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6 juillet 2008 7 06 /07 /juillet /2008 13:38

 

PARIS, 29 juin 2008 (AFP) -
Le PS, en pleine préparation de son congrès, et la LCR, qui dénonce l’acceptation du "capitalisme" par les socialistes et espère capter la "gauche de la gauche", se livrent à distance une bataille pour représenter "le meilleur opposant" au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Fort de sondages de popularité au beau fixe, Olivier Besancenot cherche à transformer l’essai un peu plus d’un an après le premier tour de la présidentielle qui l’avait vu arriver en deuxième position des candidats de gauche. Le moment de ce "changement d’échelle" lui semble propice, les débats  notamment sur la dimension "libérale"- et luttes de personnes en cours au PS brouillant le message du principal parti d’opposition, alors que le PCF n’est toujours pas remis de la "claque" qui l’a renvoyé sous les 2% à la présidentielle. Le "jeune postier" et la Ligue communiste révolutionnaire ont ainsi entamé la transformation du mouvement trotskiste en un "nouveau parti anticapitaliste", dont la première réunion nationale de préparation s’est tenue samedi. Objectif : capter les mouvements de la "gauche de la gauche", politiques ou issus des "luttes" sociales. "Olivier Besancenot apparaît comme le meilleur dirigeant contre Sarkozy, alors que le PS est muet ou même complice" du gouvernement, jugeait samedi Alain Krivine, leader historique de la "Ligue". Et Olivier Besancenot d’enfoncer le clou, ne ratant jamais une occasion de fustiger l’acceptation par le PS de l’économie de marché. Conscients du problème, les ténors socialistes s’attachent à muscler le discours contre le pouvoir, en premier lieu, Ségolène Royal. Comme une réplique du tac au tac à la réunion des délégués du NPA, l’ex-candidate à l’Elysée a tout fait pour transformer la présentation samedi de sa "contribution" pour le congrès du PS en "premier grand rassemblement contre la politique" de Nicolas Sarkozy, dont elle a violemment dénoncé l’action. A droite, on observe de près le problème de positionnement du PS. L’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin jugeait ainsi dimanche au "Forum" de Radio J qu’il était "clair aujourd’hui que le PS créé lui-même en permanence l’ambiguïté. Quelle est sa stratégie ? Cap à gauche ou cap au centre ?". Et si M. Raffarin assure que l’UMP n’a pas pour "objectif" d’instrumentaliser M. Besancenot, des médias ont rapporté que les principaux dirigeants de la majorité, Nicolas Sarkozy en tête, se sont réjouis devant le patron du PS, François Hollande, de la montée en puissance du "jeune postier", comparant la situation à celle de la droite avec le Front national dans les années 1980 et 90. Mais à la différence du FN, qui a toujours renvoyé droite et gauche dos à dos, Olivier Besancenot avait clairement appelé à "battre Nicolas Sarkozy " en 2007, relèvent des observateurs. Le PS, en tout cas, ne manque pas une occasion de le renvoyer à ses "responsabilités", en critiquant son refus d’assumer le pouvoir et dénonçant le risque qu’il ne fasse le jeu de la droite. "Certains, notamment à droite, auraient bien envie de l’instrumentaliser (M. Besancenot) pour créer l’idée qu’il y aurait désormais deux gauches, avec, à la clé, une compétition permanente désastreuse", avertissait ainsi dans le Journal du Dimanche le député PS Julien Dray, lui-même ancien de la LCR. Signe d’une certaine inquiétude, les socialistes ont créé un groupe spécial, composé notamment d’anciens trotskistes passés au PS, chargé de suivre la création du "NPA".

Par Stéphane ORJOLLET

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24 juin 2008 2 24 /06 /juin /2008 23:03

Depuis quelques semaines, les débats dans la direction du PCF, en vue de la préparation du congrès, ont pris une tournure d’une violence exceptionnelle.

Pour préparer le congrès, la majorité de la direction du PCF a diffusé à tous les militants un questionnaire abordant à peu près tous les thèmes, sans rien trancher. Trois conférences nationales thématiques devaient approfondir certains sujets. Celle de Marseille s’est tenue, il y a quinze jours, en l’absence de Marie-George Buffet, partie au Liban en compagnie de Sarkozy pour faire « entendre la voix de la France », ce qui eut pour conséquence de faire entendre les protestations des militants indignés.

Le mécontentement est général et il traduit l’impuissance des différents courants à offrir une alternative à l’orientation majoritaire de l’appareil qui, derrière la secrétaire nationale, maintient la perspective de rééquilibrer toute la gauche dans un sens antilibéral afin de retourner un jour au gouvernement. On critique les dérives du PS, mais on ne rompt pas avec ce parti qui, électoralement, permet encore au PCF en pleine crise d’avoir des députés et près de 12 000 élus.

Trois courants organisés s’efforcent d’opposer une autre orientation tout en étant tous d’accord sur un point central, celui de ne pas rompre les alliances institutionnelles avec le PS et d’envisager d’aller au pouvoir uniquement par des majorités électorales. Incapables de sortir de cette ornière, ils s’opposent à la direction sur le type de questions à poser sans apporter de réponse alternative. En revanche, ils ne craignent pas les alliances douteuses. Ainsi, ce qui reste des refondateurs (Pierre Zarka, Patrick Braouezec, Roger Martelli) a rencontré, le 11 juin, les plus droitiers du PCF (Robert Hue et Jean-Claude Gayssot) pour faire une déclaration commune critiquant les questions posées par Buffet et la façon de préparer le congrès. De son côté, Roger Martelli, dans l’Humanité du 13 juin, est explicite : « Ou bien nous acceptons, soit la course à l’échalote avec la LCR qui nous laisse dans une minorité stérile, soit la place de supplétif du PS, qui nous rapproche de la majorité électorale mais nous éloigne de la transformation sociale ? » Et de conclure par une référence à l’exemple de Die Linke en Allemagne.

De l’autre côté, les anciens staliniens, comme le député André Gérin, accusent la direction de brader le communisme et proposent de mettre sur pied une direction provisoire afin de préparer le congrès pendant que l’ancien député du Val-de-Marne, Jean-Claude Lefort, envoie une lettre au vitriol à Marie-George Buffet, qui avait traité les participants à la réunion du 11 juin de « douze bonhommes ». À la conférence thématique de Tours, tout le monde s’est accordé pour reconnaître la nécessité d’un PCF, cherchant à le « dépasser », le « rénover », le « reconstruire ». La question centrale, toujours pas posée, nous semble plus simple : comment arriver à renverser le capitalisme et construire une autre société ? Mais tous ne seront peut-être pas d’accord sur l’objectif. ■

Alain Krivine

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24 juin 2008 2 24 /06 /juin /2008 22:39

Samedi 14 juin, le Parti socialiste a adopté sa nouvelle déclaration de principes. Celle-ci consacre des changements en profondeur du PS.

« Être de gauche, c’est une façon agréable d’être de droite », disait la marionnette de Dominique Strauss-Kahn aux Guignols. À l’époque, le nouveau patron du FMI représentait l’aile droite du PS. Aujourd’hui, les manœuvres avant le congrès du PS, en novembre prochain, semblent prouver que, parfois, la réalité dépasse la caricature. La publication de l’ouvrage de Bertrand Delanoë, De l’audace !, dans lequel il s’affirme « socialiste et libéral », semble démontrer que, désormais, un congrès du PS se gagne à droite1. Bien entendu, une telle prise de position a un côté factice et marketing. Delanoë a voulu faire un coup d’éclat médiatique, être au centre du débat.

Au-delà des calculs politiciens, ce débat autour du libéralisme correspond à de profonds changements au sein du PS. Ce dernier a subi des échecs, en 2002 et 2007, très douloureux pour un parti de gouvernement. Une partie de ses dirigeants a cédé aux sirènes de l’ouverture sarkozyste. Les autres se posent des questions stratégiques de fond, car ils ne comptent pas rester dans l’opposition toute leur vie. Et, forcément, ils reviennent sur l’expérience de Tony Blair en Grande-Bretagne. Ce dernier a réussi à transformer en profondeur le Parti travailliste, après des années de pouvoir conservateur, en menant un véritable combat idéologique. Il a repris à son compte à la fois l’idéologie et le vocabulaire des néolibéraux pour faire d’un parti créé par les syndicats, en 1906, la pointe avancée de la modernisation capitaliste, avec le New Labour. Depuis 1997, les travaillistes ont su montrer aux élites dirigeantes britanniques qu’ils étaient capables de défendre leurs intérêts de façon plus efficace que les conservateurs, acceptant l’héritage économique de Thatcher et son champ de ruines social.

Un tel exemple donne des idées au PS. La campagne menée en 2007 par Ségolène Royal, sans que ce soit vraiment théorisé, allait déjà dans le sens d’un rejet de la tradition socialiste. Par la suite, le maire d’Evry, Manuel Valls, s’est positionné comme le champion d’une nouvelle « alliance entre le progrès et le business », celui qui voulait « construire une nouvelle force politique, comme Blair l’a fait avec le New Labour »2. Affirmant que « Parti socialiste, c’est daté », il entendait démontrer que les socialistes sont « plus compétents et meilleurs gestionnaires que la droite ». Pas de chance, celui qui espérait ainsi afficher un profil original et porteur s’est fait doubler sur sa droite par Delanoë ! Le projet de refondation du PS semble désormais dépasser largement les rêves du général sans troupes et sans courant qu’est Manuel Valls.

Changement de disque dur

Dans son livre, Bertrand Delanoë prend bien soin de distinguer libéralisme politique et économique. Royal elle-même affirmait, en mars dans Le Point, que le libéralisme politique est « depuis l’origine indissociable du socialisme démocratique ». Il y a toute une tradition de débat philosophique sur cette distinction. Mais quand des responsables politiques socialistes majeurs s’affichent libéraux, la fonctionnalité est tout autre qu’un simple débat de spécialistes. Dans le cas de Delanoë, l’affirmation va de pair avec tout un discours libéral, au sens économique du terme : un « bon socialiste » doit être un « bon manager », « l’économie de marché n’est pas un débat, c’est un fait », et elle seule « crée des richesses nécessaires au progrès social ». On croirait entendre Laurence Parisot… Cette acceptation de l’économie de marché n’est pas la lubie d’un leader isolé, mais elle correspond à l’esprit de la nouvelle déclaration de principes du PS. « Les socialistes sont partisans d’une économie sociale et écologique de marché » (article 6), ils veulent « concilier l’économie de marché, la démocratie et la cohésion sociale » (article 8).

Ces orientations théoriques ont des conséquences concrètes. Au-delà des querelles de personnes, Royal, Delanoë ou Valls approuvent la contre-réforme des régimes spéciaux. Delanoë regrette que les socialistes, trop « pusillanimes », ne l’aient pas accomplie eux-mêmes. Il regarde « avec intérêt » le projet d’autonomie des universités, revendique flexibilité et mobilité pour les salariés. Il dresse, à partir de son expérience parisienne, un modèle de partenariat avec le secteur privé pour les services publics, sur l’exemple de Vélib’ ou de la distribution de l’eau. Les accusations d’être « étatiste » ou « protectionniste » sont rejetées sur Sarkozy. Les dirigeants socialistes revendiquent la remise en cause des acquis sociaux, privatisation des services publics, au nom de la modernité. Ils le font non pas une fois au pouvoir, mais alors même qu’ils sont dans l’opposition. Il y a là un changement complet du disque dur socialiste. Ils acceptent aussi le revers sécuritaire de la médaille libérale : expulsion des sans-papiers, lutte contre le terrorisme érigée en « principal défi international », « centres éducatifs fermés » pour les mineurs délinquants.

Gestion du système

Révélateur d’un rapport de force dégradé pour le monde du travail, ce discours rénové n’a plus comme ambition de s’adresser aux classes populaires, même si elles peuvent encore considérer le vote PS comme un outil contre la droite. Dans le livre de Delanoë, le mouvement ouvrier est relégué dans la « conscience du passé », héritage de l’« histoire ». Ce sont désormais les nouvelles élites issues de la mondialisation qu’il s’agit de convaincre du caractère plus moderne, plus libéral, des socialistes, par rapport à la droite, dans l’unique perspective de 2012. Une telle évolution correspond à une modification profonde de la sociologie du PS, devenu un parti de cadres, d’élus et de professions supérieures3. À Paris, Delanoë est plus crédible que la vieille droite vis-à-vis de ces catégories de la population.

Le nouveau pari du PS, face à la droite sarkozyste, est de parvenir de faire de même à l’échelle de la France. Dans ce projet, les intérêts populaires ne comptent pas, et l’aile gauche du PS, renonçant une fois de plus au combat, se prépare à soutenir les « reconstructeurs », autour d’Aubry et de Fabius. Le triste sort de la coalition Prodi en Italie, la défaite du SPD allemand ou celle annoncée de Gordon Brown en Grande-Bretagne permettent de douter de l’efficacité à long terme de cette tactique, outre ses dégâts sociaux. À nous de démontrer, avec le NPA, qu’une vraie gauche est capable de s’opposer à la droite, dans les luttes, les urnes et par les propositions, plus efficacement qu’un PS qui a renoncé à changer le monde. Quand les prétendus réformistes ne proposent plus d’autres réformes que celles de la droite, il y a de la place pour ceux et celles qui refusent de se résoudre à être des gestionnaires du système. ■

Sylvain Pattieu

Notes

1. Bertrand Delanoë, De l’audace !, Robert Laffont.

2. Manuel Valls, Pour en finir avec le socialisme… et être enfin de gauche !, Robert Laffont.

3. Voir Rémi Lefebvre, Frédéric Sawicki, La Société des socialistes, le PS aujourd’hui, Éditions du croquant.

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2 juin 2008 1 02 /06 /juin /2008 11:02

 

 

 




On se souvient du scandaleux triomphalisme de Ségolène Royal, au soir de l’élection de Sarkozy, la candidate clamant avec un sourire radieux que sa défaite était une victoire, alors que des millions de salariés avaient les tripes nouées à l’idée des calamités qui n’allaient pas manquer de s’abattre sur eux. À l’époque, c’est la campagne du Parti socialiste, imperméable et étrangère aux revendications du monde du travail, qui avait fait le lit de la démagogie sarkozyenne.

Un an plus tard, la démagogie s’est vite usée et les résistances se multiplient ; attaqués de toutes parts, les salariés montrent une combativité d’autant plus remarquable qu’ils doivent lutter avec un bras lié dans le dos par la politique de leurs directions syndicales. Mais le spectacle offert par les hiérarques du PS est, quant à lui, toujours aussi pathétique. Sourds, aveugles et muets face aux mobilisations sociales, ils ne se consacrent plus qu’à la lutte des places. Delanoë dévoile-t-il ses ambitions élyséennes en publiant un livre où, en toute franchise et sans nulle vergogne, il s’affirme « libéral », qu’on voit immédiatement, en réaction, une Royal à contre-emploi s’en aller visiter les usines et se mettre à citer Jaurès. Dérisoire et révoltant.

Tous sont, en tout cas, d’accord sur un point : à l’opposé de l’urgence sociale, laisser les mains libres à Sarkozy jusqu’en 2012, dans l’espoir de pouvoir surfer alors sur une vague de rejet, malgré un programme qui ne sera pas qualitativement différent de celui de la droite. Et tant pis (à moins que ce soit « tant mieux », parce que le sale boulot aura été fait ?) si c’est sur un paysage social dévasté. Il ne reste qu’à savoir qui d’entre eux sera, dans quatre ans, l’heureux élu…

Complètement ligotés au PS, les dirigeants du PCF et des Verts n’ont pas grand-chose d’autre à déclarer. À la gauche plurielle a succédé la gauche « plus rien ». Devant ce champ de ruines, l’heure est bien à la reconstruction. D’une gauche digne de ce nom, de combat anticapitaliste, utile dès à présent aux luttes et porteuse d’un projet de transformation révolutionnaire de la société.

Jean-Philippe Divès

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2 juin 2008 1 02 /06 /juin /2008 10:57
Le combat au PS fait la joie de Besancenot "...

 

Article de Libération du 30 mai.

A la LCR, on se félicite de la polémique du PS sur le libéralisme, qui pourrait bien faire apparaître Besancenot comme le troisième homme, à la gauche de Delanoë et Royal.

Bonne semaine pour Olivier Besancenot. Quand l’entourage de Bertrand Delanoë surnomme Ségolène Royal « "Che"golène » parce qu’elle « cite Jaurès quatorze fois par phrase et déclare le libéralisme incompatible avec le socialisme », le leader de la LCR, qui tient meeting ce soir à la Mutualité, à Paris, se frotte les mains. Idem lorsque l’ex-candidate assure que « le capitalisme détruit les hommes et les femmes. […] C’est ça, le libéralisme ».

« Drapeau ».

A la LCR, on sait qu’en matière d’anticapitalisme et de référence au Che, la crédibilité de Besancenot n’a pas d’égal. Et que les saillies « gauchistes » de Royal apportent une légitimité supplémentaire au Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), en cours de lancement par la Ligue. « C’est l’hommage du vice à la vertu, ironise Alain Krivine, porte-parole de la formation trotskiste. Ce faux débat sémantique discrédite encore plus le PS. Tout le monde sait qu’ils défendent tous les deux l’économie de profit ! Et qu’ils se font concurrence uniquement pour savoir lequel sera premier secrétaire et candidat en 2012. » Non content de relever dans beaucoup de déclarations des socialistes « un nouveau signe que le PS est obsédé par Olivier Besancenot », Alain Krivine se félicite qu’« ils se rendent comptent qu’une partie de la gauche se détache d’eux et se radicalise. Et ils ont peur que cet électorat ne se reporte plus sur eux ».

Lundi, Julien Dray, porte-parole du PS, en faisait le constat dans Libération : « Si nous donnons le sentiment de laisser tomber le drapeau, d’autres, comme Olivier Besancenot, se chargeront de le ramasser. » Une analyse reprise par Razzye Hammadi, membre de l’aile gauche du PS : « A chaque fois qu’on papillonne et qu’on laisse Besancenot s’exprimer sur l’essentiel- la répartition capital-travail, l’investissement public et la défense des salariés -, cela ne peut que lui profiter ! » Son courant, le NPS, espère lui aussi engranger sur l’antilibéralisme au sein du PS. Pour Razzye Hammadi la sociologie uniforme et notabilisée du PS l’empêche de contrer « la synthèse politique et culturelle que Besancenot est en train de réussir entre les jeunes des quartiers populaires et les déçus de la gauche de gouvernement appartenant aux catégories populaires ».

« Pré carré ».

Le NPA mord en effet les mollets du PS. Selon une note interne à la LCR, qui circule chez les dirigeants socialistes et que Libération s’est procurée, « la première phase du processus de lancement du NPA est un succès ». Les socialistes ont la désagréable surprise de relever que « les points forts [du NPA] s ont sur les lieux où le PS est implanté à l’ancienne : Seine-Maritime, Pas-de-Calais, Bouches-du-Rhône, région toulousaine ». « Révélateur de notre non-évolution/notabilisation ? » interroge un cadre socialiste.

Grâce à la polémique sur le libéralisme, Besancenot apparaît comme le troisième homme. « C’est vers le NPA que beaucoup de militants de gauche, perturbés, se tournent. Et pas vers le PCF. Le jeu s’est polarisé entre Royal, Delanoë et Besancenot » , constate l’antilibérale Clémentine Autain (lire son entretien sur Libération.fr), pour qui « l’enjeu est de savoir si le NPA est prêt à s’ouvrir à d’autres sensibilités ou cultivera son pré carré d’extrême gauche ».

Matthieu Écoiffier.

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1 juin 2008 7 01 /06 /juin /2008 21:20
Royal-Besancenot : un débat dans Marianne....

 

"Royal-Besancenot : enfin, ils se parlent...". Dans Marianne du 31 mai.

Marianne : Tout d’abord, pourquoi avez-vous accepté cette rencontre ? Est-ce parce que vous vous réclamez tous les deux du même camp ?

Ségolène Royal : J’ai accepté parce que c’est vous qui me l’avez proposée. Sinon, je n’en aurais peut-être pas eu l’idée ... Plus sérieusement, je trouve utile d’accepter votre proposition de dialogue avec Olivier Besancenot. Nous avons failli nous croiser à Gandrange sur le même piquet de grève. Tout débat avec ceux qui ont envie que le monde change est fructueux.

Et vous, Olivier Besancenot, est-ce parce que vous partageriez une culture commune avec Ségolène Royal que vous avez jugé cet échange utile ?

Olivier Besancenot : D’abord, c’est vous qui l’avez suscité, en effet. Nous avons été tous les deux candidats à l’élection présidentielle. Et il y a deux grandes orientations politiques à gauche qui se dessinent au fur et à mesure que les luttes avancent. La confrontation politique est donc toujours utile. De la confrontation, des idées peuvent jaillir ! Il y beaucoup d’électeurs de gauche qui se sentent orphelins de ce type de débat contradictoire où chacun assume ses orientations, fait la part de ce qu’il y a en commun et de ce qui nous sépare. Il y avait des désaccords au sein de la famille de la gauche sur la façon de changer le monde, entre ceux qui se disent réformistes et ceux qui se disent révolutionnaires. Au fur et à mesure que la mondialisation financière a avancé, on s’est rendu compte que les marges de manoeuvre pour obtenir des réformes s’étaient amoindries. A l’époque des Trente Glorieuses, les capitalistes cédaient quelques réformes, sur lesquelles il ne fallait pas cracher d’ailleurs, histoire d’acheter la paix sociale. Depuis le début de la contre-réforme libérale des années 80, ces espaces de compromis n’existent plus. Et à cette époque, en France, nous avions des gouvernements de gauche censés être réformistes, mais incapables de faire des réformes importantes. Soit on continue de vouloir changer le monde et on se donne les moyen de le faire, soit on pense que l’économie de marché, c’est-à-dire le capitalisme, est un horizon indépassable et on s’en accommode.

Vous avez employé les termes de « confrontation » et de « débat contradictoire », alors que Ségolène Royal n’a parlé, elle, que de débat. Dans « confrontation », il y a une idée de combat ?

O.B. : Non, non, je suis venu dans l’idée de débattre.

S.R. : Il est des confrontations créatrices ...

Ségolène Royal, vous auriez donc renoncé à changer le monde ?

S.R. : Au contraire. Je veux répondre aux désordres du monde et accéder au pouvoir pour peser sur les solutions à mettre en place pour l’épanouissement des femmes et des hommes. Moi, je suis entrée en politique par le féminisme. Lorsqu’on m’a dit : « Tu es une fille, tu ne feras pas d’études », ça m’a révoltée. Donc je suis partie, j’ai travaillé, et j’ai demandé une bourse parce que j’ai compris que c’était par l’école que j’échapperais au destin réservé traditionnellement à beaucoup de femmes. Je veux que l’école de la République reste un élément majeur d’émancipation pour tous. Cette bataille pour l’éducation est au coeur de la raison d’être des socialistes. Sans doute auraient-ils dû aller beaucoup plus loin sur la question éducative et sur d’autres. C’est pourquoi il y a des combats et des utopies réalisables et c’est pour cela qu’il faut accéder aux responsabilités. y compris pour mettre en place certaines réformes radicales !

La politique peut donc encore changer les choses ?

S.R. : L’enjeu de la politique, ce n’est pas seulement de corriger les inégalités a posteriori ; c’est de prendre à la racine les raisons qui font qu’il y a une destruction des valeurs humaines. La difficulté, c’est que nous souffrons aujourd’hui d’une terrible décrédibilisation de la parole politique ! Les gens ont été trompés par l’énergie de la parole de Nicolas Sarkozy qui disait : « Vous allez voir, votez pour moi et je vais tout résoudre parce que "je suis un surhomme !". Aujourd’hui, le désespoir par rapport à ces promesses risque de décrédibiliser, si l’on n’y prend garde, toutes les formes d’exercice du pouvoir. Moi, j’exerce des responsabilités territoriales, et, comme d’autres élus socialistes, je mets en application un certain nombre de réformes radicales. J’ai, par exemple, conditionné les aides publiques aux entreprises à l’interdiction de délocaliser ou de licencier si elles font des bénéfices ... Les luttes sont utiles quand le pouvoir politique demeure aveugle, mais la politique doit anticiper les problèmes pour que les gens, au bout du rouleau, dans la souffrance, n’aient plus à subir les conséquences des conflits. Quand je vois le mouvement désespéré des pêcheurs, la misère de certaines familles, auprès desquelles j’étais récemment, je dis que l’inertie politique est coupable et que les solutions existent.

Ségolène Royal vous interpelle lorsqu’elle dit qu’on ne peut se contenter des luttes et qu’il faut participer aux responsabilités quand on veut changer le monde ...

O.B. : Pour moi, prendre nos responsabilités, c’est d’abord faire preuve de constance. Nous avons toujours pris nos responsabilités. La France n’a jamais été aussi riche, la redistribution des richesses n’a jamais été aussi inégalitaire. Etre constant, quand on a un gouvernement qui tape fort comme celui-là avec 55 réformes qui ont une cohérence, c’est de résister. Il ne faut pas avoir simplement 2012 en tête. Sarkozy et son gouvernement préparent des mauvais coups sur la protection sociale, sur le contrat de travail, sur les services publics. La question de la responsabilité, ce n’est donc pas que « pouvoir ou pas pouvoir ». Nous avons vu récemment de curieux mercatos où, à force de vouloir mettre les mains dans le cambouis, certains vont dans un gouvernement de droite même lorsqu’ils se prétendent encore de gauche ... Le problème est donc de savoir ce qu’on fait du pouvoir. ridée que je me fais d’un bouleversement révolutionnaire, c’est que la politique ne fonctionne pas sans l’irruption d’une majorité de la population. Tant qu’elle se contentera de déléguer sa représentation à d’autres pour faire à sa place on ira dans le mur ...

Vous voulez en finir avec la démocratie représentative ?

O.B. : Il faut une combinaison de la démocratie directe et du suffrage universel. Je suis pour une démocratie qui permette le contrôle.

Vous êtes pour les jurys citoyens que proposait Ségolène Royal ?

O.B. : Non, pas les jurys citoyens. Sur la révocabilité des élus, les jurys citoyens s’arrêtaient au milieu du chemin. Pour la gauche anticapitaliste, l’autre société, c’est une majorité de la population qui se partage les richesses et le pouvoir. Moi, j’ai aimé citer Louise Michel, la communarde, l’anarchiste, pendant la campagne présidentielle : « Le pouvoir donnera des vertiges tant que le pouvoir ne sera pas partagé par tous. » Nous, nous militons pour que le pouvoir soit partagé par tous. Nous ne sommes pas contre le fait de participer aux institutions en tant que telles, nous avons déjà eu des élus, régionaux, européens, élus sur la base de notre indépendance. S’il y avait la proportionnelle, il y aurait 12 ou 13 députés de la LCR. Je ne dis pas que cela changerait tout, mais cela pèserait. Ce que nous contestons, c’est l’idée que la politique, ce serait pour les institutions, et le social, pour la rue. En Mai 68, il y a eu une augmentation des salaires de 30 %. En février 1968, les patrons expliquaient qu’augmenter les revenus de 30 % était impossible. Et, en juin, ils ont dû déchanter. Pourquoi ? Parce qu’il y a eu un rapport de force.

Mai 68, c’était aussi « Elections, pièges à cons »... De ce point de vue-là, est-ce que vous rejoignez Ségolène Royal sur l’idée de démocratie participative ou est-ce que vous considérez que ce n’est qu’un dérivatif ?

O.B. : Derrière « démocratie participative », on ne met pas forcément la même chose. La première référence qui me vient à l’esprit, c’est une ville du Brésil, Porto Alegre, où l’on a instauré des conseils de quartier qui estimaient leurs propres besoins : combien d’hôpitaux il nous faut, combien de routes, combien d’écoles, etc. Mais, à ces conseillers, on ne demandait pas simplement leur avis, ils avaient le droit d’élaborer et surtout de contrôler une partie du budget municipal. L’idée du contrôle, c’est aussi la révocabilité des élus. Une partie d’une circonscription, par voie pétitionnaire, pourrait juger que le mandat n’a pas été respecté et susciter un nouveau suffrage. Même chose sur la rémunération : il n’y a pas de raison qu’un élu gagne plus d’argent que ceux qu’il est censé représenter, c’est-à-dire plus que le salaire moyen de la majorité de la population. Quatre-vingt-cinq pour cent de la population en France vivent avec moins de 2 000 € par mois et les responsables politiques gagnent beaucoup plus ...

Sur la question de la démocratie, vous avez le sentiment, Ségolène Royal, qu’il y a des ponts entre la conception d’Olivier Besancenot et celle que vous avez développée pendant la campagne présidentielle ?

S.R. : La question démocratique est la question centrale, parce que c’est la question du pouvoir. La démocratie repose sur trois piliers :

- La démocratie parlementaire, qui mériterait d’être considérablement améliorée.

- La démocratie sociale. La France est parmi les pays industrialisés les plus en retard sur cette question. Il est plus que temps qu’en France, malgré les résistances et l’obstination du Medef, on progresse dans cette voie, absolument cruciale, notamment pour lutter contre les délocalisations. On voit apparaître en plus de nouveaux prolétaires qui sont les femmes au chômage partiel, les caissières des hypermarchés. Lorsqu’elles ont fait grève, des engagements ont été pris ; le silence est retombé parce que les caissières sont isolées, leur lutte n’a jamais vraiment été prise en considération, et seulement très récemment par les organisations syndicales.

- Enfin, il y a la démocratie participative. Comment organiser la prise de parole populaire entre deux mandats ? Comment peser pour qu’entre deux élections il ait des rapports de force pour que les décisions soient plus justes ? La proposition d’Olivier Besancenot est irréaliste. Moi,je suis par exemple favorable aux actions de groupe. Cela fait très peur au Medef et au gouvernement, car, une fois les consommateurs organisés en groupe de pression, ils ne sont plus isolés. Pourtant, ce serait très efficace pour faire baisser les prix, pour mettre fin aux abus des distributeurs d’eau ou des factures Internet. Je fais ce que je dis : je préside la seule région où a été mis en place un budget participatif. Par exemple, les lycéens décident ce qu’on va faire dans leur lycée avec 10 millions d’euros. Ce ne sont pas des miettes ... A un moment donné, il faut passer des discours aux actes. Quand je fais ça dans ma région, d’une certaine façon, je suis révolutionnaire ! J’ai également mis en place des jurys citoyens. Un élu l’est pour cinq ou six ans, mais il doit rendre des comptes pendant son mandat sur la façon dont il l’exerce. Il faut instaurer un contrôle populaire au bon sens du terme, non pas un jury d’assises qui coupe des têtes ou révoque les élus, mais des ateliers citoyens qui évaluent les politiques publiques et qui, devant l’opinion publique, disent : « Là, c’est formidable, mais là, ça va dans la mauvaise direction, etc. » Ce système est une aide à la décision publique. Le jury, avec des citoyens tirés au sort qui ne sont pas des spécialistes, aide à améliorer les décisions.

Olivier Besancenot, vous avez une conception différente puisque vous considérez que les élus doivent pouvoir être révoqués en cours de mandat ...

O.B. : Oui, par voix pétitionnaire. Il y a d’autres pays qui le font. C’est dans la Constitution bolivarienne de Chavez au Venezuela. L’opposition, soutenue par les Etats-Unis, avait convoqué un référendum avec 300 000 signataires. Au lieu d’attendre quatre ans, il y a eu une nouvelle élection au bout de deux ans. Et Chavez l’a remportée.

J’entends vos discours, Ségolène Royal, sur les luttes, c’est bien, mais, en moins d’un an, il y a eu la réforme des régimes spéciaux des cheminots, la loi d’autonomie sur l’université, le nouveau traité européen, autant d’échéances concrètes où l’on aurait pu résister ensemble au moment où la droite oppose à peu près tout le monde, le public au privé, les hommes aux femmes, les Français aux immigrés, les jeunes aux anciens, tout ce nouveau prolétariat qui n’a jamais été aussi nombreux...

Ségolène Royal évoque ce "nouveau prolétariat" et prône une certaine « radicalité »...

O.B. : Au-delà des mots, parlons concrètement : comment faire là où on est, avec nos divergences, pour aider à ce qu’un front solide, massif, majoritaire réponde aux attaques d’un gouvernement qui cherche à opposer les uns aux autres. Il y a eu un bon exemple, c’était le CPE, où toute la gauche, sociale et politique, était à peu près à l’unisson. Cela a eu un impact sur l’opinion. Voilà ce qui a manqué au moment des régimes spéciaux, de la loi d’autonomie de l’université, ou aujourd’hui sur l’éducation. Au-delà des mots, nous avons expliqué depuis des années qu’il fallait légiférer de façon efficace contre les licenciements en reprenant les subventions publiques qu’on avait données aux licencieurs. C’est bien de le dire, c’est mieux de le faire ! Il faut avoir le courage de dire que c’est incompatible avec l’économie de marché. Le capitalisme, même avec sa prétendue variante sociale et écologique, est inacceptable. De nouveaux droits démocratiques pour les salariés, cela passe, concrètement, par la publication des livres de comptes, et la levée du secret bancaire, commercial et industriel pour savoir où va l’argent. Nous pouvons avoir des propositions différentes, mais il faut d’abord résister aux 55 contre-réformes libérales de Sarkozy. Pour cela, on devrait être soudés et unis dans les mobilisations. Sans mauvais jeu de mots, ça devrait être le service minimum ... Nous n’avons pas été capables de le faire depuis plus d’un an ! Je refuse le tout ou rien, l’idée selon laquelle il faudrait absolument se mettre d’accord sur tout ce qu’on propose à gauche pour résister ensemble face à la droite.

Là-dessus, Ségolène Royal, vous pensez qu’on peut bâtir une opposition cohérente à Nicolas Sarkozy sans être d’accord sur toutes les solutions alternatives ?

S.R. : En effet, je ne crois pas à ces modèles où l’avant-garde éclairée déciderait pour tout le monde du bien et du mal. Je ne connais pas de système de ce genre qui ait fonctionné. Dites-moi, si votre droit de révocation existait à Cuba, sans doute que le peuple se serait débarrassé de Fidel Castro ! Moi, je regarde à quelles conditions garantir à chacun le progrès. Dire que nous vivons dans une économie de marché, c’est dire simplement qu’il y a un droit à la créativité qu’il faut puissamment encourager. La bureaucratie étatique sécrète elle-même ses propres profiteurs qui, ensuite, n’ont qu’un objectif : garder le pouvoir et maintenir le peuple dans l’ignorance. C’est dans les libertés, au sens large, que les peuples peuvent accéder à l’éducation, à la culture, à la créativité, au travail, au droit de réussir, etc. Qu’est-ce qui fait l’identité du socialisme ? C’est que ces libertés-là ne soient pas réservées à quelques-uns, aux bien nés ou aux enfants de la nomenklatura, mais garanties à tous. Il faut arrêter de se gargariser de formules sans en tirer toutes les conséquences, vous comme nous. Par exemple, pour l’égalité des chances à l’école, il faut passer de l’égalité théorique à l’égalité réelle. De même, ily a non seulement un recul mais de nouvelles inégalités entre hommes et femmes car le nouveau prolétariat, ce sont à 80 % des travailleuses pauvres et des femmes âgées pauvres. Il y a donc toujours des combats nouveaux à mener, sur des enjeux liés à l’émancipation individuelle garantie par des politiques publiques.

Tout cela au sein de l’économie de marché puisque vous avez dit : « Le marché doit nous être aussi naturel que l’air que l’on respire » ?

S.R. : A condition que cet air ne soit pas vicié, c’est -à-dire que l’économie de marché soit fermement encadrée en amont et en aval. En amont, parce qu’il ne suffit pas de corriger a posteriori la façon dont on répartit les richesses produites, mais également la façon dont on intègre le progrès écologique et le progrès social dans le processus de production. Quand les salariés sont bien payés, correctement formés, ont la sécurité sociale professionnelle, ils sont productifs pour l’entreprise qui a, dès lors, intérêt à la transparence et à ce que la répartition du profit entre capital et travail soit discutée entre les partenaires sociaux.

Olivier Besancenot, lui, veut sortir de l’économie de marché ...

S.R. : Tous les systèmes collectivistes ont échoué et ont fait le malheur des gens. Peut-être y a-t-il un système auquel on n’a pas encore pensé ; moi, je n’en vois pas. Mais je suis impatiente de connaître le vôtre ! Je pense que les libertés de créer, d’entreprendre, d’avancer, de réussir doivent être garanties, avec des conditions pour que les richesses soient non seulement équitablement partagées, mais permettent de financer l’accès aux biens humains fondamentaux : se nourrir, se loger et se soigner correctement, s’éduquer et avoir un travail. L’économie de marché régulée permet cela, pas une bureaucratie qui déciderait du bonheur des gens malgré eux.

Vous, Olivier Besancenot, vous ne pensez pas que l’économie de marché puisse être régulée, ni en amont ni en aval ?

O.B. : Je suis impatient que Ségolène Royal m’explique où ce système existe ! Mais je n’en connais pas .

S.R. : On va le construire .

O.B. : Il y a un point commun entre les ex-sociétés bureaucratiques de l’Est ou la Chine, et l’économie de marché où le marché fait la loi, c’est le despotisme. Dans ces deux systèmes, une minorité décide pour la majorité. A l’Est, c’était une couche privilégiée qui décidait pour ses propres intérêts de nomenklatura ; dans l’économie de marché, c’est 6 ou 7%de la population qui détient plus de la majorité du patrimoine. Je suis favorable à une troisième voie. Un modèle qui n’a pas existé ou qui a existé de façon ponctuelle : bien sûr, c’est daté et ça n’a pas duré longtemps, mais c’est la preuve que la démocratie directe et le suffrage universel ne sont pas contradictoires : c’est la Commune de Paris. Une expérience où le peuple s’est partagé le pouvoir et les richesses. Qui peut croire aujourd’hui que, même dans le système capitaliste, la liberté d’entreprendre existe ? Les entreprises restent toujours entre les mains de la même minorité.

Vous rejetez toute forme de propriété privée ?

O.B. : Le capitalisme a eu ce talent de mettre dans nos esprits sur un pied d’égalité la propriété individuelle à usage personnel ou familial (la voiture, la maison de campagne, etc.) et la propriété privée des grands moyens de production. Moi, je veux que le fruit du travail de tous revienne entre les mains de tous. Et ça implique la démocratie socialiste avec la révocabilité des élus et une économie dont on anticipe la satisfaction des besoins démocratiquement. On peut me dire que c’ est de l’utopie, mais je revendique ce droit à l’utopie ! Je pense que la gauche, ces trente dernières années, a crevé de ne plus être capable de faire rêver. Dire « On va réguler ! », « On va lui donner un visage humain ... » à ce sacré capitalisme, aujourd’hui il n’y a pas que la gauche traditionnelle qui le fasse ; Sarkozy aussi fait de grandes sorties lyriques pour opposer le méchant capitalisme financier et le gentil capitalisme industriel ! Comme s’il était concevable de séparer les deux ... Je conteste l’idée qu’au nom de la modernité, on va réguler le chaos ambiant avec une pincée de sel et une pincée d’environnemental : ça ne marchera pas ! On peut promettre des réformes radicales pour demain, il ne faut pas oublier qu’au cours des vingt cinq dernières années, il y a eu quinze ans de gouvernement de gauche ! Les socialistes ont été pris dans le cadre de l’économie de marché, de ses contradictions, dans l’urgence d’une société en crise, mondialisée, financiarisée. Et ils ont fini par dire : nous n’avons plus les marges de manoeuvre pour agir. .. Le PS ne pourra pas plus concrétiser demain ces promesses radicales avec la même stratégie de régulation.

Alors, comment être efficace ?

O.B. : Je revendique un droit à l’ingérence dans l’économie privée ! Quand on accumule les exonérations de cotisations sociales, les subventions publiques et les cadeaux fiscaux, c’est l’équivalent de 160 milliards d’euros qui partent de la poche de la majorité de la population pour une minorité de la population ... S’ils sont capables de nous le prendre, nous sommes capables de le reprendre, et ça augmenterait tous les revenus de 300 € net par mois. Aujourd’hui, ceux qui sont partisans de réformes « radicales », nous les invitons à construire un nouveau parti anticapitaliste ensemble.

Donc, Ségolène Royal, vous avez assassiné l’utopie et aggravé les inégalités ...

O.B. : Je n’ai pas dit que c’était Ségolène Royal personnellement. Et, sur l’utopie, je pensais tout autant au lourd bilan de ce qui s’est passé à l’Est. Le stalinisme a discrédité durablement l’idée même qu’une autre société que le capitalisme était possible.

S.R. : C’est aussi la responsabilité de la gauche de continuer à dessiner les voies d’une utopie réalisable. Mes modèles ne sont ni Chavez, ni Castro, ni la Commune de Paris. L’utopie, nous avons à l’inventer pour les temps d’aujourd’hui. Il ne faut pas mélanger les abus insupportables du capitalisme financier - qui, d’ailleurs, commence à s’auto détruire -, avec l’économie de marché en général. Et il n’y a aucune raison de baisser les bras en pensant que ce système serait incontrôlable. Je pense que la force créatrice des entrepreneurs aujourd’hui, en France, ce sont ces entreprises de taille moyenne où se créent 80 % des emplois. Et ces entrepreneurs font partie des victimes du capitalisme financier et du CAC 40. Quand on apprend que les patrons du CAC 40 ont augmenté leurs revenus de 58 % cette année pendant que certaines PME sous-traitantes sont en grande difficulté, je considère que ces entreprises-là sont victimes du capitalisme financier. C’est une erreur de mettre tout le monde dans le même sac. Mais il y a des réformes économiques draconiennes à faire sur les aides aux entreprises. Par ailleurs, un entrepreneur ne démarre pas avec l’idée qu’il va exploiter le salarié qu’il va embaucher. Je crois qu’il y a aussi une nouvelle génération d’entreprises à inventer et à accompagner. Je veux une gauche qui encourage ces nouvelles façons d’entreprendre.

Mais que peut-on encore réguler avec le développement du néocapitalisme ?

S.R. : Le problème de ce capitalisme financier, c’est que nous avons, d’un côté, des masses d’argent qui circulent à l’échelle de la planète à la recherche du rendement le plus juteux et, de l’autre, un système bancaire qui ne protège plus les particuliers et qui ne fait pas son travail pour les entreprises. Il faut une réforme en profondeur du système bancaire. Ne faut-il pas reposer, sans hésiter, la question de la renationalisation de certaines banques ? Quand on voit l’ampleur du scandale de la Société générale et que l’on constate que la banque continue aujourd’hui comme si de rien n’était, avec le même patron, les mêmes principes, les mêmes systèmes d’emprunt qui pressurent les petits, c’est inadmissible. Quand on voit de telles banques qui s’enrichissent sur le dos des pauvres et des plus fragiles et, dans le même temps, n’assument pas leurs devoirs pour alimenter une économie créatrice d’activités et de richesses ! Je suis favorable, d’une façon ou d’une autre, à la maîtrise par les pouvoirs publics d’un tel système financier pour orienter l’épargne, non pas vers des placements spéculatifs mais vers l’investissement dans l’innovation et la recherche. C’est là que le socialisme intervient : pour mettre des règles, définir un droit du travail respecté, poser des codes éthiques dans l’entreprise et imaginer un troisième secteur économique, l’économie sociale et solidaire, qui pourrait constituer un vaste champ d’action de créativité et d’emplois. Plutôt que de fermer, il vaut mieux encourager les entreprises à être reprises par les salariés en Scoop - j’en ai 11 dans ma région parce que j’ai proposé qu’à chaque fois qu’on reprend une entreprise en Scoop il y ait une subvention proportionnelle au nombre d’emplois sauvés. Voilà de l’économie de marché régulée, encadrée, et donc encouragée !

Une économie de marché qui réfute donc désormais ce libéralisme que vous jugez désormais incompatible avec le socialisme après avoir dit l’inverse il y a quelque temps ?

S.R. : Je n’ai jamais dit l’inverse. J’ai dit que la conquête des libertés et le socialisme démocratique sont indissociables. J’ai rappelé l’affirmation de Jean Jaurès : « Le socialisme, c’est la démocratie jusqu’au bout ! ». En revanche, réhabiliter aujourd’hui le libéralisme, c’est prendre les mots et l’idéologie de l’adversaire politique. Cela sème la confusion et cela ne me semble pas judicieux.

Pour que la gauche gagne en 2012, la LCR est-elle prête à appeler à voter socialiste, voire à participer, au lendemain d’une victoire, à un gouvernement de gauche ?

O.B. : Moi, je ne suis pas obsédé par 2012. Nous contestons l’hégémonie du PS sur la gauche et nous revendiquons notre indépendance. Je me souviens d’un ministre communiste qui siégeait dans le gouvernement Jospin qui privatisait pendant que les militants communistes s’opposaient à ces privatisations dans les entreprises publiques. Moi, ce grand écart-là, je ne veux pas le faire ... D’autant plus que l’on sait que, dorénavant, François Bayrou est dans les bagages. Mais aller dans un gouvernement de gauche anticapitaliste, qui remette en cause l’économie de marché, je ne suis pas contre.

Mais ce qui m’importe, c’est la résistance dès maintenant, c’est d’être utile aujourd’hui et, dans les luttes, les socialistes sont absents.

S.R. : Les socialistes sont au combat, à l’Assemblée nationale, au Sénat. Ils ont même réussi à faire reculer, brièvement, le gouvernement sur la loi OGM. Le PS n’a pas de tentation hégémonique sur la gauche, mais il doit rassembler le plus largement possible pour bâtir une utopie réalisable.

Vouloir rassembler à la fois François Bayrou et Olivier Besancenot, ce n’est pas ça qui est utopique ?

S.R. : Lors de l’élection présidentielle, il a d’abord fallu rassembler la gauche. C’est bien ce qui s’est passé. C’est parce que la gauche était rassemblée entre les deux tours de la présidentielle que j’ai pris la responsabilité de tendre la main à François Bayrou pour battre Nicolas Sarkozy. Mais je sais que pour attirer d’autres forces vives, il faut un Parti socialiste très attractif. Je ne me satisfais pas d’un parti qui ait si peu d’adhérents. Tout le monde sera le bienvenu pour construire un autre monde. Mais si, plutôt que d’assumer les responsabilités du pouvoir, d’autres veulent rester dans les luttes, c’est leur choix et je le respecte.

O.B. : Rassurez-vous, nous ne nous résignons pas à n’être que dans les luttes. Nous voulons aussi construire un nouvel outil politique qui a vocation à être une alternative à la gauche qui se satisfait de l’économie de marché. Si vous aviez été élue présidente, votre gouvernement aurait eu une opposition politique à sa gauche qui aurait appuyé ce qui serait allé dans le bon sens et, qui, sur le restant, aurait agi suffisamment pour le faire avancer à coups de pied dans le derrière.

Propos recueillis par R.D. et N.D.


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28 mars 2008 5 28 /03 /mars /2008 13:28

Malgré sa crise d’identité et la poursuite de son déclin lors des grands choix nationaux, le PCF arrive à se stabiliser aux municipales, à de rares exceptions près.

 

 

Le PCF contrôle désormais 90 villes de plus de 9000 habitants – au lieu de 81 – et 28 villes de plus de 30 000 habitants, soit autant qu’en 2001. Il a pu faire élire 118 conseillers généraux, contre 128 précédemment. En revanche, s’il peut se targuer d’avoir conquis quelques villes, comme Dieppe, ou le conseil général de l’Allier, il perd quelques gros bastions comme Calais, Pierrefitte et Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, et, surtout, la présidence du conseil général de ce département.

Cette résistance au déclin est plus le produit de l’enracinement de certains élus et de la force du « réseau municipal » (clubs et associations diverses) que du réseau PCF. Les quelques grosses pertes sont souvent liées au discrédit de certains maires, comme à Montreuil. Sur le plan politique, la direction du PCF, contente de voir que la discipline à gauche a permis de sauver la plupart de ses élus, n’a pas voulu dramatiser l’épreuve de force imposée par le PS en Seine-Saint-Denis. De même, n’a-t-elle pas fait de l’alliance avec le Modem un casus belli. Au conseil national du PCF, sur proposition des communistes unitaires, il n’y eut que sept voix sur 70 pour proposer une rupture d’alliance là où l’accord avait été fait avec les amis de Bayrou, comme à Grenoble…

Au deuxième tour, comme le PS, le PCF, toutes tendances confondues, a refusé tout accord de fusion « technique » avec les listes présentées ou soutenues par la LCR, sauf à Le Haillan (Gironde), retrouvant ainsi des réflexes de vieux bureaucrates inquiets de se confronter à des élus plus à gauche qu’eux. Certes, nos voix les intéressaient, mais pas nos élus. Malheureusement, cette position sectaire a été aussi celle des refondateurs, dits « communistes unitaires ». Ces partisans de la « démocratie participative » et de « l’unité des forces antilibérales » ont exigé un accord politique, c’est-à-dire un engagement que nos élus votent avec eux les budgets et les grandes orientations. Bref, ils exigeaient un ralliement pur et simple. Ce chantage, comme à Choisy (Val-de-Marne) ou à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis, liste Paillard-Braouezec), a abouti à l’absence d’élus LCR et à l’exclusion de milliers d’électeurs.

Dans les Bouches-du-Rhône, la dérive a été plus grave. Avant toute décision du PCF, dix élus sur onze « communistes unitaires » ralliaient la liste de Jean-Noël Guérini, où se trouvait l’un des compagnons de Charles Pasqua, et ils acceptaient, avec l’accord de la fédération, la fusion au second tour avec le Modem. Pire, à Aubagne, dans le fief des « communistes unitaires », dont beaucoup avaient rejoint la candidature Bové, le maire communiste, Daniel Fontaine, a fait liste commune au deuxième tour avec le Modem, et il a cité, dans son journal, le soutien à peine voilé du FN (lire l'article sur Aubagne)…

De tout cela, pas un mot dans le bilan national des « communistes unitaires », si ce n’est pour rappeler qu’ils sont contre l’accord avec le Modem et pour analyser faussement les scores des listes présentées ou soutenues par la LCR : « Les bons scores de la Ligue dans les villes moyennes et grandes, majoritairement sur une ligne non unitaire [sic !], conduisaient à proposer uniquement des fusions techniques au deuxième tour, sans accord politique. » Décidément, le débat n’est pas clos, mais il doit se clarifier…

 

 

 

Alain Krivine

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