partis institutionnels qui se disputent places et postes, à mille lieues des préoccupations quotidiennes des classes populaires, ne peut que susciter l’indifférence, le rejet.

Pour quelques voix de plus, Sarkozy déploie à grand renfort de médias son zèle sécuritaire, fait de la surenchère avec Darcos dans les écoles, promettant détecteurs de métaux, fouille, et proposant de transformer les conseillers d’éducation en police auxiliaire. Pendant ce temps, les flics d’Alliot-Marie arrêtent des enfants de 6 et 10 ans à la sortie de l’école.

« C’est la criminalité qui crée la misère ! » provoque Sarkozy et, dans un même élan, il flatte les préjugés hostiles aux travailleurs immigrés, en particulier en s’opposant à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne.

Quant au Parti socialiste, qui n’a fondamentalement pas d’autre politique face à la crise que d’appeler le gouvernement à renflouer une nouvelle fois les entreprises, il appelle sans rire à « changer maintenant » et au « vote utile ». Mais utile à quoi ?

Tous promettent de remettre en ordre l’Europe et le capitalisme, de protéger la population face aux ravages de la mondialisation. Qui peut les croire ? Les mêmes se sont relayés depuis plus de 25 ans au pouvoir dans toute l’Europe et leur politique libérale, entièrement soumise aux intérêts des multinationales, des financiers et des patrons, a plongé l’ensemble des pays européens dans la récession.

Alors oui, il y a de quoi être écoeuré de tant de démagogie, de cynisme. Mais justement, ces élections doivent servir à le dire, elles sont l’occasion d’un vote pour dire notre révolte, pour affirmer haut et fort nos exigences, notre volonté de rendre les coups.

Faire de son bulletin un acte politique pour armer les luttes sociales

Il est possible, nécessaire, de faire de son bulletin de vote un geste de riposte, un geste positif, utile. Alors que les confédérations syndicales prennent les militants à contrepied, déroutent, refusant d’organiser la colère autour d’un programme clair de revendications, le vote NPA sera l’affirmation de la nécessaire riposte, du besoin de la préparer.

Mardi 26 mai, jour de « mobilisation » intersyndicale « décentralisée », bien des militants ne cachaient pas leur amertume, leur sentiment de gâchis face à l’absence de perspectives et l’éclatement organisé. Le décalage est croissant entre la révolte du monde du travail et le bluff des directions confédérales, leur adaptation face au pouvoir. Si les manifestations du 26 n’ont rassemblé que la minorité militante voulant, sans illusion, utiliser cette journée à son propre compte pour affirmer sa volonté de riposte, cette volonté reste vive et profonde parmi de larges couches du monde du travail. Les 72 % de la population favorables aux grèves n’ont pas disparu, la grande majorité solidaire des travailleurs séquestrant les patrons licencieurs non plus. Et les grèves dures, déterminées, comme celle de 8 semaines à EDF ou de 4 semaines à RFI, celles qui éclatent comme au journal 20 minutes et la multitude de conflits locaux contre les licenciements, les externalisations, pour les salaires, en témoignent.

L’éditorialiste du journal patronal Les Echos conseillait le 26 mai au pouvoir de « ne pas se réjouir » expliquant, lucide : « un pays où des millions de personnes défilaient dans les rues il y a encore deux mois n’est pas plus entré en résignation prolongée qu’il n’était la veille au bord de la révolution. Si lassitude il y a, c’est moins celle du moteur de la manifestation que de sa méthode, restée bien traditionnelle.

L’essoufflement de mai annonce peut-être un second souffle social ».

C’est ce souffle social qu’il faut anticiper, préparer, en discutant non seulement de la méthode mais en posant les questions politiques : quelles revendications, quel programme pour unifier les luttes ?

Il devient une évidence pour des masses de plus en plus larges de militants, de salariés, de jeunes, que la riposte ne pourra se construire que sous la pression de la base elle-même s’organisant pour coordonner les luttes d’une entreprise à l’autre, d’un secteur à l’autre, pour s’opposer aux licenciements, aux « suppressions de postes », à la destruction des services publics, pour exiger la hausse des salaires, en un mot refuser de payer leur crise.

C’est le sens, la véritable portée de notre campagne que d’être l’écho, le prolongement politique de cette prise de conscience, de l’affirmation de cette nécessité.

Il n’y a pas d’un côté les luttes sociales et de l’autre le combat politique, électoral, mais un seul et même combat anticapitaliste mené sur tous les fronts, utilisant tous les outils. La campagne se situe dans un tournant, un moment où pour bien des militants l’heure est non seulement à la colère mais aussi aux questionnements, aux bilans, et notre campagne y participe, elle contribue à la politisation du mouvement social.

Le pouvoir, le patronat profitent de tous les temps morts, de chaque occasion pour tenter de pousser l’avantage,accentuer l’offensive. C’est leur raison d’être, la seule politique possible du capital, ils mènent leur guerre de classe qui ne connaît d’autre « régulateur » que le rapport de force, la lutte organisée du monde du travail pour exiger son dû. Les attaques et provocations s’accumulent : vote du travail le dimanche, campagne de l’UMP pour le travail à domicile pendant les arrêts maladie, loi sur la mobilité des fonctionnaires intégrant la possibilité de licenciement…

Dans le même temps, le gouvernement, nerveux, accentue la répression contre les classes populaires et l’ensemble du mouvement social. En témoignent entre autre la répression des grévistes d’EDF ou encore le maintien en détention sans raison,pendant 6 mois, de Julien Coupat que le parquet a dû se résoudre à laisser sortir faute de l’ombre d’un début de preuve.

Dire ce qu’on pense, ne pas laisser faire


Notre campagne est une campagne politique pour appeler les travailleurs, la population à préparer la contre-offensive et à dire ce qu’ils pensent, à ne pas laisser faire.

Voter pour les listes NPA sera un geste politique clair pour dire que ça suffit, que nous refusons la course à la rentabilité financière qui conduit le monde dans le mur, ruine la société, détruit l’environnement. Un geste pour exiger le droit de chacune et chacun à un travail et un revenu décent et garanti, l’interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous, 300 € de plus pour tous et pas de revenu inférieur à 1500 € net. Pour affirmer la nécessité de la nationalisation des banques et du crédit pour créer un pôle financier unique au service des investissements pour satisfaire les besoins de la population, sous son contrôle.

Un geste qui remet en question le droit qu’une minorité s’est arrogé de diriger et décider pour tous, qui pose le problème du contrôle démocratique de la société par ceux qui la font réellement tourner, qui en produisent les richesses, en clair la question du pouvoir.

 

Des « pères fondateurs » à la crise.

L’échec de l’Europe capitaliste,terrain pour l’émergence d’une Europe des travailleurs et des peuples .La crise financière partie des Etats-Unis en septembre 2008 s’est propagée et développée en crise économique et sociale dans l’ensemble du monde à une vitesse foudroyante. La récession frappe aujourd’hui l’Union européenne avec plus de violence que les Etats-Unis.

Bien conscients de cette expression de leur faillite politique, les partis qui alternent ou cohabitent au pouvoir depuis 25 ans cherchent par tous les moyens à masquer leur bilan et à se dédouaner de leurs responsabilités. L’UMP en campagne veut « une Europe qui protège », mais c’est pour l’avenir, et Sarkozy à Nîmes, le 5 mai dernier, a écarté toute discussion sur son bilan et celui du gouvernement.

Harlem Désir, pour le Parti socialiste, dénonce « une Europe qui manque, une Europe défaillante » et désigne les « responsables », « ceux qui sont majoritaires dans les institutions européennes », oubliant que le PSE est la plupart du temps main dans la main avec le PPE au Parlement européen et qu’en Allemagne, CDU et SPD ont formé un gouvernement de coalition.

Or cette crise, c’est bien la politique des classes dirigeantes dont ils sont les représentants qui en est responsable et c’est peu dire que la construction européenne n’a en rien protégé nos économies. Elle est au contraire au coeur de la crise, en tant qu’instrument de l’offensive contre les droits des travailleurs et des peuples qui a exacerbé les contradictions du système capitaliste : surabondance de capitaux dégagés par l’augmentation des profits tirés de la surexploitation d’un côté, réduction des capacités de consommation à cause des licenciements et de la baisse du coût du travail de l’autre.

Dans son discours à Nîmes, Sarkozy a fustigé « L’Europe de l’impuissance […] qui n’exprime aucune volonté, qui ne fait pas de politique et qui, par conséquent, sert de variable d’ajustement à toutes les politiques du monde ». On connaît l’argument, il nous a été servi suffisamment souvent par les tenants du Oui au TCE en 2005, par la droite comme par le PS : la constitution, loin d’être l’expression juridique de la mondialisation libérale, devait ouvrir au contraire, en renforçant les institutions européennes, des possibilités de maîtriser celle-ci et de lui faire contre-poids. Avec quelle hypocrisie ceux qui ont mis en oeuvre, consciemment, systématiquement, toutes les mesures de déréglementation financière, fiscale et sociale depuis 25 ans, peuvent-ils prétendre aujourd’hui que la situation créée par ces politiques ne serait que le résultat d’une mondialisation qui leur échappe totalement, d’un processus quasi-inconscient qui se serait imposé contre leur volonté !

Mensonge aussi que cette fable de l’Europe des Pères fondateurs, à laquelle Sarkozy oppose l’Europe de l’impuissance :

« C’était l’Europe qui avait décidé de ne plus se faire la guerre à elle-même, de ne plus s’autodétruire, c’était l’Europe qui avait décidé de ne plus assassiner sa jeunesse dans la boue répugnante des tranchées, l’Europe qui avait tiré les leçons d’une histoire tragique. […] L’Europe des pères fondateurs c’est l’Europe qui a cherché son salut dans l’action, l’Europe qui a fait le pari insensé, et qui l’a gagné, qu’après les deux guerres les plus meurtrières de l’Histoire, en travaillant ensemble les peuples qui se haïssaient apprendraient à mieux se comprendre, à mieux se respecter et, peut-être, à s’aimer. »

A entendre Sarkozy, ce serait les peuples européens qui seraient responsables des deux guerres mondiales tandis que leurs classes dirigeantes, elles, auraient oeuvré, dans une volonté de paix, après la deuxième guerre mondiale, à la construction européenne.

La réalité est toute autre. Les prétendus choix idéologiques ou volontés politiques des classes dirigeantes ne servent qu’à habiller les véritables mobiles de leur politique, leurs intérêts de classe, en fonction, à chaque époque, du rapport de force avec les classes exploitées et avec leurs rivales à l’échelle internationale.

L’Europe de l’offensive libérale dans la continuité de l’Europe des Pères fondateurs

1)      Une coopération économique imposée aux bourgeoisies européennes par l’hégémonie de l’impérialisme américain.

C’est seulement parce qu’elles ont été comme pacifiées par l’hégémonie de l’impérialisme américain, à la fin de la deuxième guerre mondiale, que les bourgeoisies européennes se sont engagées dans la construction européenne.

Ce geste est important, il comptera. S’il peut envoyer des militants anticapitalistes au Parlement européen, ce sera un appui matériel et politique, modeste certes mais au service de la contre-offensive du monde du travail, pour aider à la convergence des luttes. Et quoi qu’il en soit, ce vote sera un encouragement, une étape pour aider à préparer la suite, préparer le prochain « souffle social ».

 

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