La Commission exécutive du SNRT-CGT Radio France constate qu’une nouvelle fois les délais qu’ont les syndicats pour donner
leur avis sur une négociation nationale sont ridicules et ne permettent pas à tous les adhérent-e-s de donner leur avis.
Nous apprenons avec stupeur aujourd’hui que la commission exécutive confédérale, avant même que les délais soient expirés,
aurait décidé de donner un avis favorable pour une signature de la « position commune sur la représentativité, le « développement du
dialogue social et le financement du syndicalisme ».
Qu’en est-il des délais et de la démocratie ? Serait-ce une parodie de consultation à laquelle nous sommes
appelés ?
Cependant, étant donné l’enjeu, ceux d’entre nous qui ont pu examiner les textes, et notamment la « position
commune », tiennent à transmettre leur avis à la Fédération du spectacle et à l’UD de Paris/Ile de France :
Nous ne pourrions comprendre que la CGT signe avec le MEDEF un texte qui modifierait radicalement le paysage syndical de ce
pays et donnerait des armes à tous ceux, MEDEF en première ligne, qui s’attaquent aux droits des salarié-e-s. Et nous en savons quelque chose dans l’audiovisuel public aujourd’hui… Le dialogue
social, nous connaissons…
Comment la CGT pourrait-elle participer à la suppression de la présomption irréfragable de représentativité ? (article
3). Nous avons vu notre direction, dans le cadre de la négociation d’un accord sur le « dialogue social à Radio France », vouloir y inscrire que le terme de « confédération »
s’appliquerait désormais à toutes les formes d’organisation des salariés dans l’entreprise, du moment qu’elles aient eu des représentants élus lors des dernières élections. Tous les syndicats, y
compris les catégoriels et les non confédérés, s’y sont opposés ! Chacun sentant bien que le poids des syndicats confédérés s’évanouirait le jour où les confédérations actuelles perdraient
leur absolue légitimité, donnée avant tout par des siècles de luttes ouvrières.
Les valeurs de la CGT sont sous-tendues par son histoire ! La Confédération ne peut faire un tel cadeau au
patronat !
Autre cadeau, le seuil d’audience, (article 2) : comment accepter d’affaiblir encore plus des syndicats d’entreprise
aujourd’hui reconnus parce que confédérés, qui parfois pour des circonstances conjoncturelles (départ de responsables syndicaux, cabale ou montée d’un syndicat autonome, qui d’ailleurs après
adoption de la position commune se multiplieront n’en doutons pas, etc.) s’effondrent lors d’une élection ? Qui en tirera profit ? Les salarié-e-s, nous ne le pensons
pas.
Autre cadeau, (article 10) : le fait de désigner un ou une délégué-e syndical parmi les élu-e-s du personnel ayant
recueilli au moins 10% des voix : c’est inacceptable ! C’est aux syndicats de désigner leur DS comme ils le souhaitent ! Il est impossible pour nous d’accepter cette
ingérence !
Autre cadeau, des représentants du personnel non syndiqués – dans les entreprises de moins de 200 salariés – auraient la
possibilité de signer des accords : autant signer tout de suite l’arrêt de mort des syndicats d’entreprise !
Autre cadeau, la remise en cause implicite des 35 heures ! C’est bien que ce que prévoie l’article 17 portant sur les
heures supplémentaires.
Cette question est fondamentale pour les salarié-e-s et tous les militant-e-s d’entreprise qui constatent qu’au nom de la
situation économique de l’entreprise et de la baisse du pouvoir d’achat, leur direction cherche à contourner les 35 h par tous les moyens, afin de
les mettre par terre (CET et monétisation, nouvelles organisations du travail : annualisation, modulation, forfaits…). Nous, ce que nous voulons, c’est l’augmentation des salaires de base et
le maintien de nos conventions collectives !
Autre cadeau, le développement des adhésions : en quoi cela regarde-t-il nos directions ?
Le patronat français, nous le savons, lorgne vers les syndicats de type nordique ou anglo-saxon qui développent un
syndicalisme de service et d’accompagnement.
À Radio France, les syndicats ont refusé le chèque que voulait leur remettre annuellement la direction (qui, par ailleurs,
aurait supprimé ou facturé aux syndicats ce qu’aujourd’hui elle leur octroie). Le développement des adhésions, c’est par les luttes que ça passe ! Pas par l’argent des
directions…
Autre cadeau, l’article 12-2, la piste à explorer (!) : la réservation de certains avantages conventionnels aux seuls
adhérents des organisations syndicales ! C’est pour nous contraire à nos valeurs les plus fondamentales : nous nous battons pour toutes et tous, pour faire progresser la société et les
droits des travailleurs, pas pour les privilèges de certain-e-s !
Autre cadeau, le financement du syndicalisme, l’obligation pour les syndicats de présenter des comptes certifiés annuels et
l’instauration du chèque syndical. Décidément, l’argent des syndicats intéresse beaucoup le patronat ! Madame Parisot va-t-elle signer ce texte ? Avec un peu d’humour noir, on pourrait
trouver ça amusant : la signature des responsables syndicaux à coté de celle de la présidente du MEDEF… sur les finances des syndicats ouvriers ! Pourquoi pas une signature commune sur
le financement des syndicats patronaux ?
Que de cadeaux ! Et pour quoi faire ? Quelle est la contrepartie intéressante aux yeux de notre confédération pour
mettre à bas :
- la loi de 1884 qui organisait la libre constitution et l’organisation des syndicats,
- la loi de 1950 sur la libre négociation des accords collectifs,
- le décret de 1966 sur la représentativité irréfragable des confédérations syndicales ?
Nous ne pouvons imaginer que la CGT signe avec le MEDEF un tel texte.
Cette signature contribuerait au recul de la classe ouvrière et des syndicats qui les représentent, c’est
pourquoi nous nous prononçons fermement contre.